Meurtre de Brahim Bouarram : un crime raciste à jamais gravé dans la mémoire collective !

Jeté dans la Seine par des militants d’extrême droite, ce père de famille marocain est devenu un symbole des violences racistes en France.

Publié : 2 mai 2025 à 11h01 par La rédaction

Brahim Bouarram
Crédit : DR

Le 1er mai 1995, à Paris, une marche politique s’achève dans la violence. Ce jour-là, Brahim Bouarram, 29 ans, d’origine marocaine, père de deux enfants, est agressé sur le pont du Carrousel par quatre jeunes membres du Front national. L’un d’eux le pousse dans la Seine. Il ne sait pas nager. Le courant est fort. Il meurt noyé.

Un meurtre à caractère raciste et homophobe

L’agression survient en marge du défilé du Front national organisé en l’honneur de Jeanne d’Arc. Parmi les participants, un petit groupe se détache. Michaël Fréminet, 19 ans, en fait partie. Il est accompagné de trois autres militants.

Ensemble, ils se dirigent vers les quais. L’un d’eux hurle « menaces sidaïques » avant que Brahim Bouarram ne soit ciblé. Le drame se joue en quelques secondes. L’homme est projeté dans le fleuve. Personne ne lui vient en aide.

Une réaction politique divisée

La réponse du Front national choque. Jean-Marie Le Pen, chef du parti, minimise l’affaire, la qualifiant d’« accident ». Il parle même d’un fait divers banal dans une ville aussi peuplée que Paris, laissant entendre qu’il pourrait s’agir d’une mise en scène médiatique.

À l’inverse, le président François Mitterrand choisit la compassion. Le 3 mai, il se rend sur les lieux du drame. Face à une foule de 12 000 personnes, il rend hommage à Brahim Bouarram, à quelques jours du second tour de l’élection présidentielle.

Une justice tardive mais ferme

Il faudra attendre trois ans pour que justice soit rendue. En mai 1998, la cour d’assises de Paris condamne Michaël Fréminet à huit ans de prison pour meurtre. Les trois autres jeunes impliqués, Christophe Calame, David Halbin et David Parent, écopent chacun de cinq ans de prison, dont quatre avec sursis, pour non-assistance à personne en danger. Un verdict qui, pour beaucoup, ne suffira pas à réparer le traumatisme causé.

Un souvenir entretenu année après année

Depuis, les hommages se multiplient. En 2003, Bertrand Delanoë, alors maire de Paris, fait installer une plaque commémorative à proximité du pont du Carrousel. Cette initiative symbolise la reconnaissance officielle du caractère raciste du crime.

Les années suivantes, plusieurs personnalités politiques se rendent sur les lieux à chaque 1er mai. Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon en 2017. Anne Hidalgo, à plusieurs reprises, notamment en 2018, 2021 et 2022. Toutes ces cérémonies rappellent qu’aucun acte de haine ne doit être banalisé, quelle que soit la conjoncture politique.

Un écho dans la culture populaire

Le drame de Brahim Bouarram a aussi inspiré le monde artistique. Le groupe Zebda évoque sa mémoire dans la chanson « Le pont du Carrousel ». Les Wriggles le mentionnent dans « Plouf ». Anne Sylvestre, quant à elle, aborde ce meurtre dans « Prudence », dénonçant la violence raciste.

Un nom devenu symbole

Brahim Bouarram n’a pas été tué par hasard. Sa mort est le reflet d’une haine politique décomplexée, d’un racisme ordinaire devenu crime. Trente ans plus tard, son nom continue de résonner, porté par ceux qui refusent l’oubli. Le pont du Carrousel est devenu, malgré lui, un lieu de mémoire. Un rappel douloureux, mais nécessaire.