Une ingénieure marocaine licenciée par Microsoft pour avoir critiqué publiquement l’implication de l’entreprise à Gaza !
L’ingénieure marocaine Ibtihal Aboussad licenciée par Microsoft après sa prise de parole contre l’implication de l’entreprise dans le conflit à Gaza.
Publié : 9 avril 2025 à 20h08 par La rédaction
/medias/AeWr17FGuu/image/Ibtihal_Aboussad1744222035132-format16by9.webp)
Ibtihal Aboussad, ingénieure en intelligence artificielle d’origine marocaine basée au Canada, a été licenciée par Microsoft après avoir publiquement critiqué l’implication de l’entreprise dans des programmes de l’armée israélienne.
Son intervention, survenue lors de la célébration du 50ᵉ anniversaire du groupe à Redmond, dans l’État de Washington, a été à la fois saluée sur les réseaux sociaux et fermement sanctionnée en interne.
Une prise de parole audacieuse
Le 4 avril dernier, alors que les dirigeants de Microsoft présentaient les avancées de leur assistant IA, Copilot, Ibtihal Aboussad a interrompu la cérémonie en s’adressant directement au PDG de Microsoft AI, Mustafa Suleyman.
S’exprimant avec force, elle lui a lancé : « Moustapha, honte à vous ! [...] Microsoft fournit des technologies à l’armée israélienne. Cinquante mille personnes ont péri, et Microsoft alimente ce génocide dans notre région ! ». Avant d’être escortée hors de la salle, elle a jeté un keffieh sur la scène.
Sanction immédiate de la direction
Quelques jours plus tard, l’ingénieure a été convoquée en visioconférence par les ressources humaines pour y apprendre la rupture immédiate de son contrat.
Dans un échange révélé par la chaîne CNBC, Microsoft justifie cette décision en évoquant une « faute intentionnelle » et des « propos hostiles et infondés ». Selon Associated Press, l’entreprise n’a pas souhaité s’étendre davantage sur les motifs, insistant toutefois sur sa volonté de maintenir un espace professionnel « respectueux ».
Réactions et mobilisation en ligne
La réaction de Microsoft a déclenché une vague de soutien en ligne. Sur les réseaux sociaux, le hashtag #ReinstateIbtihal s’est rapidement propagé, accompagné d’une pétition demandant la réintégration de l’ingénieure et la réactivation de son compte LinkedIn, suspendu depuis sa prise de parole.
Les signataires dénoncent une tentative de faire taire une voix dissidente, alors que cette dernière ne faisait qu’exercer sa liberté d’expression. « La réduire au silence parce qu’elle défend les droits humains constitue un dangereux précédent », peut-on lire dans le texte de la pétition.
Une dénonciation fondée sur des enquêtes indépendantes
Les propos d’Ibtihal Aboussad trouvent un écho dans plusieurs investigations journalistiques. En février, Associated Press révélait que les outils d’intelligence artificielle développés par Microsoft et OpenAI avaient été utilisés pour guider des frappes militaires israéliennes à Gaza et au Liban.
Le journal israélien +972 Magazine avait également documenté, en janvier, l’implication directe de Microsoft dans les infrastructures militaires d’Israël. Des documents internes du ministère israélien de la Défense mentionnaient la firme comme partenaire de plusieurs projets sensibles.
« Ma peur du silence dépasse celle de perdre mon emploi »
Consciente des risques qu’impliquait son geste, Ibtihal Aboussad a assumé publiquement son choix. « Ils pourraient m’attaquer pour mes propos, mais ma peur des représailles n’est rien, comparée à ma peur de contribuer aux technologies utilisées pour bombarder des innocents », a-t-elle confié à l’agence EFE.
Dans un message adressé à ses collègues, elle dénonce également le climat pesant au sein de l’entreprise : « Notre communauté arabe, palestinienne et musulmane chez Microsoft est réduite au silence depuis un an et demi. [...] Deux employés ont été licenciés pour avoir simplement organisé une veillée. »
Un débat plus large sur l’éthique technologique
L’affaire soulève de nouvelles questions sur la responsabilité des géants de la tech dans les conflits armés. Peut-on ignorer l’usage final des technologies développées dans un cadre civil ?
Microsoft, déjà pointée du doigt pour ses contrats militaires, affirme offrir des « espaces de dialogue » en interne. Mais pour les défenseurs d’Ibtihal Aboussad, cette posture ne suffit pas. Selon eux, l’entreprise devrait garantir à ses employés le droit d’exprimer des objections éthiques sans crainte de représailles.
Une voix qui dérange, mais qui résonne
Loin de regretter son action, Ibtihal Aboussad entend continuer à porter ce combat. « J’ai parlé, pleinement consciente des conséquences possibles. Mais oui, ma peur de contribuer au génocide à Gaza est bien plus grande », affirme-t-elle.
Malgré son licenciement et la suppression de ses canaux de communication, elle reste une figure forte de la mobilisation contre la normalisation de la technologie au service des conflits armés.