Travailleurs étrangers : à peine publiée, la nouvelle liste des métiers en tension est déjà contestée par les professionnels !

Publiée région par région, la nouvelle liste des métiers en tension 2025 permet aux travailleurs étrangers d'accéder à un titre de séjour, mais suscite incompréhension et frustration chez de nombreux professionnels.

Publié : 23 mai 2025 à 16h08 par La rédaction

Travail - étrangers - bâtiment - BTP
Crédit : Skibka - Pixabay

Le gouvernement a dévoilé une nouvelle version de la liste des métiers en tension, mise à jour au Journal officiel. Destinée à répondre aux difficultés de recrutement persistantes dans certains secteurs, cette liste recense les professions qui permettent aux travailleurs étrangers d’obtenir plus facilement un titre de séjour en France. Mais cette actualisation ne fait pas l’unanimité.

Des absents de taille dans la nouvelle liste

Parmi les professions oubliées, les boulangers crient à l’injustice. Même frustration dans l’hôtellerie-restauration. Laurent Barthélémy, président de la branche saisonnière à l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (UMIH), pointe les incohérences régionales : « On ne comprend pas pourquoi les serveurs en Île-de-France, en Corse ou en Bretagne ne figurent pas parmi les métiers en tension. » Il s’interroge aussi sur la méthode employée : « Toutes les offres d’emploi ne sont pas intégrées chez France Travail. Alors sur quoi s’appuie cette liste ? »

Un cadre réglementaire strict

Le ministère du Travail, à l’origine de cette publication, se défend. Il rappelle que les professions listées doivent répondre à deux critères : un fort niveau de tension dans les recrutements et une présence significative de travailleurs étrangers non communautaires dans la profession, supérieure à la moyenne nationale. Par ailleurs, ces critères sont analysés au niveau régional, ce qui peut expliquer certaines disparités.

L’enjeu est important. Pour les métiers recensés, un employeur n’a plus besoin de publier d’offre préalable pour embaucher un travailleur hors Union européenne. De plus, les salariés en situation irrégulière mais occupant un emploi en tension peuvent déposer une demande de régularisation à titre exceptionnel, sous certaines conditions : au moins trois ans de résidence en France, et douze mois de bulletins de salaire sur les deux dernières années.

Toutefois, comme le rappelle le ministère, la régularisation reste une possibilité, pas un droit. La délivrance du titre de séjour dépend toujours de l’appréciation du préfet.

Une liste évolutive, mais contestée

Cette liste, actualisée annuellement depuis sa création en 2021, s’inscrit dans le cadre de la loi du 26 janvier 2024 sur l’immigration et l’intégration. Elle doit permettre une meilleure adaptation des politiques d’emploi à la réalité du marché du travail.

Parmi les métiers identifiés cette année figurent les ouvriers du BTP, les aides à domicile, les aides de cuisine, les maraîchers, les employés de maison ou encore les personnels de ménage. Mais cette sélection, bien que construite en concertation avec les partenaires sociaux, laisse de côté des secteurs qui peinent pourtant à recruter.

Vers une révision plus fréquente ?

Face aux critiques, certains acteurs du monde professionnel demandent que la liste soit ajustée plus régulièrement ou que les critères soient élargis. L’objectif serait de mieux refléter les besoins réels des entreprises, qui évoluent rapidement selon les régions et les périodes de l’année.