Du drame d’Agadir à la rue, la jeunesse marocaine réclame des réformes !
La jeunesse marocaine est descendue massivement dans la rue. Sous l’étiquette « GenZ212 », des milliers de jeunes ont protesté dans une dizaine de villes du royaume (Rabat, Casablanca, Marrakech, Agadir, Tanger, etc.) pour dénoncer la dégradation des services publics et réclamer des réformes urgentes.
Publié : 1er octobre 2025 à 2h12 par La Rédaction
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Cette fronde a été en partie galvanisée par « le décès de 8 femmes à l’hôpital d’Agadir », événement tragique survenu le 14 septembre dernier « Le peuple veut la santé, l’éducation et qu’on lui rende des comptes », scandaient les manifestants. Derrière ces manifestations spontanées se cache le collectif anonyme GenZ212 – un nom qui fait référence à la génération Z (nés entre 1997 et 2012) et à l’indicatif téléphonique du Maroc (212). Selon Le Monde, ce groupement, diffusant ses appels à manifester sur des réseaux comme Discord et TikTok, rassemble plusieurs milliers de membres (plus de 9.000 inscrits sur Discord d’après le média marocain Media24). Courant sur les plateformes numériques, le mouvement s’est auto-affirmé comme « un espace de discussion sur des questions qui concernent tous les citoyens, comme la santé, l’éducation et la lutte contre la corruption ».
Des revendications sociales et économiques
Les revendications des protestataires ont été clairement articulées. Partout on réclamait une « réforme urgente des systèmes d’enseignement et de santé publics » ainsi que la lutte contre la corruption. Comme le souligne le presse marocaine, ces jeunes ont manifesté « pour dénoncer la dégradation des conditions sociales et économiques, réclamer des réformes dans les secteurs de l’éducation et de la santé, élargir les opportunités d’emploi et lutter contre la corruption ».
Elle confirme que « des jeunes de la génération Z ont manifesté pour l’éducation, la santé et l’emploi », demandant notamment une création d’emplois et un meilleur soutien social, qui ne se limite pas « aux projets liés à l’organisation de la Coupe du Monde 2030 ».
L’absence d’horizon économique pèse lourdement sur cette cohorte. Le Maroc connaît un chômage élevé des jeunes (près de 35,8 % chez les 18-24 ans selon le Haut-Commissariat au plan) et des perspectives limitées de promotion sociale. Les slogans portés par les manifestants témoignaient de cette colère : « le droit à un emploi digne » et « une vie décente » figuraient parmi les revendications.
L’hôpital d’Agadir, symbole du malaise
Au cœur de la colère s’est trouvé le drame de l’hôpital Hassan-II d’Agadir. Début septembre, huit femmes enceintes y sont mortes en l’espace de quelques jours pendant leur accouchement – un drame soulignant « l’état de délabrement avancé » de l’établissement. Comme le rappelle Le Monde, ces décès « sont survenus dans un contexte tendu », accusant un manque d’équipements et de personnel dans l’hôpital public d’Agadir. Le directeur de l’hôpital a été limogé peu après, mais le choc émotionnel a été immense.
L’absence de locaux scolaires adaptés ou de professeurs suffisants dans les universités, l’augmentation du coût de la vie ou encore la persistance du clientélisme politique ont nourri la contestation. Le collectif GenZ212 s’est emparé de ce sentiment d’urgence sociale pour appeler à manifester début septembre, en puisant dans des discussions sur les réseaux sociaux (Discord, YouTube, TikTok) qui fédéraient déjà plusieurs milliers de jeunes.
Des slogans « sportifs » pour interpeller le pouvoir
La mobilisation de la Génération Z s’est aussi exprimée par des slogans chocs mettant en rapport les dépenses publiques sportives et les besoins sociaux. Particulièrement, le Maroc se prépare à accueillir le CAN 2025 et une partie de la Coupe du monde de football 2030. Le gouvernement a lancé des chantiers de stades colossaux (au moins trois nouveaux stades et de multiples rénovations).
Cette lourde préparation a suscité l’indignation de certains manifestants : selon l’AFP, on pouvait lire sur leurs pancartes « Les stades sont prêts, mais où est l’hôpital ? », ou « La santé d’abord, pas de Coupe du Monde ».
Pour beaucoup de jeunes Marocains, ces priorités budgétaires sont mal à propos. La plupart dénoncent la corruption et l’oubli des besoins fondamentaux : à leurs yeux, financements pour la Coupe 2030 et autres grands projets d’infrastructure (hydrogène vert, data centers, intelligence artificielle, ligne à grande vitesse…sont « éloignés des priorités sociales » du pays.
Répression et réactions du pouvoir
Les autorités ont tenté de freiner ces rassemblements. Les manifestations ont souvent été interdites et dispersées par la police. Selon l’Association marocaine des droits humains (AMDH) et l’AFP, plusieurs dizaines de manifestants ont été interpellés, puis relâchés après vérification d’identité.
Le Monde rapporte qu’une « soixantaine de jeunes ont été interpellés à Rabat » lundi 29 septembre lors d’une nouvelle journée de manifestations, et un leader de l’AMDH estime que la centaine d’arrestations s’est étendue aux principales villes (Casablanca, Agadir, Tanger, Meknès…).
Officiellement, le ministère de l’Intérieur justifie ces interventions par le maintien de l’ordre public. Un communiqué évoque un « équilibre » entre sécurité et liberté de manifester, précisant que les manifestations avaient été interdites « en raison d’appels anonymes diffusés sur les réseaux sociaux ».
Plusieurs partis d’opposition et ONG (PMDH, parti islamiste PJD, Fédération de la gauche démocratique…) ont dénoncé ces interpellations comme une « répression » et une atteinte au droit de manifester.
Face aux critiques, le gouvernement réaffirme son plan de « relance sociale » et rappelle que des réformes – notamment dans la santé – sont en cours. Ainsi le Premier ministre Aziz Akhannouch (aussi maire d’Agadir) a souligné avoir « mené à bien des réformes, augmenté les dépenses et [être] en train de construire des hôpitaux dans toutes les régions du pays », expliquant que les problèmes « étaient hérités du passé ».
Entre colère sociale et espoir de changement
La mobilisation de la Génération Z au Maroc soulève de nombreuses questions. D’une part, elle prouve que cette cohorte, longtemps perçue comme apolitique ou consumériste, peut se rassembler rapidement en dehors des structures traditionnelles (partis, syndicats).
Quoi qu’il en soit, à court terme, cette vague de protestations a déjà fait bouger les lignes : limogeage de responsables locaux de l’hôpital d’Agadir, promesse de nouvelles écoles et dispensaires, ouverture d’un dialogue social partiel. Reste à voir si les promesses gouvernementales suivront les slogans dans la rue. Car comme le résume un militant de la Gen Z : « le Maroc ne peut plus se permettre le luxe d’avoir des hôpitaux en panne ou des écoles dysfonctionnelles ».
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