Alger dit chiche à Paris !

Alors que des médias français évoquent des mesures inédites visant des officiels algériens, la réaction d’Alger ne s’est pas fait attendre. Derrière les fuites, une tension palpable et une fracture de plus en plus assumée entre deux capitales en mal de confiance.

Publié : 2 juin 2025 à 10h37 par La rédaction

Abdelmadjid Tebboune
Crédit : Abdelmadjid Tebboune - Facebook

C’est une révélation de L’Express qui a mis le feu aux poudres. Selon l’hebdomadaire, Paris envisagerait de geler les avoirs d’officiels algériens, invoquant le refus des autorités d’Alger de reprendre leurs ressortissants sous OQTF (Obligation de Quitter le Territoire Français). Il est aussi question, selon la même source, de bloquer l’accès à leurs biens immobiliers en France.

Mais à Alger, la méthode ne passe plus. Ni les menaces voilées, ni les pressions médiatiques ne semblent impressionner. Bien au contraire.

« Passez à l’acte ! »

La réponse algérienne, publiée dans un article sur APS cinglante et directe sonne comme une réponse assumée. « En cette affaire, l’Algérie, son peuple, son Gouvernement et toutes ses institutions confondues leur disent chiche. Passez à l’acte ! »

Un défi lancé aux officines françaises, accusées de manipuler l’opinion par des fuites sans fondement. Pour Alger, ce genre de procédés traduit un profond amateurisme dans la conduite des relations bilatérales entre les deux pays.

Une Algérie fantasmée

Les critiques algériennes vont plus loin : selon elles, les responsables français ne s’adressent pas à l’Algérie telle qu’elle est, mais à une version caricaturale et construite de toutes pièces. « Ils ne s’adressent pas à l’Algérie réelle, mais à une Algérie fantasmée. » Cette vision déformée serait alimentée par des clichés tenaces : « Cette Algérie qu’ils n’arrivent à décrire que par des vocables tels que "régime", "pouvoir", "dignitaires" ou "nomenklatura". ». Pour Alger, ce prisme colonial et méprisant n’a plus lieu d’être.

Des demandes de coopération ignorées

Au-delà de la polémique, Alger rappelle que les accusations de passivité ou de complaisance ne tiennent pas. Car les demandes de collaboration judiciaire n’ont pas manqué. « L’Algérie réelle est celle qui a sollicité l’entraide judiciaire de la France dans le cadre de biens mal acquis, sans l’obtenir. ». « C’est celle qui a saisi la justice française de cinquante-et-une commissions rogatoires, sans obtenir une seule réponse. ». 

Par le biais de son article sur APS, Alger affirme que « C’est celle qui a sollicité l’extradition d’individus convaincus de vols, de dilapidations et de détournements de fonds publics, ainsi que de corruption, sans obtenir satisfaction. »

Pour les autorités algériennes, le silence de Paris est éloquent. Il serait même le signe d’une forme de complicité passive, difficilement justifiable.

Le sérieux en question

En filigrane, ce bras de fer met en lumière une relation de plus en plus tendue entre deux États censés entretenir une coopération étroite. Mais à Alger, la patience semble avoir des limites. « Par de tels manquements, les autorités françaises concernées se désignent elles-mêmes comme complices de toutes ces pratiques et comportements hors la loi. »

La sentence est sévère, la rhétorique tranchante. « S’il s’agit de nettoyer les écuries d’Augias que la France commence par celles-ci. Elle y gagnerait en crédibilité et en sérieux. Car, pour l’heure, c’est ce dont elle a le plus besoin. »