Crime raciste dans le Var : la victime, Hichem Miraoui, était un homme apprécié de tous !

Abattu de cinq balles par son voisin, Hichem Miraoui, un coiffeur tunisien de 45 ans, laisse derrière lui une communauté bouleversée. Travailleur, généreux, apprécié de tous, il a été tué dans ce qui s’apparente à un acte raciste prémédité.

Publié : 4 juin 2025 à 10h10 par La rédaction

Hichem Miraoui
Crédit : DR

Quand les mots de haine ne rencontrent plus de limites, ils finissent par trouver une arme. Samedi 31 mai, à Puget-sur-Argens, dans le Var, Hichem Miraoui a été abattu de cinq balles par son voisin.

Un homme sans histoire, un coiffeur apprécié de tous, ciblé chez lui pour ce qu’il était : un homme d’origine tunisienne, musulman, travailleur. Une autre victime, d’origine turque, a été blessée.

Le tireur, Christophe B., connu pour ses propos racistes, a revendiqué son geste dans deux vidéos postées sur les réseaux sociaux, appelant ouvertement à s’en prendre aux personnes étrangères. La haine n’a pas seulement frappé un individu. Elle a visé toute une communauté.

Un homme aimé de tous

Derrière ce nom, Hichem, il y avait un visage, une voix, une humanité. « Il avait un grand cœur », répète Allan, encore sous le choc. « Il m’a offert une brosse spéciale. Il m’a dit : ‘Garde-la’ ». Toufik, commerçant du quartier, se souvient aussi de sa générosité. « Il coiffait parfois les enfants gratuitement. S’il manquait un euro, ce n’était pas grave. » Une bonté qui transparaissait dans chaque geste.

Originaire de Kairouan, en Tunisie, Hichem avait quitté sa terre natale pour « trouver en France un avenir meilleur », confie Maître Mourad Battikh, l’avocat de la famille. Il travaillait du lundi au dimanche, toujours poli, toujours souriant. Il vivait seul, avec son chat. « Il était parfaitement intégré, bien éduqué, et inconnu des services de police », ajoute l’avocat.

Un voisin menaçant

Depuis son installation dans la nouvelle résidence il y a un an, Hichem ne se sentait pas à l’aise. Il avait confié à des proches qu’il cherchait un autre appartement. Sylvia, une habitante, confirme : « Ce voisin, Christophe, disait des horreurs. Il avait dit à une dame : ‘Sale Arabe, vous puez’ ».

Selon le procureur, l’homme, âgé de 53 ans, amateur de tir sportif, possédait légalement plusieurs armes retrouvées dans sa voiture : pistolets automatiques, fusil à pompe, arme de poing. Lors de son interpellation, il était encore alcoolisé.

Le jour du drame, Hichem était en appel vidéo avec sa mère, restée en Tunisie. Elle a tout vu. Son fils s’écrouler sous les balles. 19 impacts ont été relevés sur les lieux. Christophe B. a fui, mais a été arrêté peu après, et placé en garde à vue. Il a déclaré vouloir mourir et a incité les Français à « bien voter pour lutter contre les bicots, les gauchos, les pro-Gaza ». Il a affirmé avoir « agi comme les Juifs en Israël ».

Des propos de haine, jamais sanctionnés

Sur Facebook, le profil du suspect laissait peu de place au doute. Messages racistes, appels à la violence, propos haineux envers les musulmans et les immigrés. En 2020, il écrivait : « La seule envie que ça donne, c’est de sortir les fusils et de tirer dans le tas. » Malgré ces signes, il n’avait jamais été inquiété. Il n’était connu ni de la police ni de la justice.

Une onde de choc jusqu’au sommet de l’État

Le parquet national antiterroriste s’est saisi de l’affaire. Pour les proches, ce drame est le résultat d’un climat délétère. « La mort d’Hichem est la conséquence directe d’une atmosphère alimentée par la stigmatisation, les amalgames et la banalisation de la violence raciste », dénonce Maître Battikh.

Du côté des autorités, les condamnations se sont multipliées. Le ministre tunisien de l’Intérieur a dénoncé un « crime terroriste » et demandé à la France de mieux protéger ses ressortissants. Bruno Retailleau, son homologue français, a exprimé sa « ferme condamnation » et promis que « l’auteur sera puni de la peine maximale ». Même ton du côté du Premier ministre François Bayrou : « Le racisme en France, c’est un poison. Et c’est un poison qui tue. »

Hichem, un symbole

Dans le quartier, les témoignages se succèdent. Mouna, sa cousine, se rappelle : « Il a même offert une assiette de couscous à ce voisin qui le traitait de ‘sale Arabe’. Il voulait apaiser les tensions. C’était ça, Hichem. »

Une marche blanche est prévue dimanche 8 juin à Puget-sur-Argens. Une cagnotte a été lancée pour rapatrier son corps en Tunisie. La Grande Mosquée de Paris, dans un communiqué poignant, a dénoncé un « assassinat terroriste, raciste et islamophobe », et appelé à une prise de conscience collective.

Un de plus, un de trop

Quelques semaines après l’assassinat d’Aboubakar Cissé dans une mosquée du Gard, c’est une nouvelle tragédie qui frappe les Français musulmans. Hichem Miraoui était un homme simple, bon, aimé. Il est devenu malgré lui un symbole. Un rappel terrible que les discours de haine, répétés, normalisés, finissent par tuer.

« Il avait une belle aura, une belle lumière… Un rayon de soleil », glisse Ahmed, un ami. C’est ce soleil-là, qu’on a éteint.