Démarches administratives : un business qui prospère sur la détresse des migrants !

Enquête sur un marché en pleine expansion où des entreprises monnayent l’accès à des démarches administratives pourtant gratuites, au détriment de migrants vulnérables.

Publié : 30 avril 2025 à 10h12 par La rédaction

Carte de séjour
Crédit : DR

Nos confrères de RMC ont levé le voile sur un phénomène inquiétant : des sociétés, parfois bien établies dans de grandes villes du pays, facturent à prix fort l’assistance pour des démarches administratives normalement gratuites. Titre de séjour, naturalisation, rendez-vous en préfecture… Des services essentiels sont devenus un terrain lucratif, dénoncé avec force par les associations de solidarité.

Des tarifs exorbitants pour des services gratuits

Obtenir un rendez-vous à la préfecture est souvent un parcours du combattant. Faute de créneaux disponibles en ligne, certains étrangers se tournent vers des intermédiaires qui prétendent pouvoir débloquer la situation. Le tarif ? Jusqu’à 800 euros. Pourtant, ce type de rendez-vous est totalement gratuit.

Des récits de victimes recueillis par des associations mettent en lumière la brutalité de ce système. L’un d’eux évoque une somme de 1 700 euros versée pour monter un dossier de naturalisation. Le prestataire a fourni des documents mal traduits. La préfecture a rejeté la demande. L’argent, lui, n’a jamais été remboursé.

« C’est simple, ces sociétés n’y connaissent rien », confie, amère, la présidente d’une association d’aide aux migrants. Elle pointe une multiplication des erreurs qui compromettent les démarches au lieu de les faciliter.

Un business qui prospère sur la détresse

Ces sociétés, souvent présentes en ligne, s’installent désormais physiquement, avec des boutiques visibles à Paris, Lyon ou Marseille. Leur clientèle : des personnes en situation de vulnérabilité, mal informées ou désemparées face à la complexité administrative.

« C’est une honte. Ces sociétés profitent de la détresse des étrangers et elles les ruinent », s’indigne un militant associatif. Pour lui, ce marché est aussi le fruit d’un système public défaillant. Le manque de moyens pour l’accueil des migrants, le sous-effectif dans les préfectures et l'opacité des procédures alimentent ce commerce parallèle.

Une légalité floue, une vigilance réclamée

Interrogé sur la question, le ministère de l’Intérieur reconnaît suivre le sujet de près. Il précise que ces entreprises s’inscrivent, dans certains cas, dans le cadre légal du service à la personne. Mais il appelle à la vigilance et invite à signaler toute arnaque ou abus auprès de la direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF).

Ce flou juridique complique les poursuites, mais la pression monte du côté des associations. Elles demandent une réponse claire de l’État et des mesures de contrôle renforcées pour protéger les étrangers de pratiques commerciales abusives.

Un appel à l’action

Le constat est sans appel : un marché s’est développé sur le dos de personnes en situation de grande fragilité. Derrière les promesses d’aide, se cachent souvent des pratiques douteuses, inefficaces et coûteuses.

Alors que le ministère affirme surveiller la situation, les acteurs de terrain appellent à un encadrement plus strict et à une réelle volonté politique pour garantir un accès équitable, gratuit et digne aux démarches administratives.