Mort de Nahel à Nanterre : le policier sera jugé pour meurtre aux assises !
Deux ans après la mort de Nahel Merzouk, 17 ans, tué à bout portant lors d’un contrôle routier à Nanterre, la justice ordonne le renvoi du policier auteur du tir devant la cour d’assises.
Publié : 3 juin 2025 à 14h43 par La rédaction
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Les magistrats du tribunal judiciaire de Nanterre ont tranché. Le policier impliqué dans la mort de Nahel le 27 juin 2023 devra répondre devant la cour d’assises du chef d’homicide volontaire. Cette décision a été officialisée par une ordonnance de mise en accusation.
Nahel, 17 ans, conduisait sans permis une voiture de grosse cylindrée lorsqu’il a été stoppé par deux policiers à Nanterre. Alors que le véhicule était immobilisé dans les embouteillages, l’un des agents a ouvert le feu à bout portant. Le jeune homme n’a pas survécu.
Une enquête qui contredit la version initiale
À l’origine, les forces de l’ordre avaient évoqué un acte de légitime défense, affirmant que le conducteur aurait foncé sur un motard. Mais une vidéo filmée par un passant et partagée en ligne a rapidement semé le doute. Les images montraient un véhicule à l’arrêt et une action policière difficilement justifiable.
Selon le réquisitoire final, consulté par l’AFP, « il n’apparaît pas qu’il ait représenté un danger immédiat ». Cette conclusion a conduit le parquet à demander le renvoi du fonctionnaire devant les assises. Les juges d’instruction ont suivi cet avis.
Une société profondément marquée
La mort de Nahel avait enflammé les quartiers. Des nuits d’émeutes ont secoué de nombreuses villes de France à l’été 2023. À Nanterre, une marche blanche avait rassemblé plus de 6 000 personnes en mémoire du jeune homme. Le nom de Nahel est devenu un cri de ralliement contre les abus policiers.
Le procès, annoncé pour le second ou troisième trimestre 2026, se tiendra devant la cour d’assises des Hauts-de-Seine. Il pourrait rouvrir des plaies encore vives.
Réactions contrastées
Du côté de la famille de Nahel, l’émotion est mêlée à une forme de soulagement. « On est dans l’application de la loi, tout simplement », a réagi Me Frank Berton, l’avocat de la mère du jeune homme. Pour lui, cette décision « ne laisse aucun doute » sur la qualification retenue : le meurtre.
De son côté, la défense du policier dénonce une décision attendue mais injuste. « Cette ordonnance est à la fois une déception et ce n’est pas une surprise », a déclaré Me Laurent-Franck Lienard. Il entend faire appel et continue d’affirmer que « le tir était légitime ».
Le policier mis en cause, Florian M., avait été incarcéré pendant cinq mois avant d’être libéré sous contrôle judiciaire.
Le soutien des syndicats policiers
Depuis le début de l’affaire, plusieurs syndicats de police se sont mobilisés en soutien à leur collègue. Une reconstitution a été organisée en mai 2024, en présence des deux passagers de Nahel et des avocats des deux parties.
Une mère déterminée
Invitée en mars dernier dans l’émission C l’hebdo, Mounia Merzouk avait résumé son combat : « Je veux un procès, tout simplement ». Aujourd’hui, elle répète sa confiance envers la justice et souhaite que la cour d’assises « fasse son travail ».