Santé : 300 praticiens étrangers exerçant en France entament une grève de la faim !
Face aux promesses non tenues du gouvernement, 300 praticiens diplômés hors de l’Union européenne entament une grève de la faim pour réclamer leur régularisation.
Publié : 5 mars 2025 à 16h52 par La rédaction
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Ils soignent les Français, mais en retour, ils vivent dans une précarité inacceptable. Depuis ce mercredi 5 mars, 300 médecins, chirurgiens-dentistes, pharmaciens et sages-femmes diplômés hors de l’Union européenne (Padhue) ont cessé de s’alimenter.
Ce mouvement de protestation doit durer 3 jours, avant une manifestation prévue samedi 8 mars devant le ministère de la Santé. Leur revendication est simple : obtenir la régularisation promise par Emmanuel Macron et Gabriel Attal en janvier 2024 afin de lutter contre la pénurie de soignants dans les hôpitaux en France.
Ces professionnels, au nombre de 5 000 en France, occupent pourtant des postes cruciaux, en particulier dans des services en tension comme les urgences, la psychiatrie, la gériatrie ou encore la chirurgie viscérale. Mais faute de reconnaissance officielle, ils travaillent sous des statuts précaires et mal rémunérés.
Le témoignage poignant de Leïla sur Beur FM
Combien de sacrifices faut-il pour simplement exercer son métier ? Leïla, sage-femme et auditrice de Beur FM, a livré un témoignage bouleversant ce matin dans la matinale. « Je voulais juste dire merci et bravo pour la manière dont vous avez présenté le problème. Vous vivez la situation telle qu’elle est », a-t-elle d’abord salué, avant de raconter son propre parcours du combattant.
« Pendant plus de dix ans, j’ai connu cette galère. Même après l’obtention de mon diplôme, j’ai été discriminée. On me l’a dit en face : 'On ne vous prend pas'. J’ai fini par me diriger vers l’intérim pour prouver que j’avais les compétences », confie-t-elle avec émotion.
Aujourd’hui, elle exerce enfin en libéral et voit son agenda se remplir en quelques secondes. Mais elle insiste : « À ces médecins qui se battent, ne baissez pas les bras. Continuez le combat, vous allez y arriver ! »
Une situation de précarité insoutenable
Pour ces soignants étrangers, l’accès à une carrière stable passe par la réussite des Épreuves de vérification des connaissances (EVC), première étape avant un parcours de consolidation de compétences de deux ans. Mais cette année, un fait inédit a mis à mal leurs espoirs : 20% des places qui devaient être attribuées ne l’ont pas été.
« Il y a eu des gens recalés alors qu’ils avaient obtenu plus que la moyenne », s’indigne Abdelhalim Bensaïdi, diabétologue à l’hôpital de Nanterre depuis plus de six ans. « C’est une décision arbitraire », accuse-t-il au micro de France Inter.
Pire encore, 700 postes ont été supprimés en janvier 2024, condamnant de nombreux praticiens à rester dans une précarité inacceptable. « On exerce et on tient à bout de bras les hôpitaux depuis des années. Le président de la République avait promis de nous sortir de cette situation. Ce n’étaient que des promesses, nous n’avons rien eu », dénonce le Dr Bensaïdi.
Une réalité alarmante dans les hôpitaux
Essentiels pour combler les manques dans le système de santé, ces praticiens étrangers sont particulièrement présents en Île-de-France. Selon l’Ordre national des médecins, 38% des soignants franciliens inscrits sont d’anciens Padhue.
Dans l’attente de leur régularisation, ils exercent avec un statut d’étudiant interne, avec des contrats renouvelés chaque année et des salaires dérisoires, souvent entre 1 400 et 2 000 euros par mois. Pourtant, leurs responsabilités sont souvent équivalentes à celles des médecins seniors.
Un système de sélection contesté
Les syndicats dénoncent un concours biaisé, où même ceux qui obtiennent la moyenne peuvent être recalés. « C’est une machine à broyer », déplore Éric Tron de Bouchony, du collectif Médecins de l’Union fédérale médecins, ingénieurs, cadres, techniciens (UFMICT) CGT.
« L’État profite de leur travail mais refuse de leur accorder un statut digne », accuse-t-il. Une situation d’autant plus incohérente que, dans le même temps, la France continue à recruter des soignants étrangers. « On est considéré comme une main-d’œuvre pas chère », regrette le Dr Bensaïdi.
Un bras de fer avec le ministère de la Santé
Les organisations syndicales ont engagé une bataille juridique contre ces suppressions de postes, déposant des recours devant le tribunal administratif et le Conseil d’État. Une dernière réunion de négociation a eu lieu au ministère de la Santé mardi 4 mars.
Mais face à l’absence de réponse concrète, les Padhue passent à l’action : Une grève de la faim dès ce mercredi 5 mars et une manifestation les 8 et 9 mars devant le ministère de la Santé
Leur demande est claire : le rétablissement des 700 postes supprimés et l’accès immédiat au parcours de consolidation pour ceux qui ont obtenu la moyenne aux EVC.
Jusqu’où devront-ils aller pour se faire entendre ?
Ces soignants étrangers jouent un rôle crucial dans le système de santé français, mais sont laissés dans une insécurité administrative et financière inacceptable. Alors que les besoins en personnel médical ne cessent d’augmenter, leur combat soulève une question essentielle : combien de temps encore le gouvernement ignorera-t-il leur détresse ?