Yasmina Khadra reçoit le prix Pepe Carvalho 2025 pour l’ensemble de ses œuvres !

Écrivain de l’exil et de la mémoire, Yasmina Khadra transcende les frontières avec une plume incisive et engagée. Son talent vient d’être consacré par le prix Pepe Carvalho 2025.

Publié : 12 février 2025 à 13h17 par La rédaction

Yasmina Khadra
Crédit : Yasmina Khadra - Facebook

« Celui qui passe à côté de la plus belle histoire de sa vie n'aura que l'âge de ses regrets et tous les soupirs du monde ne sauraient bercer son âme. » Ces mots, extraits de son œuvre « Ce que le jour doit à la nuit », résonnent avec le parcours de Yasmina Khadra, un écrivain dont la vie fut marquée par les choix audacieux et les engagements littéraires profonds.

Derrière ce pseudonyme féminin se cache Mohamed Moulessehoul, un auteur algérien qui a su transformer son destin en une épopée romanesque et universelle. Ancien militaire devenu romancier, il a construit une œuvre puissante, dénonçant les injustices et explorant les tourments du monde contemporain.

Son engagement littéraire vient une nouvelle fois d’être salué avec le prestigieux prix Pepe Carvalho 2025, une distinction qui vient couronner une carrière internationale hors du commun.

Un parcours atypique : de l'armée à la littérature

Né en 1955 à Kenadsa, dans le Sahara algérien, Mohamed Moulessehoul grandit dans un environnement marqué par la guerre et l’engagement de son père dans l’ALN. Dès l’âge de neuf ans, il est envoyé dans une école militaire pour suivre une formation rigoureuse. Devenu officier, il sert pendant vingt-cinq ans dans l’armée algérienne, notamment durant la guerre civile des années 1990, où il joue un rôle clé dans la lutte contre les groupes armés.

Malgré cette carrière militaire, l’appel de l’écriture se fait sentir très tôt. À 18 ans, il termine son premier recueil de nouvelles, qui ne sera publié qu’en 1984. Mais c’est au tournant des années 1990 que son talent littéraire prend un virage décisif.

Face à la censure imposée aux écrivains algériens, il choisit l’anonymat et adopte le pseudonyme Yasmina Khadra, empruntant les prénoms de son épouse. Un choix symbolique, qui devient un hommage à celle qui l’a soutenu dans ses combats littéraires et personnels.

L’essor d’un auteur engagé

C’est en France que le grand public découvre Yasmina Khadra avec « Morituri » (1997), un polar sombre qui plonge le lecteur dans l’Algérie tourmentée des années 1990. Suivi de « Double Blanc » et « L'Automne des chimères », ce roman noir met en scène le commissaire Brahim Llob, un flic incorruptible confronté à un pays gangréné par la violence et la corruption.

Mais la plume de Yasmina Khadra ne s’arrête pas au roman policier. Il se distingue aussi par sa capacité à explorer les fractures du monde contemporain. Avec « Les Hirondelles de Kaboul », « L’Attentat » et « Les Sirènes de Bagdad », il illustre la tragédie des conflits et le choc entre Orient et Occident. Ses récits, profondément humains, trouvent un écho universel et sont traduits en 53 langues, diffusés dans 56 pays.

Son œuvre ne se limite pas à la fiction. Dans « L’Écrivain », il dévoile son parcours personnel et sa quête identitaire, levant le voile sur l’homme derrière le pseudonyme. Cette transparence ne l’empêche pas de préserver son indépendance, en refusant toute récupération politique.

Un auteur au rayonnement international

Reconnu à travers le monde, Yasmina Khadra a vu ses romans adaptés au cinéma, au théâtre et même en bande dessinée. « L’Attentat » a notamment été porté à l’écran par Ziad Doueiri, remportant plusieurs prix internationaux. Son best-seller « Ce que le jour doit à la nuit » a quant à lui été transposé au cinéma par Alexandre Arcady, captivant un large public.

Au-delà des distinctions littéraires, il est régulièrement invité dans des jurys prestigieux, à l’image du Festival du cinéma américain de Deauville en 2022. Son influence dépasse les frontières de la littérature, en faisant de lui une voix incontournable de la culture francophone.

Une nouvelle distinction : le prix Pepe Carvalho 2025

La consécration continue pour Yasmina Khadra, qui vient d’être honoré par le prix Pepe Carvalho 2025. Une récompense prestigieuse qui salue son talent et son engagement dans le roman noir.

L’auteur s’est dit fier de rejoindre un cercle d’écrivains qu’il admire : « J’ai le plaisir de vous annoncer que l’Espagne littéraire vient de m’attribuer le prix Pepe Carvalho 2025. Je suis fier de rejoindre la famille de ces grands romanciers que j’aime et que beaucoup d’entre vous connaissent et apprécient. »

Cette distinction, qui lui sera remise ce mercredi 13 février à Barcelone lors du festival Semana Negra, confirme son ancrage dans le paysage littéraire international. L’Espagne, où ses œuvres sont particulièrement appréciées, reste l’un des pays qui traduit le plus ses romans, avec pas moins de vingt titres adaptés en espagnol.

Un héritage littéraire durable

Si Yasmina Khadra a souvent été une figure captivante en raison de son passé militaire, il demeure un écrivain incontournable, dont la plume continue de questionner et de bouleverser. Son œuvre, traversée par des thématiques fortes – l’exil, la guerre, l’injustice –, est un miroir du monde contemporain.

À travers ses romans, il donne une voix à ceux que l’Histoire oublie, aux victimes des conflits et aux âmes errantes en quête de vérité. Son engagement littéraire, au-delà des honneurs et des prix, reste fidèle à une conviction profonde : celle que la littérature peut éclairer les ténèbres du monde.