Kalam, le magazine qui relie les enfants de la diaspora marocaine à leurs racines culturelles !
Jihane Bakhti, jeune maman franco-marocaine, a lancé ce projet innovant pour transmettre la richesse culturelle marocaine aux enfants âgés de 3 à 7 ans, mêlant ludisme et apprentissage en darija et en français.
Publié : 5 février 2025 à 17h57 par La rédaction
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À l’heure où la transmission culturelle au sein des diasporas est parfois mise à mal, une jeune maman franco-marocaine, Jihane Bakhti, a décidé de relever un défi ambitieux : reconnecter les enfants de la diaspora marocaine à leurs racines.
Lancé en septembre 2024, Kalam est un mensuel bilingue français-darija conçu pour les enfants âgés de 3 à 7 ans. Son objectif : faire découvrir la richesse culturelle du Maroc à travers des histoires, des jeux et des activités ludiques.
Un projet né d’un besoin personnel
L’idée de Kalam a germé lorsque Jihane, mère d’un garçon de 5 ans, a cherché des ressources pour lui enseigner la darija tout en lui transmettant des éléments culturels marocains. « Je n’ai trouvé que très peu de contenus adaptés », raconte-t-elle.
Confrontée à ce vide, elle a commencé à inventer des histoires et des jeux pour son fils, avant de se rendre compte que de nombreux parents d’origine marocaine partageaient le même constat. « Ce projet est né de discussions avec des familles de la diaspora qui, comme moi, peinaient à transmettre la langue et les traditions marocaines à leurs enfants. »
Avec Kalam, elle souhaite offrir un support à la fois pédagogique et attrayant pour les jeunes lecteurs, tout en répondant aux attentes des parents en quête d’un outil moderne et accessible.
Un voyage au cœur du Maroc
Chaque mois, Kalam emmène ses petits lecteurs dans une ville différente du Maroc, guidés par deux personnages principaux, Alia et Adam. Ces héros explorent les lieux emblématiques du pays, rencontrent des figures historiques comme Ibn Battuta à Tanger ou Fatima Al-Fihriya à Fès, et découvrent les traditions culinaires et artisanales locales.
Les enfants apprennent, par exemple, à préparer des plats typiques comme le caliente ou le maakouda, et à réaliser des objets artisanaux tels que des tapis Rbatis ou des chapeaux chamalis. L’objectif est clair : « proposer une immersion dans l’histoire et la culture marocaines à travers des récits vivants et des activités ludiques », explique Jihane Bakhti.
Bilinguisme et pédagogie adaptée
Kalam se distingue par son bilinguisme. Le magazine mélange le français et la darija pour répondre aux besoins des familles dont les enfants ne maîtrisent pas encore parfaitement l’arabe marocain.
« Il ne s’agit pas d’un cours de grammaire ou de conjugaison, mais d’un outil pour pratiquer la darija dans un contexte quotidien et fonctionnel », précise Jihane. Ce choix reflète la réalité des enfants de la diaspora, souvent peu exposés à la langue parlée au Maroc dans leur environnement familial ou scolaire.
Pour garantir une approche pédagogique pertinente, Jihane s’appuie sur l’expertise de sa mère, enseignante, et collabore avec une petite équipe composée d’un graphiste et d’une illustratrice. Ensemble, ils conçoivent des contenus qui allient esthétique et apprentissage.
Une réponse attendue par les familles
Depuis son lancement, Kalam a séduit près de 200 familles, principalement en France mais aussi dans des pays comme les États-Unis, le Canada ou Singapour. « Les retours sont extrêmement positifs », confie Jihane.
Certains parents vont même jusqu’à anticiper les besoins de leurs enfants en bas âge. « Une jeune maman m’a raconté qu’elle s’était abonnée pour constituer un stock de magazines pour son bébé de moins de six mois », partage-t-elle avec enthousiasme.
Ce succès démontre un véritable besoin au sein de la diaspora. Les parents, souvent préoccupés par l’omniprésence des écrans, apprécient le format papier du magazine, qui s’inscrit dans une démarche plus traditionnelle et tactile, en écho aux habitudes des générations précédentes.
Les défis de l’auto-édition
Si Kalam rencontre un bel accueil, son développement reste un défi pour Jihane, qui gère ce projet en parallèle de son emploi à plein temps. « Je consacre mes week-ends et mes vacances à ce projet », explique-t-elle.
L’auto-édition implique également des contraintes financières et logistiques, mais elle permet à Jihane de rester fidèle à sa vision initiale : transmettre une culture et des savoirs à travers un support ludique et accessible.
Des perspectives d’avenir
Avec son succès croissant, Kalam envisage de s’étendre. Des versions en darija-anglais et darija-espagnol pourraient bientôt voir le jour, afin de toucher un public encore plus large parmi les diasporas marocaines non francophones. Jihane souhaite également élargir son approche à d’autres cultures du Maghreb, en adaptant le concept à l’Algérie et à la Tunisie.
Une mission culturelle et éducative
Au-delà de l’apprentissage linguistique, Kalam se veut un pont entre les jeunes générations et leur patrimoine. « Le but est que nos enfants connaissent mieux leur culture d’origine et qu’ils puissent s’y reconnaître et la transmettre à leur tour », conclut Jihane.
Avec son approche novatrice et son contenu soigné, Kalam semble bien parti pour devenir une référence incontournable pour les familles de la diaspora marocaine.