5 ans déjà, Idir nous manque toujours !
Le 2 mai 2020, la voix de la Kabylie s’éteignait. 5 ans après sa disparition, l’émotion reste intacte.
Publié : 3 mai 2025 à 12h23 par La rédaction
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Idir, artiste engagé, poète discret et ami fidèle de Beur FM, continue de faire vibrer les cœurs. Cet hommage revient sur son parcours unique et sur l’héritage qu’il laisse derrière lui.
L’enfant des montagnes devenu messager universel
Il était né entre ciel et terre, dans un village perché du Djurdjura. Fils de berger, bercé par les poèmes de sa mère et les contes de sa grand-mère, Idir – de son vrai nom Hamid Cheriet – grandit dans la chaleur des veillées kabyles.
Il n’avait pas prévu de chanter. Pourtant, un jour de 1973, il remplace au pied levé une chanteuse malade sur les ondes de Radio Alger. Ce jour-là, il interprète une berceuse. Ce sera le début d’une légende.
Le titre A Vava Inouva, devenu culte, franchit les frontières et les générations. Il ouvre la voie à la musique kabyle sur la scène mondiale. « Dans une société de culture orale, la valeur du mot est immense », confiait-il.
L’éclipse d’un homme libre
Idir n’était pas fait pour les projecteurs. Le succès fulgurant ne le change pas. Il compose, écrit, mais reste loin des projecteurs pendant près de dix ans. Cette discrétion, il la cultive comme une forme de liberté.
Ce n’est qu’en 1991 qu’il reprend la scène, plus fort, plus libre. Il revient avec ses textes puissants, sa douceur mélodique et une nouvelle reconnaissance : celle de précurseur de la world music.
Son album Les Chasseurs de lumière, en 1993, comme son retour sur les planches de l’Olympia, confirment l’immensité de son talent. Il y parle d’amour, de liberté, d’exil. Des mots justes, portés par une voix familière, qui émeut autant qu’elle rassemble.
Une voix pour la paix et la mémoire
Idir n’a jamais chanté pour lui seul. Il s’est engagé avec force, sans jamais crier. En 1995, il monte sur scène aux côtés de Khaled pour appeler à la paix en Algérie. En 2001, en pleine tourmente en Kabylie, il organise un concert géant au Zénith de Paris.
Il rend aussi hommage à Lounès Matoub, assassiné en 1998. Et invite les plus grands à le rejoindre pour son projet Identités en 1999 : Zebda, Manu Chao, Dan Ar Braz, Grand Corps Malade, Jean-Jacques Goldman… Idir savait faire le lien entre les mondes, les langues et les cultures.
Un artiste de cœur, un ami de Beur FM
Chez Beur FM, nous n’oublierons jamais ses passages. Sa gentillesse, sa modestie, son humour discret. Il venait sans faire de bruit, avec cette chaleur simple qui lui collait à la peau. Il parlait peu, mais ses chansons disaient tout.
« J’ai eu la chance d’avoir une grand-mère et une mère poétesses », racontait-il. Et cette chance, il l’a transformée en trésor collectif.
Il portait en lui toute la tendresse du monde, et cette capacité unique à faire surgir l’émotion d’un simple mot, d’un souffle de flûte ou d’un accord de guitare.
Une œuvre vivante
Même après sa disparition, son œuvre vit toujours. Dans les mariages, dans les concerts, dans les voitures, sur les ondes de notre radio. Idir est partout. Ses chansons continuent d’apaiser les âmes, de raconter l’exil, la mémoire, l’identité.
Il repose désormais au Père-Lachaise, mais il n’a jamais été aussi proche. Chaque 2 mai, c’est un peu de nous qui se tait, pour mieux l’écouter encore.
« Quand une mélodie me vient, je la teste d’abord à la flûte », disait-il. Alors, en ce cinquième anniversaire, fermons les yeux. Et laissons sa flûte nous guider, encore une fois.