Ziad Rahbani, l’âme rebelle et artistique du Liban, s’est éteint !
Publié : 26 juillet 2025 à 21h07 par La Rédaction
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Le Liban perd ce samedi 26 juillet 2025 une de ses figures artistiques majeures. Ziad Rahbani, compositeur, pianiste et metteur en scène, est décédé à Beyrouth après des problèmes de santé. Né en 1956 dans une famille aux racines culturelles profondes, il s’est imposé très jeune comme une voix unique, mêlant humour corrosif et engagement politique, devenant un symbole pour toute une génération.
Un héritage familial et une carrière précoce
Fils aîné de la légendaire chanteuse Fairuz et du compositeur Assy Rahbani, Ziad est né dans une famille orthodoxe libanaise. Très tôt, il montre un talent exceptionnel. À seulement 13 ans, il publie un livre. Sa carrière musicale démarre en 1973, quand, à 17 ans, il compose la chanson Sa’alouni El Nas pour sa mère, qui connaît un succès immédiat. Très vite, il enchaîne les pièces de théâtre, chansons et émissions satiriques à la radio, marquant de son empreinte le paysage culturel libanais.
Un artiste engagé au cœur de la guerre civile
La décennie 1970 est marquée par la guerre civile au Liban. Ziad Rahbani, communiste de conviction et voix étudiante rebelle, devient un phénomène social. Ses pièces, souvent critiques et provocantes, bousculent les tabous et reflètent la réalité douloureuse du pays. Parmi ses œuvres marquantes figurent Nazl e’ssourour (1974), Binnisbi la boukra shou ? (1978), Film amerki tawil (1981) et Chi fechil (1983). Ces créations portent un regard prémonitoire sur les déchirements de la société libanaise.
Une satire avant-gardiste dans l’après-guerre
Après la fin des hostilités, Rahbani explore la politique et la psychologie humaine à travers des personnages complexes. Ses pièces De la dignité et des têtes de mule (1993) et L’Espoir fait vivre (1994) choquent par leur audace.
Un musicien hors pair et un créateur transgénérationnel
Si Ziad Rahbani a brillé dans le théâtre, il se définit avant tout comme pianiste et compositeur. Depuis la mi-1990, il se consacre presque exclusivement à la musique. Ses concerts à Beyrouth, qu’ils soient dans des bars underground ou lors de festivals prestigieux comme celui de Beiteddine, attirent un public divers, mêlant jeunes et moins jeunes. Sa musique mélange jazz, classique et musique orientale, offrant un univers à la fois riche et accessible.
Une empreinte dans le cinéma
Ziad Rahbani a également contribué à plusieurs bandes originales de films. Il apparaît en musicien dans Nahla (1979), et compose pour des productions libanaises, syriennes et saoudiennes, comme Les faits de l'année prochaine (1985) ou Civilisées (1999). Il incarne aussi un lieutenant druze dans Le Cerf-volant (2003), renforçant ainsi sa présence artistique sur différents supports.
Un hommage national unanime
À l’annonce de sa mort, le président libanais Joseph Aoun a rendu un vibrant hommage : « Ziad Rahbani n’était pas simplement un artiste, mais une véritable figure intellectuelle et culturelle à part entière. Bien plus encore, il était une conscience vivante, une voix rebelle face à l’injustice, un miroir fidèle des opprimés et des marginalisés […] il écrivait la douleur des gens. […] À travers son théâtre engagé et sa musique débordante de créativité, oscillant entre classique, jazz et musique orientale, il a offert une vision artistique unique, ouvrant de nouvelles fenêtres à l’expression culturelle libanaise, atteignant l’universalité avec brio. »
Discographie et héritage musical
Parmi ses nombreuses œuvres, on compte des albums emblématiques comme Bil Afrah (1977), Kyrie Eleison (1977), ou encore Ila Assi (1995), un hommage à son père. Il a également travaillé en étroite collaboration avec Fairuz, signant plusieurs compositions pour elle et dirigeant artistiquement ses concerts, notamment au Royal Festival Hall de Londres en 1986. Sa musique continue d’influencer de nombreux artistes au Liban et dans le monde arabe.
Ziad Rahbani laisse derrière lui un legs immense, celui d’un artiste libre, passionné et profondément humain. Il a su, par son art, traduire la complexité d’un pays marqué par la guerre et les conflits, offrant à la fois une critique sociale et une fenêtre vers l’espoir. Son nom restera gravé dans la mémoire collective libanaise comme celui d’une voix incontournable de la culture et de la conscience.
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