À 65 ans, Salima, enseignante franco-algérienne, va tenter de traverser la Manche à la nage !
Enseignante au Mans, Salima Bouayad Agha transforme son parcours de vie en un combat aquatique et solidaire.
Publié : 5 mai 2025 à 17h03 par La rédaction
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À 65 ans, cette franco-algérienne s’apprête à relever l’un des défis les plus exigeants pour une nageuse : traverser la Manche à la seule force de ses bras. Professeure d’économie à l’université du Mans, elle transforme cette épreuve en un acte profondément personnel, mais aussi solidaire. Ce projet n’est pas seulement sportif : il incarne la résilience d’une femme marquée par l’exil, les combats professionnels et la quête de sens.
Une vie bouleversée, un parcours reconstruit
Née en France, Salima grandit en Algérie, où elle devient enseignante. Mais en 1991, la guerre civile et la menace terroriste la forcent à fuir le pays avec ses deux filles. Réfugiée en France, elle doit recommencer à zéro.
Le système universitaire français lui impose de tout reprendre. « J’ai soutenu ma thèse en France puis j’ai été recrutée comme maître de conférences à l’université du Mans », raconte-t-elle.
Une passion retrouvée
La natation fait partie de sa vie depuis l’adolescence. À 13 ans, elle intègre l’équipe nationale algérienne. Elle concourt à l’international, puis arrête en 1978. Ce n’est que des années plus tard, en accompagnant sa fille à une compétition, qu’elle renoue avec le bassin. Sa fille lui lance alors un défi : « Il faudrait que tu nages toi aussi ». Le déclic opère.
Elle revient alors à la compétition, cette fois en crawl longue distance. Championne d’Europe, médaillée en équipe et plusieurs fois finaliste mondiale, elle explique que son moteur n’est pas la victoire sur les autres mais le dépassement de soi.
« Comme un 800 mètres nage libre »
La vie de Salima est à l’image de ses courses : exigeante, incertaine, mais guidée par l’endurance. « Tu tiens, tu serres les dents et tu vas t’en sortir », confie-t-elle, évoquant son parcours d’exilée et de mère.
Aujourd’hui, elle veut aller plus loin. « Je cherchais à exister autrement qu’à travers cette histoire tourmentée », explique-t-elle. Et c’est dans l’eau qu’elle a choisi de réécrire ce récit.
Un défi extrême en préparation
En 2023, elle découvre la nage en eau libre. Le contact avec des nageurs de l’extrême, comme Olivier Lauth, qui a déjà traversé la Manche, lui donne l’élan. L’eau froide, les méduses, les vagues : tout cela la terrifie, elle qui avoue ne prendre que des douches brûlantes. Mais elle veut aller au bout. « À 65 ans, on commence généralement les dernières fois, moi je commence les premières », dit-elle avec malice.
Depuis novembre 2023, elle s’entraîne intensivement. La traversée entre l’Angleterre et la France, prévue pour septembre 2026, représente environ 33 kilomètres, mais la trajectoire réelle s’apparente à un S, en raison des courants. Elle espère accomplir l’exploit en 17 heures.
Un projet solidaire
Cette aventure a aussi une dimension humaine : Salima dédie sa traversée à l’association France Parkinson. Une cause qui lui tient à cœur. « Ma mère souffrait de Parkinson et en est décédée », confie-t-elle.
Pour concrétiser son défi, un budget de 15 000 euros est nécessaire. Une cagnotte a été ouverte sur la plateforme Alvarum, et les premiers dons ont déjà commencé à arriver.
Une équipe autour d’elle
Pour l’épauler, elle sera suivie par un bateau accompagnateur, obligatoire pour la traversée. Trois personnes seront à bord : son beau-frère, militaire et préparateur mental ; sa sœur, qui pourrait gérer l’intendance alimentaire ; et une troisième personne encore à désigner.
Leur rôle sera crucial : ils devront la nourrir, la soutenir moralement, et parfois nager à ses côtés si elle faiblit. Sans jamais qu’elle ne touche le bateau, conformément au règlement strict de cette traversée mythique.
Un bras après l’autre, vers l’autre rive
Salima Bouayad Agha n’a jamais cessé de nager, au propre comme au figuré. À travers la Manche, c’est un peu de son histoire qu’elle souhaite traverser, portée par la volonté de transformer les épreuves de sa vie en énergie positive.
Ce défi, elle ne le voit pas comme un aboutissement, mais comme une nouvelle étape. Un projet où chaque vague rencontrée sera une preuve que la résilience peut mener au large.