"Bons baisers du bled", un documentaire entre nostalgie, humour et douleur de l’exil !

11 décembre 2023 à 18h46 par La rédaction

Depuis les années 1970, l'été revêt une signification particulière pour de nombreuses générations d'enfants immigrés maghrébins nés en France. Il symbolise le moment des vacances au Maroc, en Algérie, ou en Tunisie - le pays de leurs parents. Cette période est emblématique, marquée par les images de milliers de voitures surchargées filant vers la Méditerranée.

Bons baisers du bled
Crédit : France TV

Linda Bendali, journaliste d’investigation, à explorer une facette de son histoire personnelle en relatant ce voyage, percevant un « retour aux origines » pour les parents de première génération, et un « univers inconnu » pour leurs enfants.

À travers les archives filmées du voyage et des vacances au « bled », les témoignages intimes se mêlent d'humour et d'émotion, reflétant la nostalgie et la douleur de l'exil à travers son reportage « Bons baisers du bled ».

Naïma Yahi, historienne spécialiste de l'histoire culturelle des Maghrébins en France, enrichit ces récits de sa propre analyse, dépeignant ces épopées estivales débutant par le départ de ces voitures pliant sous le poids des bagages. Cette image illustre le défi amusant de « faire entrer l’équivalent d’un appartement dans une voiture ».

Les vacances franco-maghrébines à travers les âges

Les préparatifs pour ces voyages étaient eux-mêmes évocateurs, marqués par la recherche des cadeaux parfaits, souvent achetés chez Tati ou sur les marchés, afin de gâter la famille au pays sans se ruiner. Le périple en voiture, long et épuisant, se faisait sans escales dans les hôtels onéreux, les aires de repos remplaçant ces luxes.

Ce rituel estival était plus qu'une tradition pour les milliers d'immigrés venus d'Algérie, du Maroc, ou de Tunisie en France pendant les Trente Glorieuses. Pensant être de passage, ils maintenaient des liens forts avec leur pays d'origine.

Ce documentaire « Bons baisers du bled » met en lumière ces vacances à travers les yeux de la deuxième génération, née ou arrivée très jeune en France.

Les vacances d'une enfance partagée

A travers le document, plusieurs personnes partagent leurs souvenirs poignants de ces longs voyages vers la méditerranées. Ils évoquent les motivations de leurs parents, l’atmosphère unique de ces séjours, oscillant entre la découverte de leurs origines et une quête identitaire. 

Les préparatifs, les bagages prioritaires sur les enfants, la route éprouvante, et l'arrivée dans une chaleur étouffante marquent ces voyages. Pour les parents, c'était un moment de retrouvailles, de rêves et de projets pour l'avenir.

L'été comme miroir d'une double identité

Ce voyage pour les enfants représentait un choc culturel, confrontant la réalité à leurs fantasmes. Les traditions vestimentaires, culinaires, et religieuses durant l'été reflétaient une double culture, forgeant une partie de leur identité et influençant les projets de retour définitif de leurs parents.

En effet, la France est devenue une part essentielle de leur identité, particulièrement pour ceux qui ont revendiqué leurs droits et leurs différences lors de la Marche des beurs en 1983. Linda, qui avait témoigné dans le reportage, se considérant comme un « produit de ces deux cultures », tire le meilleur de cette dualité culturelle. 

Ces voyages, plus qu'une simple tradition, représentent un héritage culturel et identitaire profond, tissant des liens indélébiles entre le passé, le présent et l'avenir de ces générations.