Tunisie : l’avocate Sonia Dahmani risque 20 ans de prison supplémentaires !
Un an après son arrestation, Sonia Dahmani risque jusqu’à 20 ans de prison supplémentaires selon son avocat.
Publié : 14 mai 2025 à 10h51 par La rédaction
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Après plus d’un an de l’arrestation de Sonia Dahmani, son équipe de défense a tenu une conférence de presse au bureau du Barreau de Tunis, lundi 12 mai 2025. Objectif : faire le point sur la situation judiciaire de leur cliente, avocate et chroniqueuse, toujours détenue et désormais exposée à de lourdes peines. Selon Maître Sami Ben Ghazi, membre du collectif, Sonia Dahmani encourt jusqu’à 20 années de prison supplémentaires.
Cinq procédures en vertu du décret-loi 54
Devant les journalistes, Maître Ben Ghazi a rappelé que cinq affaires ont été ouvertes contre Sonia Dahmani sur la base du décret-loi n° 54, relatif à la lutte contre les infractions liées aux systèmes d’information et de communication. « Deux jugements ont déjà été rendus, avec une condamnation cumulée de deux ans et deux mois de prison », a-t-il précisé. Ce sont ces peines qu'elle purge actuellement.
Trois autres dossiers sont encore pendants. Ils naviguent entre les bureaux des juges d’instruction et la chambre d’accusation. L’avocat n’a pas manqué de s’interroger sur la multiplication de ces poursuites et sur le caractère potentiellement répressif de cette procédure. « On peut se demander s’il ne s’agit pas là d’un véritable harcèlement judiciaire », a-t-il lâché, laissant entendre que la justice pourrait être instrumentalisée à des fins politiques.
Des déclarations devenues charges
Sonia Dahmani a été interpellée le 11 mai 2024, après avoir exprimé dans les médias des critiques à l’encontre des conditions de détention et de la politique migratoire du pays. C’est sur la base de ces déclarations publiques qu’elle est aujourd’hui poursuivie, notamment au titre de l’article 24 du décret-loi 54, qui sanctionne sévèrement la diffusion de propos jugés faux ou attentatoires à l’ordre public, y compris sur internet ou via les médias.
Une affaire symptomatique
Pour ses défenseurs, la situation de Sonia Dahmani dépasse son cas personnel. Elle reflète, selon eux, un climat de plus en plus hostile à la liberté d’expression et aux voix critiques en Tunisie. « Ce que vit Sonia Dahmani aujourd’hui n’est pas isolé », a martelé Maître Ben Ghazi, qui dénonce une pression croissante sur les avocats, les journalistes et les militants des droits humains.
À noter que Sonia Dahmani a déjà effectué une peine de prison d’un an dans l’affaire dite « Heyla leblad », une autre poursuite judiciaire liée à ses prises de position publiques.
Un signal d’alerte
L’intervention du collectif de défense a pour but d’alerter l’opinion publique, nationale et internationale, sur l’évolution préoccupante du cadre légal en Tunisie. Le décret-loi 54, initialement présenté comme un outil contre la cybercriminalité, est de plus en plus pointé du doigt pour ses dérives. Plusieurs ONG ont déjà appelé à sa révision, voire à son abrogation, rappelant les risques qu’il fait peser sur les libertés fondamentales.
Alors que Sonia Dahmani reste incarcérée, ses avocats affirment poursuivre leur combat judiciaire et appellent les autorités à cesser ce qu’ils qualifient de « persécution ».