[BOOK CLUB] Sélection des livres de la rentrée

16 septembre 2020 à 14h48 par Manuel Mariani

Pour une rentrée au top de la lecture et de la culture, Philippe Robichon partage avec vous sa sélection de livres à poser sans attendre sur sa table de nuit.

BEUR FM

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La discrétion, de Faïza Guène

"Ses enfants, eux, ils savent qui elle est, et ils exigent que le monde entier le sache aussi."

Yamina est née dans un cri. À Msirda, en Algérie colonisée.

À peine adolescente, elle a brandi le drapeau de la Liberté.

Quarante ans plus tard, à Aubervilliers, elle vit dans la discrétion.

Pour cette mère, n'est-ce pas une autre façon de résister ?

Mais la colère, même réprimée, se transmet l'air de rien.

Née en 1985, Faïza Guène est romancière et scénariste. Kiffe kiffe demain, traduit en vingt-six langues, la fait connaître à l'âge de dix-neuf ans.

Dans La Discrétion, elle rassemble les fragments d'une histoire intime qui vient bouleverser le roman national.

Infos pratiques

  • Broché : 256 pages
  • Éditeur : Plon (27 août 2020)
  • Dimensions : 13.5 x 2.3 x 21.1 cm
  • Langue : Français

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Cinq dans tes yeux, de Hadrien Bels

Son surnom, Stress, c’est Nordine qui le lui a donné. C’était les années 90, dans le quartier du Panier, à Marseille, au-dessus du Vieux-Port. Il y avait aussi Ichem, Kassim, Djamel et Ange. Tous venus d’ailleurs, sauf lui : sur la photo de classe, Stress tranchait avec sa peau rose.

Aujourd’hui les bobos rénovent les taudis du centre-ville et les pauvres ont été expulsés vers les barres d’immeubles avec ascenseur en panne. Les potes d’hier sont devenus chauffeur de bus, agent de sécurité, dealer – ou pire.

Un peu artiste, moitié loser, Stress rêve, lui, de tourner un film sur leur vie d’avant, quand ils enchaînaient les boîtes de nuit afros, les virées à la plage, les bagarres et les délires aux accents mêlés. Alors  Stress écrit Cinq dans tes yeux pour conjurer le sort. La langue est inventive, fulgurante. Un roman drôle et insolent comme la vie.

Hadrien Bels est marseillais.

Cinq dans tes yeux est son premier roman.

Infos pratiques :

  • Prix : 18€
  • Broché : 304 pages
  • Dimensions : 13.6 x 2.1 x 18.6 cm
  • Éditeur : L'Iconoclaste (19 août 2020)
  • Langue : Français

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Dans les yeux du ciel, de Rachid Benzine

C'est le temps des révolutions. Une femme interpelle le monde. Elle incarne le corps du monde arabe. En elle sont inscrits tous les combats, toutes les mémoires douloureuses, toutes les espérances, toutes les avancées et tous les reculs des sociétés.

Plongée lumineuse dans l'univers d'une prostituée qui se raconte, récit d'une femme emportée par les tourments de la grande Histoire, Dans les yeux du ciel pose une question fondamentale : toute révolution mène-t-elle à la liberté ? Et qu'est-ce finalement qu'une révolution réussie ? Un roman puissant, politique, nécessaire.

Rachid Benzine est enseignant, islamologue et chercheur associé au Fonds Ricœur, auteur de nombreux essais dont le dernier est un dialogue avec Delphine Horvilleur, Des mille et une façons d'être juif ou musulman. Sa pièce Lettres à Nour a été mise en scène avec succès dans plusieurs pays. Après Ainsi parlait ma mère, il signe avec Dans les yeux du ciel un roman d'une rare humanité.

Infos pratiques :

  • Prix : 17€
  • Broché : 176 pages
  • Dimensions du produit : 14.4 x 1.6 x 20.6 cm
  • Éditeur : Le Seuil (20 août 2020)
  • Langue : Français

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Déflagration des sens, de Karim Akouche

Après La Religion de ma mère ("absolument magnifique et terrible", Arnaud Viviant) et Allah au pays des enfants perdus, Karim Akouche continue à démontrer les scléroses de la société algérienne dans ce quatrième roman.

L'Algérie bouillonne. Le peuple rumine sa colère. Pour étouffer toute révolte, les autorités arrosent les jeunes de l'argent du pétrole. Kamal Storah, alias Kâmal Sûtra, obtient, après une longue période de chômage, une subvention de l'État et achète un minibus.

