Voix emblématique de Beur FM, Djaffar At Ali Slimane s’en est allé !
Chanteur, animateur et membre fondateur de l’Académie berbère, Djaffar At Ali Slimane laisse derrière lui une œuvre intemporelle.
Publié : 28 avril 2025 à 10h04 par La rédaction
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C’est avec une grande émotion que nous avons appris ce dimanche 27 avril, la disparition de Djaffar At Ali Slimane, enfant d’Aït Hichem et figure marquante de la culture berbère. Artiste complet, ancien animateur emblématique de Beur FM et membre fondateur de l’Académie berbère (1966-1978), il s’est éteint en laissant un héritage précieux à la langue et à l’âme kabyles.
Un parcours nourri par la terre et la poésie
Né au cœur des montagnes d’Aït Hichem, Djaffar a grandi entre les bancs de l’école et les vastes champs de son village natal. Enfant, il partageait ses journées entre la conduite de ses moutons et des jeux empreints de complicité avec les enfants du village, forgeant dès lors l’imaginaire riche qui inspirera plus tard ses créations artistiques.
Très tôt, il se fabrique une flûte rudimentaire dans laquelle il souffle ses premiers rêves d’artiste. Sa sensibilité se développe également à travers la découverte de la poésie classique, traduisant notamment des fables telles que La cigale et la fourmi de Jean de La Fontaine, trouvant dans les cigales de son enfance l’écho naturel de ces vers célèbres.
De la Kabylie à Paris : l’éveil d’une vocation
Comme beaucoup de ses contemporains, il dut quitter sa terre natale, faute de débouchés professionnels, pour tenter sa chance en France. À Paris, il rencontre les grands noms de la chanson kabyle, notamment Slimane Azem. C’est dans la capitale française qu’il commence à lever le voile sur son talent, longtemps contenu par une pudeur naturelle.
Loin de céder aux chants de la lamentation, Djaffar choisit d’élever la chanson kabyle à un art vivant et coloré. Sa musique, empreinte de poésie et d’images tirées de la société traditionnelle, explore les travers humains sans jamais verser dans le moralisme.
À travers ses chansons, il brosse avec finesse les figures de l’imaginaire kabyle : le lion, le chacal, l’aigle, mais aussi des personnages du quotidien, telle la belle-mère omniprésente.
Un amour profond pour la langue berbère
Djaffar At Ali Slimane n’était pas seulement un chanteur ; il était un artisan des mots. À chaque chanson, il façonnait avec soin des images verbales précises, cherchant à magnifier sa langue maternelle. Chez lui, le verbe et la musique fusionnaient naturellement, donnant naissance à une poésie chantée d’une rare justesse.
Son œuvre enregistrée reste modeste en quantité, avec seulement quelques chansons connues. Pourtant, chacune d’elles conserve une force et une pertinence intactes, prouvant que l’essentiel n’est pas dans le nombre, mais dans la profondeur.
Un militant culturel et un homme de radio
En plus de son engagement artistique, il fut également un acteur engagé dans la reconnaissance de la culture berbère. Membre fondateur de l’Académie berbère, il a œuvré pour la préservation et la valorisation de l’identité amazighe.
Plus tard, il s’illustre aussi comme animateur sur Beur FM, contribuant par sa voix chaleureuse à diffuser la culture kabyle auprès de nouvelles générations.
Une perte immense pour la Kabylie
À travers son parcours, Djaffar At Ali Slimane a su lier son destin personnel à celui de son peuple, portant haut les couleurs de la Kabylie et de la langue amazighe. Sa disparition laisse un vide immense dans le cœur de ceux qui l’ont connu et admiré.