Une "carte vitale de l’alimentation" de 150 euros par mois pourrait voir le jour !
Les Écologistes proposent une carte vitale alimentaire de 150 euros par mois pour tous.
Publié : 19 février 2025 à 15h59 par La rédaction
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Les Écologistes entendent révolutionner l’accès à l’alimentation en France. L’Assemblée nationale examinera ce jeudi 20 février, une proposition de loi visant à instaurer à titre expérimental une « carte vitale de l’alimentation », créditée de 150 euros par mois pour chaque citoyen. Cette initiative ambitieuse, portée par le député Charles Fournier et soutenue par Boris Tavernier, vise à établir « une sécurité sociale alimentaire pour tous », inspirée du modèle de la Sécurité sociale existant pour la santé.
Une carte vitale alimentaire pour tous : comment ça fonctionne ?
La proposition prévoit qu’une carte vitale dédiée à l’alimentation soit créée et créditée mensuellement de 150 euros. « Ce serait 150 euros par mois pour tout le monde », a expliqué Boris Tavernier lors d’une conférence de presse à Paris. Cette somme pourrait être dépensée dans des lieux « conventionnés démocratiquement », comme des marchés locaux, épiceries spécialisées ou magasins bios, où seuls des produits sains et locaux seraient éligibles.
L’objectif est double : permettre à chaque citoyen de choisir ce qu’il met dans son assiette tout en soutenant les agriculteurs locaux. Ces derniers bénéficieraient d’une meilleure rémunération grâce à un système qui privilégie les circuits courts et la qualité des produits.
Un droit fondamental à l’alimentation
Les Écologistes souhaitent inscrire le droit à l’alimentation dans la Constitution française, imposant ainsi à l’État de garantir cet accès à tous. « C’est un droit fondamental », a affirmé la sénatrice Raymonde Poncet Monge, qui milite pour cette reconnaissance juridique depuis mai 2024.
Selon une étude du Crédoc de 2023, une personne sur six en France ne mange pas à sa faim. Ce constat alarmant alimente le débat autour de la précarité alimentaire, et la carte vitale alimentaire se veut une réponse structurelle à cette crise. En offrant 150 euros mensuels à chaque citoyen, cette mesure vise à rompre la dépendance des plus précaires aux associations caritatives et à redonner de la dignité aux bénéficiaires.
Un financement partagé et un coût qui fait débat
Le coût annuel estimé de cette sécurité sociale alimentaire s’élève à 120 milliards d’euros. Ce montant conséquent serait financé à hauteur de 50 % par des fonds publics, 25% par les collectivités territoriales et les 25% restants par une cotisation citoyenne volontaire. « C’est un système qui repose sur la solidarité nationale, tout comme la Sécurité sociale créée en 1946 », a souligné Charles Fournier.
Mais cette estimation fait grincer des dents. Les détracteurs pointent le poids supplémentaire que représenterait ce dispositif sur les finances publiques, déjà fragilisées par les dépenses sociales. Pour les plus sceptiques, la mise en place d’une nouvelle cotisation salariale pourrait être difficilement acceptable. « L’heure d’une véritable sécurité sociale de l’alimentation n’est peut-être pas encore venue », reconnaît Charles Fournier, qui insiste néanmoins sur l'importance d'un débat parlementaire de qualité pour explorer toutes les possibilités.
Un projet aux multiples enjeux
Au-delà de la lutte contre la précarité alimentaire, ce projet vise aussi à promouvoir une alimentation plus saine et durable. En conventionnant uniquement des produits bons pour la santé, le dispositif espère réduire les dépenses de santé liées à la malbouffe, estimées à près de 18 milliards d’euros par an entre l’obésité et le diabète. « L’idée est de faire un transfert de dépenses déjà existantes », explique Charles Fournier.
De plus, la carte vitale alimentaire soutiendrait les agriculteurs en assurant une rémunération plus juste et en favorisant les circuits courts. « C’est un levier pour transformer notre système alimentaire tout en respectant la planète », affirme Boris Tavernier.