Islamophobie en Europe : un musulman sur deux a été victime de discrimination !

24 octobre 2024 à 16h43 par La rédaction

Une étude de l'Agence des droits fondamentaux révèle une hausse alarmante des discriminations subies par les musulmans dans 13 pays de l'Union européenne, avec un accent sur le marché du travail et le logement.

Islamophobie
Crédit : Martin Foskett - Pixabay

Près d'un musulman sur 2 en Europe rapporte avoir été victime de discrimination ces 5 dernières années, selon un rapport publié ce jeudi 24 octobre par l'Agence des droits fondamentaux de l'Union européenne (FRA).

Ce document, basé sur une enquête réalisée en 2022, met en lumière une montée inquiétante du racisme à l’encontre des musulmans dans plusieurs pays, dont la France.

Une discrimination en hausse depuis 2016

Le rapport révèle que 47% des musulmans interrogés, originaires de 13 pays de l'UE, affirment avoir subi des discriminations entre 2018 et 2023. Ce chiffre marque une nette augmentation par rapport aux 39% observés en 2016.

L'Autriche (71%), l'Allemagne (68%) et la Finlande (63%) figurent parmi les pays où la proportion de personnes touchées est la plus élevée. La France, de son côté, atteint la moyenne européenne avec 39% des répondants déclarant avoir fait face à des actes discriminatoires.

Les femmes et les jeunes particulièrement exposés

Les données montrent que certaines populations musulmanes sont plus exposées aux discriminations. Les personnes originaires de pays situés au sud du Sahara, les jeunes nés dans l'UE et les femmes portant des vêtements religieux en sont les principales victimes. En particulier, les jeunes femmes âgées de 16 à 24 ans portant un voile sont 58% à déclarer des difficultés pour trouver un emploi, contre 41% pour leurs aînées.

Des discriminations omniprésentes sur le marché du travail et dans l'accès au logement

Les discriminations liées à l’emploi sont particulièrement préoccupantes. « Les musulmans sont le plus souvent victimes de discriminations dans leur recherche d'emploi (39%) ou sur leur lieu de travail (35%) », précise le rapport.

Par ailleurs, 2 musulmans sur 5 (41%) sont surqualifiés pour le poste qu’ils occupent, contre 22% pour la population générale de l'UE. Cette surqualification témoigne des obstacles persistants à l'accès à des emplois en adéquation avec leur niveau de compétence.

L'accès au logement constitue également un enjeu majeur. Un tiers des musulmans interrogés (35%) ont rencontré des difficultés pour acheter ou louer un logement en raison de leur origine ou de leur religion, une proportion en hausse par rapport aux 22% signalés en 2016.

Les contrôles au faciès persistent en Europe

Le rapport met également en lumière la persistance des contrôles au faciès par la police. Près de 27% des répondants disent avoir été contrôlés par les forces de l'ordre au cours des 5 dernières années. Parmi eux, 42% estiment que leur origine ethnique a motivé ces contrôles.

En France, ce phénomène touche particulièrement les personnes d'origine subsaharienne, dont 57% rapportent avoir subi un contrôle au faciès, contre 41% pour les personnes originaires d’Afrique du Nord.

Une montée de la rhétorique antimusulmane

Sirpa Rautio, directrice de la FRA, exprime son inquiétude face à « une montée inquiétante du racisme et de la discrimination à l'encontre des musulmans en Europe ». Elle souligne que cette situation est aggravée par « les conflits au Moyen-Orient » et la « rhétorique antimusulmane déshumanisante » qui se répand sur le continent.

Des recommandations pour lutter contre les discriminations

Face à cette situation alarmante, l’Agence des droits fondamentaux appelle l’UE et ses États membres à prendre des mesures concrètes. Le rapport insiste sur la nécessité de mieux « appliquer les lois anti-discriminations » et de « collecter des données sur tous les motifs de discrimination » pour orienter les politiques publiques. L’Agence demande également de mettre fin aux « pratiques discriminatoires institutionnelles » telles que les contrôles au faciès.

Pour Sirpa Rautio, il est essentiel de promouvoir un environnement où chacun se sente « en sécurité, inclus et respecté », indépendamment de ses origines ou de sa religion. « Au lieu de semer la division dans nos sociétés, nous devons veiller à ce que chacun dans l'UE se sente en sécurité, inclus et respecté », plaide-t-elle.

Une situation qui appelle à une mobilisation urgente

L’étude, basée sur les réponses de 9 604 personnes interrogées entre octobre 2021 et octobre 2022, montre que les discriminations envers les musulmans ne sont pas seulement persistantes, mais qu'elles tendent à se renforcer.

Alors que les inégalités sur le marché du travail et dans l'accès au logement se creusent, cette situation souligne l’urgence d’une action politique renforcée pour garantir l’égalité de traitement à tous les citoyens européens.