Quelques mois plus tard, c'est la désillusion : il n'y a plus de passagers. Kâmal décide de transformer son minibus en bordel ambulant. Dénoncé par les islamistes, traqué par la police, il fuit vers le Sahara...

D'une plume crûment réaliste, Karim Akouche use et abuse du droit au blasphème. Son roman, haut en couleur et en révolte, raconte une jeunesse frustrée et sans repères, dans une Algérie schizophrène, suspendue entre archaïsme et rêves de liberté.

Infos pratiques :

  • Prix : 18€
  • Broché : 208 pages
  • Éditeur : Ecriture (10 septembre 2020)
  • Dimensions : 14.1 x 1.7 x 22.6 cm
  • Langue : Français

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Vivants, de Mehdi Charef

J’apprends à mon père à écrire son nom. Il tient bien le stylo entre ses trois doigts, il ne tremble pas. Est-il épaté ou troublé d’écrire pour la première fois de sa vie, à trente-six ans ?

Mon père est de cette génération qu’on a fait venir en France après la Seconde Guerre mondiale, pour reconstruire ce que les Américains et les Allemands avaient bombardé. Que de temps perdu, depuis les années qu’il est là. On aurait pu proposer aux ouvriers algériens des cours du soir, leur montrer ainsi un peu d’estime. Ils devraient tous savoir lire et écrire.

Mon père sourit, ses yeux brillent. Il est là, surpris, ému, parce qu'il voit bien que ce n’est pas si difficile que ça de se servir d’un stylo. À côté de lui, j’entends sa respiration, son souffle.

À quoi pense-t-il ce soir dans notre baraque ? Se dit-il qu’analphabète, il est une proie facile pour ses employeurs, un animal en captivité ?

La colère monte en moi.

Vivants
 est le sixième roman de Mehdi Charef, qui a notamment publié Le Thé au harem d'Archi Ahmed (1983) et réalisé onze films. Entre souvenirs d'une Algérie qui s'éloigne et expériences d'une France pas toujours accueillante, dans une cité de transit où le provisoire s'éternise, des enfants, des femmes et des hommes fêtent des naissances et des mariages, s'équipent en télévisions et en machines à laver, découvrent la contraception et les ambulances, rient, pleurent, s'organisent, s'entraident... et vivent.

Infos pratiques :

  • Prix : 17€
  • Broché : 205 pages
  • Dimensions du produit : 12.1 x 1.5 x 20 cm
  • Éditeur : Hors-d'atteinte (20 août 2020)
  • Langue : Français

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Papa, qu'as-tu fait en Algérie ?, de Raphaëlle Blanche

De 1954 à 1962, plus d'un million et demi de jeunes Français sont partis faire leur service militaire en Algérie. Mais ils ont été plongés dans une guerre qui ne disait pas son nom. Depuis lors, les anciens d'Algérie sont réputés n'avoir pas parlé de leur expérience au sein de leur famille. Le silence continuerait à hanter ces hommes et leurs proches. En historienne, Raphaëlle Branche a voulu mettre cette vision à l'épreuve des décennies écoulées depuis le conflit.

Fondé sur une vaste collecte de témoignages et sur des sources inédites, ce livre remonte d'abord à la guerre elle-même : ces jeunes ont-ils pu dire à leur famille ce qu'ils vivaient en Algérie ? Ce qui s'est noué alors, montre Raphaëlle Branche, conditionne largement ce qui sera transmis plus tard. Son enquête suit ensuite les métamorphoses des silences et des récits jusqu'à nos jours. Elle pointe l'importance des bouleversements qu'a connus la société française et leurs effets sur ce qui pouvait être dit, entendu et demandé dans les familles à propos de la guerre d'Algérie. Elle éclaire en particulier pourquoi, six décennies après la fin du conflit, beaucoup d'enfants ont toujours la conviction qu'existe chez leur père une zone sensible à ne pas toucher.

Grâce à cette enquête, c'est plus largement la place de la guerre d'Algérie dans la société française qui se trouve éclairée : si des silences sont avérés, leurs causes sont moins personnelles que familiales, sociales et, ultimement, liées aux contextes historiques des dernières décennies. Avec le temps, elles se sont modifiées et de nouveaux récits sont devenus possibles.

Infos pratiques :

  • Prix : 25€
  • Broché : 512 pages
  • Dimensions du produit : 15.5 x 3.5 x 24.1 cm
  • Éditeur : La Découverte (3 septembre 2020)
  • Langue : Français

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Un bout d'air, de Booder (avec Carole Coatsaliou)

Tout le monde connaît Booder. Humoriste, comédien, il est sur tous les plateaux de télévision. Il est surtout un homme qui a eu plusieurs vies dans sa vie grâce ou à cause de son physique atypique.

