Laïcité : le Sénat adopte une loi interdisant les signes religieux dans les compétitions sportives !
Le Sénat valide la proposition de loi interdisant les signes religieux dans les compétitions sportives et les piscines municipales.
Publié : 19 février 2025 à 15h47 par La rédaction
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Le Sénat a adopté mardi 18 février une proposition de loi portée par Les Républicains (LR) visant à interdire le port de signes religieux, notamment le voile, dans les compétitions sportives et les piscines municipales. Le texte, soutenu par le gouvernement, a été voté à 210 voix contre 81.
Une interdiction étendue à toutes les compétitions sportives
Défendue par le sénateur LR de l’Isère, Michel Savin, la proposition de loi entend renforcer la neutralité dans les enceintes sportives en proscrivant tout signe ou tenue manifestant ostensiblement une appartenance politique ou religieuse lors des compétitions départementales, régionales et nationales. Cette interdiction s’appliquera aux fédérations sportives délégataires de service public, qu’il s’agisse de compétitions professionnelles ou amateurs.
Cette initiative s’inscrit dans une volonté de clarifier les règles existantes, qui varient d’une fédération à l’autre : si le port du voile est interdit par la Fédération française de football, il est autorisé dans d’autres disciplines comme le handball. Michel Savin a justifié ce texte en affirmant qu'il est « temps de sanctuariser le domaine sportif où la neutralité s'impose et de réaffirmer haut et fort que la République prime sur la loi religieuse ».
Le gouvernement soutient la proposition de loi
Le gouvernement a exprimé un soutien appuyé à cette proposition. François-Noël Buffet, ministre proche de Bruno Retailleau et issu des rangs de LR, a salué un texte qui « apporte une pierre bienvenue dans l'édifice contre toutes les formes de séparatisme ». Le ministre a insisté sur le fait que « la laïcité est un principe républicain essentiel, garant de notre unité et de notre cohésion. Elle ne s’arrête pas aux portes de l’école et doit aussi s’appliquer dans le sport ».
La ministre des Sports, Marie Barsacq, n’était pas présente au Sénat lors du vote, retenue à Lyon pour le lancement du comité d’organisation des Jeux olympiques des Alpes-2030. Cependant, son absence n’a pas empêché le gouvernement d’appuyer fermement l’adoption de la loi.
Une proposition qui s'étend aux piscines et infrastructures sportives
Au-delà des compétitions sportives, la proposition de loi comprend d'autres mesures visant à renforcer la neutralité dans les infrastructures publiques. Elle prévoit l’interdiction d’utiliser des gymnases ou terrains de sport des collectivités territoriales pour l’exercice d’un culte, notamment pour les transformer en salles de prière.
Le texte impose également aux règlements intérieurs des piscines municipales de proscrire les tenues susceptibles de contrevenir aux principes de neutralité et de laïcité des services publics. Cette mesure fait écho à la décision du Conseil d'État en 2022 qui avait interdit le burkini dans les piscines municipales de Grenoble.
Un débat marqué par des tensions politiques
Si la droite et le centre ont largement soutenu la proposition, la gauche a dénoncé une mesure qu'elle juge discriminatoire, notamment envers les femmes musulmanes. Les sénateurs socialistes, écologistes et communistes ont fustigé un texte qu’ils estiment attentatoire à la loi de 1905 sur la laïcité, qui fête cette année son 120e anniversaire.
Patrick Kanner, président du groupe socialiste au Sénat, a vivement critiqué la majorité LR, les accusant de détourner la laïcité à des fins politiques : « En utilisant ce principe fondateur pour servir votre récit antimusulman, vous ne faites que nourrir les confusions, les approximations et les stéréotypes ». De son côté, Mathilde Ollivier, sénatrice écologiste, a estimé que la droite « vise directement, frontalement, lâchement, des femmes de confession musulmane » en les excluant de la pratique du sport.
Et maintenant ?
Le texte doit encore être examiné à l’Assemblée nationale pour être définitivement adopté. Si le gouvernement maintient son soutien, le débat s’annonce houleux dans l’hémicycle, où les tensions autour de la laïcité et de la liberté religieuse promettent de raviver les clivages politiques.