Safi emportée par les eaux, une ville en deuil face à la violence des crues !

Les inondations soudaines qui ont frappé Safi dimanche soir ont fait au moins vingt-et-une victimes. En l’espace d’une heure, des torrents de boue ont submergé quartiers, habitations et routes. Une tragédie d’une ampleur inédite depuis dix ans au Maroc.

Publié : 10h34 par La Rédaction

Les inondations à Safi
Crédit : D.R

Une pluie brutale, une catastrophe fulgurante. Tout s’est joué en très peu de temps. Dans la soirée du dimanche 14 décembre, des précipitations orageuses d’une intensité exceptionnelle se sont abattues sur la province de Safi. En moins d’une heure, les rues se sont transformées en torrents. Les crues soudaines ont surpris habitants et automobilistes. Les autorités locales dressent désormais un bilan lourd : vingt-et-une personnes ont perdu la vie, emportées par les flots ou piégées dans leurs habitations.

Selon les services provinciaux, les opérations de secours se poursuivent sans relâche. Les équipes de ratissage fouillent encore certaines zones, à la recherche d’éventuelles personnes portées disparues. En parallèle, les autorités tentent de sécuriser les secteurs les plus touchés et d’accompagner les familles sinistrées.

Des quartiers entiers submergés

La médina de Safi a été particulièrement touchée. Au moins soixante-dix habitations et commerces ont été envahis par les eaux. Dix véhicules ont été emportés. Plusieurs axes routiers ont été coupés, paralysant une partie de la circulation urbaine.

Dans un premier bilan, trente-deux blessés avaient été admis à l’hôpital. La majorité d’entre eux a pu regagner son domicile après avoir reçu les soins nécessaires. Sur place, une fois l’eau redescendue, le paysage est resté figé dans la boue : voitures retournées, débris entassés, chaussées éventrées.

« Une journée noire » pour les habitants

Les images diffusées sur les réseaux sociaux témoignent de la violence du phénomène. On y voit une eau boueuse dévaler à grande vitesse, emportant poubelles et voitures. Ailleurs, un mausolée apparaît à moitié submergé, tandis que des embarcations de la Protection civile tentent d’évacuer des résidents pris au piège.

Le plus lourd bilan depuis une décennie

Les autorités et les observateurs s’accordent sur un point : il s’agit du bilan humain le plus grave lié à des intempéries de ce type au Maroc depuis plus de dix ans. En septembre 2024, des inondations dans le sud et le sud-est du pays avaient causé la mort de dix-huit personnes. En novembre 2014, plus de trente victimes avaient été recensées dans le sud du royaume. Et en 1995, les crues de la vallée de l’Ourika avaient fait plusieurs centaines de morts.

À Safi, cette nouvelle tragédie vient raviver le souvenir de ces drames récurrents.

Des phénomènes extrêmes accentués par le climat

Les services météorologiques avaient pourtant alerté. La Direction générale de la météorologie avait annoncé de fortes pluies orageuses pour le week-end, ainsi que des chutes de neige en altitude. Dimanche soir, elle a également prévenu de nouvelles précipitations attendues dans les jours suivants.

Selon des experts cités par l’AFP, le réchauffement climatique joue un rôle central. L’automne, autrefois saison de transition, conserve désormais une chaleur estivale et une forte humidité. Cette combinaison favorise des averses intenses et soudaines, difficiles à anticiper et à contenir.

Secours mobilisés et vigilance maintenue

Les autorités locales assurent que les efforts se poursuivent. Il s’agit à la fois de rechercher d’éventuelles victimes, de sécuriser les zones fragilisées et de rétablir les infrastructures endommagées.

À Safi, la nuit est tombée sur une ville meurtrie. Les eaux ont reflué, mais la douleur reste. Derrière les chiffres, ce sont des familles endeuillées, des quartiers bouleversés et une population confrontée, une fois de plus, à la brutalité des éléments.