Tensions France-Algérie : l’Algérie dénonce une suspension unilatérale par la France !

Alger déplore la méthode française et annonce des mesures de réciprocité, après ce qu'elle considère comme une violation flagrante de l’accord bilatéral de 2013 sur l’exemption de visas pour les détenteurs de passeports diplomatiques et de service.

Publié : 20 mai 2025 à 15h18 par La rédaction

France - Algérie
Crédit : D.R.

Le ton est ferme. L’Algérie fait part de son « grand étonnement » face à l’évolution récente du discours français autour de la question des visas, en particulier l’exemption pour les détenteurs de passeports diplomatiques et de service.

Selon Alger, les autorités françaises auraient opté pour une méthode pour le moins discutable : faire fuiter les décisions dans certains médias, soigneusement choisis, plutôt que de respecter les canaux diplomatiques traditionnels.

Cette manière de procéder est vivement critiquée. Le gouvernement algérien évoque dans son communiqué une « pratique curieuse et douteuse » orchestrée par le ministère français de l’Intérieur et la Direction générale de la police. Aucune notification officielle n’aurait été transmise par voie diplomatique, contrairement aux règles internationales et aux engagements bilatéraux.

L’accord de 2013 ignoré ?

L'accord visé, signé en 2013, organise justement cette exemption de visas pour les détenteurs de passeports diplomatiques et de service entre les deux pays. Mais selon Alger, cet accord est aujourd’hui tout simplement ignoré par Paris. Le point de rupture ? L’absence de communication formelle.

« Jusqu'à ce jour […] l'Algérie n'a été rendue destinataire d'aucune notification officielle française par le seul et unique canal qui vaille dans les relations entre États », déplore le gouvernement, en citant notamment la violation de l’article 8 de l’accord en question.

Le chargé d’affaires de l’ambassade de France à Alger, convoqué à quatre reprises, n’aurait donné aucune explication satisfaisante. À chaque fois, il aurait déclaré ne disposer d’aucune instruction de la part du ministère des Affaires étrangères.

L’Algérie rejette les accusations françaises

Face à certaines déclarations relayées côté français, accusant l’Algérie d’avoir été à l’origine de la rupture, le gouvernement algérien tient à faire une mise au point claire. « Le Gouvernement algérien rejette, comme étant foncièrement une inexactitude et une contre-vérité, l’allégation française selon laquelle c’est l’Algérie qui aurait été la première à manquer à ses obligations au titre de l’Accord de 2013. »

Il rappelle au passage que ce sont les autorités françaises qui ont proposé à plusieurs reprises, depuis 1986, l’idée d’une exemption de visas pour les détenteurs de passeports diplomatiques. À l’époque, Alger avait refusé, avant d’accepter finalement, bien plus tard, sous certaines conditions. Le dernier accord, conclu en 2013, est lui aussi issu d’une initiative française, souligne la partie algérienne.

Réaction attendue et réciprocité assumée

Pour Alger, les faits parlent d’eux-mêmes : « Il apparaît dans la pratique que le Gouvernement français tend vers le gel ou la suspension de l'Accord de 2013 », mais sans jamais l’admettre officiellement. Et cela, insiste le communiqué, « au mépris des dispositions pertinentes dudit Accord ».