Yasmine Belkaid, immunologue franco-algérienne, entre à l’Académie des sciences !

Une consécration pour cette chercheuse mondialement reconnue, devenue un pilier de l’immunologie moderne. Son engagement en faveur de la science et sa contribution exceptionnelle à la compréhension des interactions entre microbes et système immunitaire sont aujourd’hui salués au plus haut niveau.

Une scientifique honorée parmi l’élite

La cérémonie s’est déroulée à Paris, au cœur de l’une des institutions les plus anciennes et prestigieuses du monde scientifique, fondée en 1666. Aux côtés de 17 autres personnalités, Yasmine Belkaid a été accueillie au sein de l’Académie des sciences, qui compte aujourd’hui près de 300 membres, dont plusieurs prix Nobel.

Connue pour ses recherches pionnières dans le domaine de l’immunologie, elle devient l’une des premières femmes d’origine maghrébine à intégrer cette assemblée. Dans un message partagé sur LinkedIn, elle s’est dite profondément touchée : « J’ai eu l’honneur de rejoindre l’Académie des sciences. Je suis particulièrement fière qu’une majorité de femmes aient été élues cette année, pour la première fois. »

De l’Algérie aux États-Unis : un parcours de passion et de rigueur

Née à Alger en août 1968, Yasmine Belkaid grandit dans une famille marquée par l’histoire. Son père, Aboubakr Belkaid, ancien ministre et figure de la résistance anticoloniale, a été assassiné durant la décennie noire. Après des études en biochimie à l’université Houari-Boumédiène, elle quitte l’Algérie pour la France.

Elle soutient sa thèse à l’université Paris-Sud et à l’Institut Pasteur en 1996, avant de poursuivre ses recherches aux États-Unis. Elle y intègre les prestigieux National Institutes of Health (NIH), où elle crée et dirige le programme sur le microbiome et l’immunité de l’hôte. Elle devient également professeure associée à l’université de Pennsylvanie.

Une pionnière de l’immunologie des muqueuses

La communauté scientifique internationale salue ses travaux sur les interactions entre le microbiote et le système immunitaire. L’Académie des sciences a tenu à rappeler l’importance de ses recherches, notamment dans la régulation immunitaire au niveau des barrières naturelles comme l’intestin et la peau.

Elle a permis d’identifier des mécanismes clés dans la persistance des infections, en mettant en lumière le rôle central des cellules T régulatrices, induites notamment dans l’environnement intestinal. Ces découvertes offrent de nouvelles pistes pour le traitement des maladies infectieuses et inflammatoires chroniques.

« Consacrer ma vie à la recherche scientifique est un plaisir incomparable. C’est un voyage rempli de découvertes, de merveilles et de questions. J’ai choisi d’explorer la relation extraordinaire entre le système immunitaire et les microbes », a-t-elle confié avec émotion.

Une femme engagée, une voix pour la science

Yasmine Belkaid n’est pas seulement une chercheuse de renom. Elle est aussi une voix engagée. En juillet 2024, elle reçoit le prestigieux « prix des génies arabes » en médecine. Quelques mois plus tôt, à l’approche des élections législatives françaises, elle publiait une tribune dans Le Monde, alertant sur les dangers que ferait peser, selon elle, l’extrême droite sur l’avenir de la recherche : « Pour la recherche scientifique, l’accession au pouvoir du RN représente une menace sans précédent. »

Depuis janvier 2024, elle dirige l’Institut Pasteur à Paris, première femme franco-algérienne à occuper cette fonction. Un mandat de six ans à la tête d’une institution qu’elle connaît bien, et qu’elle continue de faire rayonner à l’échelle internationale.