"Les bébés croient que j'ai un visage en pâte à modeler !" dit-il.

Né au Maroc, arrivé en France à peine âgé d'un an en raison de problèmes de santé, Mohammed Benyamna a mis des années à trouver sa voie. Bon footballeur et fan du joueur marocain Aziz Bouderbala, il n'avait pas les moyens de s'acheter un maillot floqué à son nom.

Il s'amusait donc à l'écrire dans le dos d'un T-shirt vierge. " Bouderbala " étant bien trop long pour la largeur de son dos, il l'a réduit en " Bouder ", ce qui lui a valu ce surnom dans son quartier. Tout le monde le connaissait, très blagueur, souriant et plein d'entrain, il s'est servi de ces qualités pour devenir éducateur pour les jeunes, sa vie tournait autour du football. Découragé par le manque d'intérêt porté aux enfants de ces quartiers, il a tenté de changer de chemin.

Il a passé son BAC, fait des études de comptabilité, il s'est donné les moyens de réussir mais son physique, son nom, son adresse semblent lui avoir fermé les portes. Jusqu'au jour où le directeur de son école l'a menacé de le virer trois jours après une grosse bêtise. Il lui a proposé un deal : " Je ne te vire pas si tu t'inscris au cours de théâtre du soir ". Sans conviction, Booder a accepté et sa vie a changé. Sa passion, il l'avait trouvée. C'était la scène, l'humour, le jeu. Il pensait qu'il était impossible de gagner sa vie en faisant des blagues mais il a persévéré.

Et après quelques années, quelques salles vides ou avec seulement trois ou quatre personnes assises dans le public, il ne s'est jamais découragé et le succès est arrivé. Il ne gagnait pas beaucoup d'argent mais les gens commençaient à le reconnaître, il les faisait rire. Il écrit son premier spectacle en 2000, joue dans plusieurs films puis, c'est la traversée du désert.

Booder a eu le bonheur de devenir papa mais sa carrière se met à stagner. Pendant un an et demi, on n'entend plus beaucoup parler de lui. Le téléphone sonne moins et il se retrouve au RSA.

Pour autant, il ne se laisse pas aller. Sa force de caractère, son amour pour la famille, le pousse à rebondir, à faire un come-back et ça marche. Son sourire, sa bienveillance et son humour ont manqué au public qui lui réserve un accueil chaleureux. Booder, très aimé des enfants et des jeunes, comprend alors qu'il doit raconter son histoire. Il doit dire qu'il ne faut jamais se décourager, s'accepter tel que l'on est, coûte que coûte, et se donner les moyens d'atteindre ses objectifs. Tout est possible. Dans les moments difficiles, il existe toujours une clé, une bouffée d'oxygène. La vie nous offre toujours des " bouts... d'air " pour continuer à espérer.

Infos pratiques :

  • Prix : 14.95€
  • Broché : 137 pages
  • Dimensions du produit : 15 x 1.3 x 22 cm
  • Éditeur : Hugo Document (3 septembre 2020)
  • Langue : Français

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Black Manoo, de Gauz

Black Manoo, junkie abidjanais sans papiers, déboule dans le Belleville des années 90 avec deux guides : Lass Kader, son meilleur ami dealer, et Karol, sa belle, avec qui il ouvre un bar clandestin.

Avec eux, on explore les coulisses d'un quartier ahurissant et les stratégies d'un immigré tout juste débarqué à Paris pour s'y enraciner, entre rituels et petits boulots. Le destin de Black Manoo pourrait ressembler à cent mille autres mais ne ressemble à aucun.

Dans ce roman-monde qui fait de chaque lieu, de chaque personnalité, le creuset d'un univers, Gauz réunit les deux veines qui ont fait son succès : l'observation sociale et le destin de personnages aux marges des lois. Au-delà, il invente un style littéraire d'une concision électrique, aussi dense et intense que la plus rageuse des musiques.

« Je ne peux pas rentrer comme ça au milieu de la ville, les esprits sont sans pitié. »

Infos pratiques :

  • Prix : 18€
  • Broché : 169 pages
  • Éditeur : Le nouvel Attila (28 août 2020)
  • Langue : Français

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Noces de Jasmin, de Hella Feki

Janvier 2011. Les journaux sont censurés, les informations  se diffusent sur Internet et un murmure  parcourt la Tunisie : la rue gronde. Mehdi, un jeune  journaliste, tourne en rond dans sa cellule, sans savoir  ce qu’il va devenir. La Cellule, elle, sait tout, elle a vu  ce que les geôliers ont fait aux autres prisonniers.

