Un meurtre raciste dans le Var : quand la haine et le racisme franchissent le seuil du terrorisme !

Le 31 mai dernier, un homme de 53 ans a tué de sang-froid son voisin tunisien dans une zone industrielle de Puget-sur-Argens (Var). En garde à vue, il a expliqué son geste par un mélange confus d’insécurité, de racisme et de convictions politiques.

Publié : 16 juillet 2025 à 11h09 par La Rédaction

Palais de justice
Crédit : Berta Ferrer - Pixabay

Pour la première fois, le parquet national antiterroriste qualifie ce crime d’ultradroite à caractère terroriste. Une dérive mortelle nourrie par la haine, la désinformation et un sentiment d’abandon. 

Une radicalisation explosive entre colère et préjugés

Christophe B., un quinquagénaire originaire des Vosges, a basculé dans la violence extrême après avoir publié sur Facebook une vidéo glaçante. Il s’y filme, souriant et provocateur, exhibant un arsenal d’armes à feu : « Ça, c’est qu’un pétard, mais y en a hein ! Il y a du pompe, il y a tout ce qu’il faut », lance-t-il avec une joie inquiétante. Puis, le ton change. Il crie son rejet virulent des musulmans et appelle à la violence : « Ce soir, on dit stop. Stop aux islamiques de mes deux. Putain de Français de mes deux, réveillez-vous ! »

Sa haine s’exprime clairement : il veut « faire un carton », ciblant les sans-papiers et tous ceux qu’il considère comme des étrangers indésirables. Ce discours xénophobe, relayé sur les réseaux sociaux, est suivi d’un passage à l’acte sanglant.

Un acte prémédité, sous l’emprise de l’alcool et d’une colère accumulée

Le matin du drame, Christophe B. commence sa journée en buvant plusieurs bières. L’après-midi, il participe à un barbecue arrosé, mêlant alcool et alcool fort. Le soir venu, tout bascule. Alors qu’il gare son 4x4, il croise son voisin Hichem Miraoui, un Tunisien de 46 ans. Selon ses dires, un regard hostile suffit à déclencher sa furie meurtrière.

Armé jusqu’aux dents, Christophe B. vide son chargeur sur Hichem, le touchant douze fois selon l’autopsie. Le voisin tombe, la tête tournée vers la porte d’entrée. Une minute plus tard, le soudeur vise un autre résident turc de 34 ans, qu’il blesse à la main, sans réussir à l’abattre.

Dans une folle fuite en avant, Christophe B. confie aux enquêteurs : « J’en ai marre, je veux buter tout le monde, je veux me buter, je veux m’en aller… C’était un film d’horreur en vrai. »

Une dérive alimentée par la désinformation et la peur

D'après l’enquête et des informations révèlées par nos confères Le Parisien ce mercredi 16 juillet,  le tueur n’a pas de doctrine politique claire, mais une colère nourrie par des idées racistes, des théories complotistes et une obsession de l’insécurité liée à l’immigration. « La France est en déliquescence », croit-il dur comme fer, convaincu que « l’altérité » est responsable de tous ses malheurs.

Ses proches décrivent un homme précarisé, marginalisé, aux idées de plus en plus virulentes. Ses publications Facebook témoignent de cette radicalisation : sur près de 300 posts, la moitié est clairement raciste, un quart complotiste. Des images insultantes de personnalités politiques et des propos islamophobes confirment cette pente glissante vers la haine. 

Les enquêteurs ont également retrouvé sur son téléphone des images de croisés et un montage montrant Marine Le Pen tenant une pancarte sur laquelle est inscrit « Bon ramadan les bougnoules », illustrant l’ancrage idéologique du quinquagénaire.

Des vidéos haineuses qui contredisent sa défense

Malgré ses dénégations en garde à vue, où il minimise son geste à un simple conflit de voisinage et rejette la qualification de terroriste ou d’acte d’extrême droite, Christophe B. a filmé plusieurs vidéos de revendication. Il y exprime fièrement ses opinions racistes, appelle à « mieux voter » et revendique avoir tiré sur des « bicots », terme raciste désignant les Maghrébins.

Dans ces séquences, il clame son allégeance au drapeau français et appelle à l’élimination des « merdes » proches de chez lui, évoquant même la possibilité d’autres victimes.

Une mouvance d’ultradroite sans organisation, mais mortelle

Le parquet national antiterroriste s’est saisi de l’affaire, une première en France pour un homicide lié à l’ultradroite. Ce type de terrorisme inédit ne s’appuie sur aucune structure organisée, mais naît d’un terreau d’intolérance et de haine.

Les avocats des parties civiles dénoncent un climat délétère. Me Sefen Guez Guez déclare : « Le racisme et l’islamophobie d’atmosphère ont tué en France. Nous demandons à ce que toutes les responsabilités politiques soient tirées. Quand des mots politiques sont repris par un terroriste d’extrême droite, il y a une forme de complicité idéologique. »

Me Mourad Battikh ajoute : « La radicalisation ne s’est pas faite au nom d’un fondamentalisme religieux, mais d’un rejet viscéral de l’autre. Ce terrorisme émerge d’un sol fertile où prospèrent haine et peur. »