Une exposition et un festival de cinéma pour raconter et défendre une histoire en péril à Gaza et en Palestine !

À Paris, une exposition archéologique inédite à l’Institut du monde arabe et le Festival Ciné-Palestine rendent hommage à la mémoire, à la culture et à la résistance du peuple palestinien.

Publié : 21 mai 2025 à 16h15 par La rédaction

Trésors sauvés de Gaza (IMA)
Détail d'une mosaïque byzantine, site de Jabaliya
Crédit : DR

Alors que la guerre continue de ravager Gaza, que les destructions effacent les traces du passé et compromettent l’avenir, Paris devient le théâtre d’un double hommage vibrant à l’histoire, à la culture et à la résilience du peuple palestinien.

L’Institut du monde arabe (IMA) présente une exposition archéologique inédite, pendant que le festival du cinéma palestinien célèbre, dans les salles d’Île-de-France, les récits d’une terre blessée mais debout.

Gaza, trésor menacé : l’histoire millénaire exposée à l’IMA

Fruit d’un partenariat entre l’IMA, le musée d’Art et d’Histoire de Genève et le ministère du Tourisme et des Antiquités de Palestine, l’exposition « Trésors sauvés de Gaza – 5 000 ans d’histoire » propose, du 3 avril au 2 novembre 2025, un voyage exceptionnel dans le passé de l’enclave palestinienne. 130 pièces, soigneusement sélectionnées dans une collection de 529 œuvres restées bloquées en Suisse depuis 2007, y sont exposées.

Ces objets — amphores, mosaïques, figurines, stèles, lampes à huile — datent de l’âge du bronze jusqu’à la période ottomane. Ils racontent l’histoire d’une terre stratégiquement située entre Orient et Méditerranée, convoitée, commerçante, foisonnante. « Rien n’est pire que l’abandon et l’oubli. Cette exposition, que je qualifierai de salut public, rend hommage à Gaza, vibrante et merveilleusement jeune », souligne Jack Lang, président de l’IMA.

Aux côtés des pièces archéologiques, le visiteur découvre une section poignante consacrée aux ravages récents. Cartes de bombardements, images satellites analysées par l’UNESCO, photos d’archives et relevés de terrains témoignent de l’effacement progressif du bâti, du patrimoine et de la mémoire. Au 25 mars 2025, 94 sites culturels sont endommagés ou détruits à Gaza. Plus des deux tiers de la ville sont en ruines.

Du 29 mai au 8 juin 2025 : le cinéma palestinien prend la parole

En parallèle, le Festival Ciné-Palestine prend ses quartiers à Paris et en Île-de-France, avec une programmation engagée et courageuse. Le titre de cette 11ème édition, « Permission de narrer », rend hommage au texte fondateur d’Edward Said, « Permission to Narrate » (1984), qui posait déjà la question centrale de l’effacement des récits palestiniens. 31 ans plus tard, alors que les images les plus violentes peinent à ébranler l’opinion, la réappropriation du récit devient une forme de résistance.

C’est ce que montrent les réalisateurs et réalisatrices programmés cette année, à travers des œuvres hybrides, documentaires, expérimentales ou fictionnelles. La soirée d’ouverture, le 29 mai au Luminor Hôtel de Ville, propose une série de films explorant les archives, les images populaires et les luttes : Some Strings, Morts pour la Palestine ou encore les Vidéotracts pour la Palestine. La diversité formelle reflète celle des voix, entre exil et enracinement.

Projections, concours et rencontres : une Palestine vivante

Le festival propose également une compétition de courts-métrages, des séances pour enfants, des projections en banlieue et des rencontres avec les artistes. Des œuvres comme The Diary of a Sky, LYD ou Songe résonnent avec force, mettant en lumière l’impact humain, intime, de la guerre, mais aussi la dignité et la créativité du peuple palestinien.

La journée du 7 juin, marquée par la programmation Queer Cinema for Palestine, aborde également les formes croisées d’oppression et d’engagement. Le cinéma devient ici l’espace d’une parole multiple, inclusive, politique.

L’affiche de cette édition est signée par le graphiste franco-libanais Naji El Mir, dont l’univers mêle poésie visuelle, engagement et exploration des identités diasporiques. Un geste fort dans un contexte où les images ont parfois plus de pouvoir que les discours.

Quand l’art devient acte politique

Ces deux événements, l’un muséal, l’autre cinématographique, participent d’une même urgence : rendre visibles ce qui est menacé d’effacement, faire entendre ce que l’on voudrait taire. Alors que la guerre abîme les pierres et les corps, que les médias dominants peinent à relayer la complexité de la situation, le patrimoine et le cinéma prennent le relais du témoignage.

« Il est temps que Gaza soit racontée autrement », rappellent les organisateurs. Non plus seulement comme une zone de conflit, mais comme un foyer de culture, de transmission, d’humanité. Exposer une mosaïque, projeter un film, écouter un récit : autant de gestes simples, mais profondément politiques, face à la tentative de négation.

Informations pratiques

  • Exposition Trésors sauvés de Gaza
  • Du 3 avril au 2 novembre 2025 à l'Institut du monde arabe (IMA), Paris
  • Pour plus d’informations, cliquez ici !

  • Festival Ciné-Palestine
  • Du 29 mai au 8 juin 2025
  • Projections dans plusieurs cinémas parisiens et franciliens (Luminor, Le Luxy, Le Kosmos, etc.)
  • Entrée libre pour certaines séances et rencontres
  • Pour plus d’informations, cliquez ici !

Parce que raconter est déjà un acte de résistance.