Dehors, Essia s’inquiète de la disparition de Mehdi,  son nouvel amour. Elle part à Sfax, sa ville d’origine,  pour tenter de le retrouver. À Tunis, Yacine, le père  d’Essia, se rappelle l’indépendance. D’ailleurs, il a  mal sous le pied gauche, comme au départ des  Francais en 1956. Mehdi est encore le seul à le comprendre  : c’est une révolution.
 
Hella Feki décrit la révolution de jasmin de l’intérieur, avec une écriture puissante, évocatrice, sensuelle. Ses personnages  racontent leurs espoirs, leurs blessures, leurs peurs, leurs défaites, leurs envies de tout changer. De tout casser. Pour mieux reconstruire. 

"Une œuvre fine et singulière reliant la petite et la grande Histoire, voix intimes et destinée collective, ancrée dans la profondeur historique." - Afrique Magazine

Infos pratiques :

  • Prix : 18€
  • Broché : 220 pages
  • Dimensions : 13.5 x 2 x 21.5 cm
  • Éditeur : JC Lattès (26 août 2020)
  • Langue : Français

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La petite dernière, de Fatima Daas

Je m'appelle Fatima Daas. Je suis la mazoziya, la petite dernière. Celle à laquelle on ne s'est pas préparé. Française d'origine algérienne. Musulmane pratiquante. Clichoise qui passe plus de trois heures par jour dans les transports. Une touriste. Une banlieusarde qui observe les comportements parisiens. Je suis une menteuse, une pécheresse. Adolescente, je suis une élève instable.

Adulte, je suis hyper-inadaptée. J'écris des histoires pour éviter de vivre la mienne. J'ai fait quatre ans de thérapie. C'est ma plus longue relation. L'amour, c'était tabou à la maison, les marques de tendresse, la sexualité aussi. Je me croyais polyamoureuse. Lorsque Nina a débarqué dans ma vie, je ne savais plus du tout ce dont j'avais besoin et ce qu'il me manquait. Je m'appelle Fatima Daas. Je ne sais pas si je porte bien mon prénom.

Infos pratiques :

  • Prix : 16€
  • Broché : 192 pages
  • Dimensions : 12.8 x 1 x 20 cm
  • Éditeur : Les Editions Noir Sur Blanc (20 août 2020)
  • Langue : Français

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La France et le blackface, de Serge Bilé

"Quand le Peuple, le Roi et l'Empereur se noircissent"

En 1525, François Ier est emprisonné à Madrid, après sa défaite à Pavie. Le roi de France cherche à s'évader. Pour tromper la vigilance des gardiens, il décide de se barbouiller le visage de suie et de se faire passer pour l'esclave noir qui entretient la cheminée.

En 1658, Louis XIV se produit dans le Ballet d'Alcidiane au palais du Louvre. Il incarne un prince de... Mauritanie. Quitte à interpréter un Africain, autant viser haut. Le roi est accompagné d'une suite mauresque, composée de son frère, de marquis et duchesses.

En 1809, Napoléon Ier participe à un divertissement chez un ministre italien. L'empereur surprend son hôte et son entourage. Il est "déguisé en nègre" et marche devant le quadrille, en soufflant gaiement dans une sorte de trompe.

Ce livre fourmille d'anecdotes, plus étonnantes les unes que les autres. Il revisite l'histoire de France, à travers la suie, en remontant à la source du grimage, pratiqué dès le Moyen-Âge par le peuple, les princes et les rois.

Siècle après siècle, la tradition se pervertit : l'envie de s'amuser en se noircissant le visage et le corps fait place a l'envie de se moquer des Noirs, stigmatisés pour leur couleur, chosifiés par l'esclavage, ridiculisés au théâtre. En 1830, le vaudeville français n'a rien à envier aux minstrel shows américains, qui plébiscitent le blackface, c'est-à-dire le fait pour un acteur blanc de se peindre le visage pour caricaturer les Afro-américains, présentés comme débiles, hilares et paresseux.

Si l'histoire du grimage en noir en France est sensiblement différente de celle du blackface aux Etats-Unis, les deux pratiques se rejoignent sur scène et plus tard au cinéma. C'est en expliquant les ressorts de cet usage, qui défraie régulièrement l'actualité, c'est en faisant de la pédagogie, en suscitant une prise de conscience, qu'on réussira peut-être a le faire disparaitre.

Infos pratiques :

  • Prix : 18.60€
  • Broché : 186 pages
  • Dimensions : 14.5 x 1.5 x 20.5 cm
  • Éditeur : Cercle média (10 septembre 2020)
  • Langue : Français