Tué par un militant d’ultradroite à Dunkerque, la justice ne retient pas la circonstance aggravante de racisme dans le meurtre de Djamel Bendjaballah !
Fauché volontairement par un militant d’ultradroite en août 2024, près de Dunkerque, Djamel Bendjaballah avait pourtant alerté les autorités sur les menaces dont il était victime.
Publié : 11 février 2025 à 10h02 par La rédaction
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Cet éducateur, d’origine algérienne, a été tué le 31 août 2024, à Cappelle-la-Grande, près de Dunkerque, après avoir été percuté à deux reprises par Jérôme D., un militant d’extrême droite.
Alors que la justice a ouvert une enquête pour « homicide volontaire », elle ne retient pas, pour l’instant, la circonstance aggravante de racisme, malgré les multiples plaintes déposées par la victime avant sa mort.
Ses proches réclament une requalification du meurtre en crime raciste. Ils ont notamment manifesté devant le tribunal judiciaire de Dunkerque le 17 janvier dernier et ont lancé une pétition destinée à la Procureure de la République de Dunkerque.
Un crime prémédité ?
Ce soir-là, Jérôme D., au volant de sa Chrysler, percute Djamel une première fois avant de faire descendre ses enfants du véhicule, de faire demi-tour et de foncer à nouveau sur lui. La violence du choc projette le corps de la victime sur le toit de la voiture.
Plus tard, l’agresseur déclarera aux policiers qu’il a « roulé sur quelque chose ». Il finit par appeler les secours, affirmant : « Je crois que j’ai tué quelqu’un. »
Dans son coffre, les enquêteurs découvrent une machette, un drapeau français et une pochette portant l’inscription « Brigade française patriote – Se préparer à résister », contenant dix-sept cartouches de calibre 38.
Une perquisition à son domicile révèle un véritable arsenal : une dizaine d’armes à feu, des grenades et de grandes quantités de munitions, alors même qu’il ne possède aucun permis de port d’armes.
Un harcèlement raciste ignoré ?
Depuis plusieurs années, Djamel Bendjaballah subissait des menaces et des insultes racistes de la part de Jérôme D., qui l’accusait de lui avoir « volé » son ex-compagne, Véronique. Selon ses proches, l’homme entretenait une haine obsessionnelle envers lui.
Djamel avait porté plainte à quatre reprises pour « injures racistes » et « harcèlement », signalant que son agresseur l’appelait « bougnoule » et « Sarrasin ». Il avait même reçu un cochon en peluche et un saucisson barré du mot « Hallal ».
Malgré ces signalements, le parquet de Dunkerque a classé les plaintes sans suite, invoquant la prescription des faits.
Un déni judiciaire ?
L’enquête judiciaire en cours ne considère pas, pour le moment, le caractère raciste du crime. Pour Me Alexandre Demeyere-Honoré, avocat de la mère de Djamel, ce choix est incompréhensible : « Jérôme D. doit être jugé pour ce qu’il est : un raciste. Cela changerait tout, passant d’une peine encourue de trente ans de réclusion à la perpétuité. »
Les proches de Djamel dénoncent une inaction des autorités face aux signaux d’alerte. « Sa dernière plainte aurait dû allumer tous les voyants au rouge », s’indigne Morad, son meilleur ami.
Un contexte alarmant
Ce drame s’inscrit dans un climat de radicalisation croissante de l’extrême droite en France. Selon le ministère de l’Intérieur, les actes racistes et antisémites ont augmenté de 32% en 2023, avec 15 000 infractions recensées. Mais ces chiffres ne reflètent qu’une partie de la réalité : seules 4% des victimes de violences racistes portent plainte.
Un combat pour la reconnaissance du crime raciste
La famille de Djamel refuse de voir ce meurtre réduit à un simple « fait divers ». Sa mère, Zohra, exige que la justice reconnaisse le caractère raciste du crime et enquête sur le réseau dans lequel évoluait Jérôme D. "Ce n’est pas juste un accident, c’est un assassinat motivé par la haine", affirme-t-elle.