Le caftan marocain entre dans l’Histoire mondiale !

Le caftan vient d’être inscrit au Patrimoine culturel immatériel de l’Humanité par l’UNESCO. Une reconnaissance mondiale qui consacre un savoir-faire séculaire et l’un des symboles les plus forts de l’identité marocaine.

Publié : 10h47 par La Rédaction

Caftan marocain
Crédit : Caftan marocain - Unesco

Un vêtement, une mémoire, une fierté ! Il suffit d’observer un caftan pour comprendre pourquoi sa nomination à New Delhi, lors de la 20ᵉ session du Comité intergouvernemental, a résonné comme un hommage national. Robe longue, sans capuche, manches élégantes, tissus nobles, broderies patientes… il incarne un art qui traverse les siècles et raconte l’histoire du Maroc autant que celle de ses artisans.

L’annonce a été accueillie comme une victoire culturelle et patrimoniale. Le Royaume avait déposé sa candidature en 2023, s’appuyant sur la reconnaissance déjà accordée en 2022 par l’ICESCO.

Aujourd’hui, l’UNESCO consacre officiellement cet héritage vivant.

Un art issu d’un long métissage

Le caftan n’est pas seulement un vêtement. C’est une archive textile.

Son parcours commence loin, en Mésopotamie, remonte aux Abbassides, s’imprègne des influences ottomanes, puis voyage jusqu’à l’Afrique du Nord. Des historiens, comme Rachida Alaoui, l’associent aussi à l’héritage andalou du XVe siècle.

Arrivé dans les cours royales sous les Saadiens, il s’impose comme tenue d’apparat avant de se diffuser dans la société. À partir du XVIIᵉ siècle, chaque région s’approprie l’art, crée ses motifs, ses couleurs, ses points de broderie. Fès, Marrakech, Rabat ou Meknès deviennent alors les grandes écoles d’un artisanat exigeant et raffiné.

Un savoir-faire transmis comme un héritage familial

L’UNESCO salue avant tout la chaîne d’artisans qui donne vie au caftan. Tisserands, brodeurs, maîtres couturiers, orfèvres : chacun possède un rôle précis, transmis souvent de génération en génération.

Ce sont ces gestes répétés, ces “sfifa” et “aakad” tressés à la main, ces ceintures “mdamma” ornées de métaux précieux, qui préservent l’âme du caftan.

L’institution souligne aussi le rôle des familles où les femmes apprennent à choisir les tissus, assortir bijoux et coiffures. Le caftan circule ainsi des mères aux filles, comme un langage intime.

Aujourd’hui, il n’est plus confiné aux salons marocains. Les podiums de haute couture le mettent en lumière grâce à des créatrices comme Meriem Belkhayat ou Samira Haddouchi, et même le cinéma l’a célébré avec Le bleu du caftan de Maryam Touzani.

Une nouvelle étape pour la sauvegarde et la valorisation du caftan

Ce choix ouvre de nouvelles perspectives. Le Comité souhaite renforcer la transmission du savoir-faire et donner davantage de visibilité aux métiers d’art. Les programmes de renforcement des capacités, les projets internationaux et les futures coopérations pourront désormais s’appuyer sur cette inscription.

Au Maroc, l’annonce relance aussi un débat essentiel : comment soutenir les jeunes artisans ? Comment préserver les filières économiques liées au textile traditionnel ?

La reconnaissance de l’UNESCO apporte une lumière mondiale.

Le caftan, un marqueur d’identité vivant

Le caftan est porté “lors d’événements sociaux et religieux importants tels que les mariages, les baptêmes, les rituels de passage à l’âge adulte et les festivals”. Une phrase qui résume sa place dans la vie marocaine : il accompagne les grandes étapes et raconte les liens familiaux.

C’est aussi “une source de revenus” pour les nombreux artisans qui le façonnent.

Il continue d’évoluer, de s’adapter, de se réinventer, sans jamais renoncer à ses racines.

Hommage à un symbole qui dépasse la couture

Le caftan ne représente pas seulement une tenue. Il symbolise la patience d’un tisserand, la mémoire des femmes, la transmission du beau, le génie populaire qui traverse les siècles.

Son entrée au Patrimoine immatériel de l’Humanité marque plus qu’une reconnaissance. C’est un hommage à un peuple, à ses mains, à son esthétique, à sa capacité de faire dialoguer tradition et modernité.