Accord de 1968 : Éric Ciotti retire la résolution sur les accords franco-algériens !

La résolution sur les accords franco-algériens a été retirée, mettant en lumière le calcul diplomatique d’Éric Ciotti face à la situation de Boualem Sansal.

Publié : 28 juin 2025 à 7h53 par La rédaction

Éric Ciotti
Crédit : Éric Ciotti - Facebook

En pleine tension diplomatique avec l’Algérie, le groupe parlementaire UDR a décidé de retirer une résolution controversée sur les accords de 1968 et 2013 entre la France et l’Algérie. Cette décision intervient au moment où l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal attend son verdict judiciaire.

Un retrait stratégique en pleine crise diplomatique

Le groupe parlementaire d’Éric Ciotti, l’Union des droites républicaines (UDR), a opté pour un retrait tactique d’une résolution concernant les accords bilatéraux de 1968 et 2013 entre la France et l’Algérie.

Cette résolution, non contraignante, appelait à la réévaluation de l’accord de 1968, qui accorde aux ressortissants algériens des avantages en matière de circulation, de séjour et d’accès à l’emploi en France.

Selon le député des Alpes-Maritimes, Éric Ciotti, l’objectif de ce texte n’était pas de rompre les relations diplomatiques avec l’Algérie, mais de rétablir un dialogue plus équilibré entre les deux nations.

Le retrait de cette résolution a été annoncé à un moment particulièrement sensible. L’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, se trouve actuellement incarcéré en Algérie depuis novembre 2024, et son verdict judiciaire est attendu le 1er juillet.

Dans ce contexte, Éric Ciotti a justifié cette décision en soulignant l’importance de soutenir l’écrivain et d’éviter une aggravation des tensions politiques. « L’objectif pour nous est la libération de Boualem Sansal, une grande voix de paix, un grand écrivain », a-t-il déclaré.

Une tentative parlementaire reportée à l'automne

Le texte, bien que non législatif, a été retiré dans un souci d’éviter une confrontation à un moment où la situation de Boualem Sansal risque de perturber davantage les relations entre la France et l’Algérie.

Ce report à l’automne, lors de la session parlementaire de la rentrée, a été salué par Laurent Saint-Martin, ministre délégué au Commerce extérieur, qui a souligné « l’esprit de responsabilité » du groupe UDR.

Pour le gouvernement, ce retrait permet d’éviter une escalade verbale qui aurait pu compliquer les efforts diplomatiques en cours pour soutenir Boualem Sansal.

Une coalition parlementaire fragilisée

Cette décision stratégique intervient alors qu’une alliance entre l’UDR, le Rassemblement national (RN) et Les Républicains (LR) semblait proche de faire adopter la résolution.

Cependant, les calculs parlementaires n'ont pas résisté à la pression géopolitique. À la veille de l'examen du texte, la députée UDR Hanane Mansouri se montrait confiante quant à la possibilité de remporter une victoire. Pourtant, Éric Ciotti a choisi de retirer le texte, invoquant l’impératif humanitaire et la situation de Boualem Sansal.

L’écrivain, arrêté en novembre 2024 à l’aéroport d’Alger, risque une peine de dix ans de prison. Cette situation a incité Eric Ciotti à éviter toute initiative qui pourrait envenimer les relations entre la France et l’Algérie.

Le timing de ce retrait est particulièrement pertinent, car il coïncide avec le verdict attendu de Boualem Sansal. D’un point de vue géopolitique, la droite a préféré repousser cette confrontation, consciente des tensions diplomatiques que pourrait engendrer l’adoption de la résolution.

Une diplomatie française sous pression

Le retrait de cette proposition évite également une confrontation directe avec l’Élysée. En effet, Emmanuel Macron avait déjà exprimé sa désapprobation face à l’agitation parlementaire sur ces accords, soulignant son rôle exclusif en matière de politique étrangère. « Je n’avais pas compris que la politique étrangère de la France était définie au Parlement », avait-il ironisé lors d’un Conseil des ministres en décembre dernier.

Si la résolution n’avait pas de valeur législative, son adoption aurait envoyé un signal politique fort, ce qui aurait mis la présidence dans une position délicate, notamment dans le contexte d’une relation déjà tendue avec Alger. 

Un sujet sensible qui reste sur la table

Malgré ce retrait, la question des accords franco-algériens, en particulier celui de 1968, demeure un sujet inflammable dans les relations entre les deux pays. Les accords de 1968 ont longtemps été perçus comme un vestige des relations coloniales, et les débats sur leur révision sont régulièrement ravivés par des considérations politiques et diplomatiques.

Pour Éric Ciotti et son groupe, ce n’est que partie remise. Le texte pourrait être réintroduit lors de la session parlementaire à l’occasion de la niche parlementaire du Rassemblement national.  La question des accords franco-algériens n’est, à ce stade, qu’une parenthèse refermée, mais qui pourrait rouvrir à l’automne.