Sébastien Lecornu veut relancer la renégociation de l’accord franco-algérien de 1968 !

Sous pression politique après le vote d’une résolution du Rassemblement national à l’Assemblée, le Premier ministre a appelé à ouvrir « le plus vite possible » des discussions avec Alger autour du texte qui encadre depuis plus d’un demi-siècle les conditions de séjour des ressortissants algériens en France.

Publié : 5 novembre 2025 à 12h46 par La Rédaction

Sébastien Lecornu
Sébastien Lecornu
Crédit : Sébastien Lecornu - Instagram

Une relance annoncée dans un contexte tendu ! C’est face aux députés, en réponse à une question de Marine Le Pen, que Sébastien Lecornu a réaffirmé sa position. Le Premier ministre n’entend pas supprimer l’accord signé en 1968 entre Paris et Alger. En revanche, il plaide pour le réviser, comme cela a déjà été fait à plusieurs reprises. « Je ne crois pas à l'abrogation de cet accord, mais à sa renégociation », a-t-il déclaré, tout en insistant sur la nécessité d’aller vite.

Cette prise de parole intervient quelques jours après l’adoption, à une courte majorité, d’une résolution du Rassemblement national visant à « dénoncer » cet accord migratoire jugé avantageux pour les ressortissants algériens. Ce vote a donné un écho politique fort à un dossier déjà sensible, dans un climat marqué par des débats récurrents sur l’immigration.

Marine Le Pen, à l’origine de la question, a qualifié le texte de « peu glorieux pour l’Algérie et léonin pour la France ». Elle continue de défendre l’idée d’une abrogation pure et simple. Sébastien Lecornu, lui, dit vouloir replacer l’échange dans une logique d’intérêts partagés, au-delà de la seule question migratoire.

Une discussion qui dépasse la seule question des visas

Pour le chef du gouvernement, cet accord ne peut être réduit à la circulation des personnes. Il renvoie à un ensemble plus large d’enjeux diplomatiques. Il évoque notamment la coopération antiterroriste, l’évolution de la situation au Sahel, la sécurité maritime ou encore les relations économiques.

Ces sujets avaient été mis à l’écart ces derniers mois, après une période de gel complet des échanges entre les deux pays. La coopération migratoire avait alors été suspendue, sur fond de désaccords politiques. Le départ de Bruno Retailleau du ministère de l’Intérieur, favorable à une ligne dure vis-à-vis d’Alger, et son remplacement par Laurent Nuñez, issu de la haute administration, ont cependant permis de renouer des contacts plus discrets.

Sébastien Lecornu insiste sur la méthode. Selon lui, la France doit avancer avec prudence, dans une relation qu’il présente comme sensible et stratégique. « Il s'agit d'un sujet bilatéral, de respect, qu'il convient à mon avis de traiter avec beaucoup de sang-froid », a-t-il affirmé, rappelant l’importance de préserver un dialogue serein entre les deux États.

Entre souveraineté, intérêts stratégiques et diplomatie fine

Le Premier ministre dit vouloir « repartir de nos intérêts plus globaux ». Il souligne que la France doit affirmer sa position tout en tenant compte de la souveraineté algérienne. « Quels que soient nos désaccords, on doit être capables de mener une discussion qui soit exigeante et qui protège nos intérêts », a-t-il insisté.

Ce dossier se mêle à d’autres préoccupations diplomatiques. Paris affirme rester mobilisé pour obtenir la libération de deux ressortissants français emprisonnés en Algérie : l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal et le journaliste Christophe Gleizes. Le gouvernement souhaite intégrer cette question dans les échanges à venir, sans en faire un point de blocage.

La perspective de relance de la commission intergouvernementale franco-algérienne, interrompue en 2022, apparaît désormais comme le cadre envisagé pour rouvrir la discussion.

Une renégociation sous haute surveillance politique

Pour Sébastien Lecornu, la ligne est claire : maintenir un canal diplomatique ouvert, ne pas transformer le dossier algérien en instrument politique interne et avancer par étape. « Ne jamais faire de la question de l'Algérie un sujet de politique intérieure en France », promet-il.

Reste que la pression est forte. L’extrême droite compte sur ce débat pour imposer son agenda migratoire. Alger, de son côté, observe attentivement les signaux envoyés par Paris.