Hommage aux pionniers de l’immigration marocaine : une mémoire célébrée à Paris !

Ils ont bâti leur vie entre deux rives. À Paris, l’ambassade du Maroc a salué ces pionniers de l’immigration, leur rendant un hommage aussi symbolique qu’émouvant.

Publié : 9 juillet 2025 à 9h11 par La rédaction

Les pionniers de l'immigration marocaine en France (Ambassade du Royaume du Maroc en France)
Crédit : Ambassade du Royaume du Maroc en France - X

Ils sont venus en France dans les années 1950 et 1960, souvent avec peu de choses, mais avec une immense volonté. L’ambassade du Maroc à Paris leur a rendu un hommage solennel et émouvant. Un geste fort, qui célèbre le courage d’une génération et tisse les fils d’une mémoire partagée entre deux nations.

Des parcours silencieux enfin reconnus

Dans le calme feutré du 16e arrondissement de Paris, la chaleur n’a pas empêché l’affluence. Robes traditionnelles, tarbouches et sourires émus. Une cinquantaine de Marocains, installés en France depuis plus de soixante ans, ont franchi les portes de la représentation diplomatique pour recevoir une médaille du mérite. Derrière les rideaux de velours et sous les dorures des salons de l’ambassade, la reconnaissance officielle a enfin pris le relais de décennies de silence.

Parmi les personnes honorées : d’anciens ouvriers, mineurs, artistes ou femmes au foyer. Le plus âgé, Bennaceur Yaou, a 95 ans. Le plus jeune, Mohamed El Kahodi, en a 75. Tous ont en commun un parcours de labeur, de dignité et de transmission. « Les valeurs qu’ils ont en partage et qu’ils ont transmis à leurs descendants racontent une certaine idée du Maroc et de la dignité humaine », souligne un communiqué officiel. « Leurs parcours disent une histoire de courage, de persévérance et de solidarité. »

Une reconnaissance nationale et symbolique

Organisée en simultané avec d’autres cérémonies dans les consulats généraux du Royaume, cette soirée à Paris s’inscrit dans une volonté affichée du Maroc de mettre à l’honneur sa première génération d’immigrés. Un hommage personnel mais aussi politique. « Il s’agit aussi d’offrir aux générations actuelles un modèle de résilience et de dignité, en reconnaissant publiquement l’apport des anciens afin de tisser une mémoire partagée, base essentielle d’un vivre-ensemble », affirme l’ambassade.

Ce lien humain entre le Maroc et la France, souvent réduit à l’aspect administratif ou économique de la migration, est ici revalorisé comme une « histoire humaine et concrète », portée par des visages, des gestes et des récits.

Des voix pour transmettre l’histoire

La cérémonie a réuni de nombreuses personnalités : Samira Sitaïl, ambassadrice du Maroc en France, Samir Addahre, ambassadeur auprès de l’UNESCO, Driss El Yazami, président du CCME, et Amine El Farissi, directeur de Royal Air Maroc Europe-Amérique. Tous ont salué le rôle fondateur de ces pionniers dans l’enracinement des liens entre les deux pays.

Deux figures de la nouvelle génération ont aussi été mises à l’honneur. Nadia Aoi Ydi, auteure du livre Dans le cœur de mon père, et Dounia Hannach, réalisatrice du court-métrage Bwa sido, ont rendu hommage à leurs pères à travers leurs œuvres. Des témoignages artistiques qui prolongent la mémoire au-delà de l’événement, dans les livres et les écrans.

Une diaspora au cœur des priorités royales

Ce geste de reconnaissance s’inscrit dans une dynamique plus large. Dès novembre 2024, le roi Mohammed VI a annoncé une transformation dans la gestion des affaires de la diaspora marocaine. Objectif : mieux intégrer les héritages migratoires dans le tissu national et renforcer les liens intergénérationnels.

À Paris comme dans d'autres capitales européennes, les représentations marocaines jouent un rôle actif dans cette démarche. À l’image du consul général du Maroc à Bruxelles, Hassan Touri, qui saluait récemment « une formidable aventure humaine, sur le plan individuel et collectif ».

Un pont de mémoire entre deux rives

Cet hommage n’est pas qu’une cérémonie de plus. Il incarne une volonté de reconnaissance, longtemps attendue par celles et ceux qui ont bâti leur vie entre deux rives. Il rappelle aussi que la migration n’est pas qu’un chiffre, mais une suite d’histoires, de sacrifices et d’amours silencieux. Aujourd’hui, le Maroc leur dit merci. Et la France, peut-être, les regarde enfin autrement.