Blé, viande, lait… Alger coupe le robinet aux produits français !

Les relations commerciales entre la France et l’Algérie subissent un revers majeur, notamment dans le secteur agroalimentaire. Les exportations françaises, autrefois florissantes, sont aujourd’hui en chute libre, conséquence directe des tensions diplomatiques persistantes entre les deux pays.

Publié : 13 février 2025 à 15h41 par La rédaction

Agriculture - blé
Crédit : André Rathgeber - Pixabay

Les tensions entre Paris et Alger ne se jouent pas seulement dans les discours politiques, elles ont des répercussions concrètes sur le commerce.

Ces derniers mois, les produits alimentaires français, qui représentaient autrefois une part significative des importations algériennes, se heurtent à des restrictions sévères. D’après L’Opinion, cette rupture a conduit à une chute drastique des exportations françaises, réduites de moitié en l’espace d’un an.

En 2022, la France fournissait encore 14% des besoins agroalimentaires de l’Algérie, représentant un marché de 1,3 milliard d’euros. Mais dès fin 2023, ce chiffre est tombé à 628 millions d’euros, et la tendance pour 2024 est encore plus inquiétante.

« Même s'il s'érodait régulièrement, le total de nos exportations agricoles vers l'Algérie s'élevait à 1,3 milliard d'euros en 2022. Fin 2023, cette somme avait été divisée par deux, à 628 millions d'euros », explique Thierry Pouch, chef économiste des Chambres d’Agriculture, dans les colonnes de L’Opinion.

Une exclusion progressive des marchés algériens

Le secteur des céréales illustre parfaitement cette rupture. Autrefois un fournisseur clé de l’Algérie, la France a vu ses volumes s’effondrer : de 5,4 millions de tonnes exportées en 2018 à seulement 608 000 tonnes en 2023. La tendance ne semble pas s’inverser, et d’ici 2025, les exportations françaises de blé vers l’Algérie pourraient être réduites à néant.

Cette exclusion progressive ne touche pas seulement les céréales. La filière bovine, un secteur important pour les échanges franco-algériens, subit le même sort. En 2022, la France exportait encore pour 167 millions d’euros de bovins vivants vers l’Algérie. Un an plus tard, ce chiffre était divisé par deux, tombant à 73 millions d’euros, et les perspectives pour 2024 sont quasiment nulles. « Viandes ou bovins vifs, plus rien ne part », constate-t-on chez Interbev, l’organisation professionnelle de la filière.

Le secteur laitier, qui avait jusqu’ici mieux résisté, est également touché. Si la France exportait encore pour 266 millions d’euros de produits laitiers vers l’Algérie en 2023, la chute a été brutale en 2024, avec une baisse de 25% des volumes entre janvier et novembre.

Un contexte politique pesant sur le commerce

Derrière cette chute vertigineuse, les raisons sont avant tout politiques. En juillet 2024, les relations entre Paris et Alger ont atteint un nouveau point de crispation avec la lettre d’Emmanuel Macron au roi du Maroc, évoquant « une autonomie sous souveraineté marocaine » du Sahara occidental. Un tournant majeur pour l’Algérie, qui a réagi en renforçant ses restrictions commerciales envers la France.

Dans une interview accordée à L’Opinion, le président algérien Abdelmadjid Tebboune a néanmoins laissé entendre qu’un dialogue restait possible, mais à condition d’obtenir des « déclarations politiques fortes » de la part du pouvoir français.

En attendant, les conséquences sont bien visibles. L’Algérie, autrefois ultra-dépendante du blé français, se tourne désormais vers de nouveaux fournisseurs. Aujourd’hui, 80% à 90% de son blé provient de la mer Noire, essentiellement de Russie. Pour faciliter cette transition, Alger a même modifié son cahier des charges, assouplissant les critères de qualité, une mesure qui a de facto exclu la France du marché.

Des barrières administratives pour entraver les importations françaises

Outre les restrictions sur les produits eux-mêmes, les industriels français doivent aussi faire face à des tracasseries administratives. « Les rapports commerciaux sont brutaux », confie un professionnel au journal L’Opinion.

Les entreprises françaises se plaignent régulièrement de blocages arbitraires. Certains certificats douaniers, indispensables pour importer des matières premières en Algérie, deviennent inaccessibles du jour au lendemain.

Les nouvelles exigences en matière de certifications halal, désormais sous le contrôle exclusif de la Grande Mosquée de Paris et des autorités algériennes, compliquent encore davantage la situation.

Des produits comme le lait, les biscuits ou encore les préparations pour bébé sont directement impactés. Un cadre réglementaire strict qui freine l’accès des entreprises françaises au marché algérien.

Un avenir incertain pour les exportations françaises

Pour les exportateurs français, la situation ne semble pas près de s’améliorer. Selon Thierry Pouch, les volumes d’exportation vers l’Algérie pourraient encore se contracter en 2025, au point de disparaître complètement pour certains secteurs.

Le commerce agroalimentaire entre la France et l’Algérie, autrefois pilier des relations économiques bilatérales, est aujourd’hui dans l’impasse. Tant que les tensions diplomatiques persisteront, les entreprises françaises risquent d’être définitivement écartées du marché algérien.