Thierry Ardisson s’en est allé, en noir et en lumière !
Figure incontournable de la télévision française, Thierry Ardisson s’est éteint aujourd’hui. Il laisse derrière lui une œuvre hybride, entre impertinence et mise en scène, télé et littérature, provocation et élégance. Portrait d’un homme qui avait prévu même sa mort.
Publié : 14 juillet 2025 à 19h06 par La Rédaction
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Il voulait qu’on se souvienne de lui comme de quelqu’un « qui avait des idées ». Il en avait, et pas qu’un peu. Thierry Ardisson, le provocateur élégant, l’homme de la nuit et du verbe, s’est éteint ce lundi 14 juillet 2025 à l’âge de 76 ans. Une date symbolique, comme choisie pour marquer l’histoire. Son dernier souffle, il l’a rendu entouré des siens, après avoir livré sa dernière bataille contre un cancer du foie. Retour sur une vie aussi flamboyante qu’insolente, celle d’un homme qui n’a jamais voulu faire de la télé "low-cost".
Un esprit libre jusqu’au bout
C’est dans L’Homme en noir, publié deux mois avant sa disparition, qu’il avait mis en scène sa propre mort. Pas par morbide obsession, mais par volonté de tout contrôler. « J’ai eu l’idée d’un jugement dernier sous acide, un show impossible où débarquent des personnalités et des proches », écrivait-il. Il avait même imaginé la playlist : Lazarus de Bowie et In My Life des Beatles. Et à l’écran de cette cérémonie fictive, peut-être l’aurait-on vu, une dernière fois, derrière ses célèbres lunettes noires.
Il avait prévenu : « Le jour où je sentirai la fin approcher, je déciderai de tous les détails pour mon enterrement ». Ce ne furent pas des mots en l’air. Son entourage l’a confirmé, sans en dévoiler les contours. Mais une chose est sûre : Thierry Ardisson est parti comme il a vécu. Avec style, courage et liberté.
Une trajectoire hors-norme, de la pub à la télévision
Né le 6 janvier 1949 à Bourganeuf, dans la Creuse, Thierry Ardisson a passé une partie de son enfance en Algérie, au rythme des chantiers de son père, ingénieur dans le BTP. Son père avait été affecté à la base militaire de Mers el-Kébir, où la famille séjourna plusieurs années. Très jeune, il découvre l’univers de la nuit en devenant DJ à Juan-les-Pins. Mais c’est à Paris qu’il trouve sa voie, dans la publicité d’abord, où il impose des slogans devenus cultes comme « Quand c’est trop, c’est Tropico » ou « Lapeyre, y’en a pas deux ».
Créatif de génie, il révolutionne le format télévisuel dès les années 80 avec Bains de minuit ou Lunettes noires pour nuits blanches. Provocateur assumé, il impose des interviews millimétrées, truffées de questions « cons », qui feront sa marque de fabrique. Guillaume Durand le qualifiait de « l’un des plus grands intervieweurs des trente dernières années ».
Des émissions devenues mythiques
Tout le monde en parle, Paris Dernière, Salut les Terriens !, Les Terriens du samedi… La télévision française lui doit quelques-uns de ses formats les plus percutants. Toujours sur le fil, parfois polémique, Thierry Ardisson savait manier l’audace sans jamais tomber dans la vulgarité gratuite. Il aimait provoquer, mais encore plus surprendre.
Parallèlement à la télévision, il publie plusieurs ouvrages à succès, dont Louis XX : Contre-enquête sur la Monarchie et Confessions d’un baby-boomer, qui deviendront des best-sellers.
Il s’est aussi imposé comme producteur au cinéma avec des longs-métrages comme Max, Les Souvenirs ou Comment c’est loin, révélant un autre pan de sa créativité.
« Il était flamboyant, érudit, excessif, provocateur évidemment », écrit Léa Salamé sur instagram dans un hommage poignant. « Il savait que ‘Dieu n’aimait pas les tièdes’ et il n’était pas tiède. » Elle se souvient aussi de « l’homme amoureux », de son regard pour Audrey Crespo-Mara, sa compagne, qu’il épouse en 2014. « Rarement vu un homme qui regarde sa femme avec autant d’amour et de tendresse », confie-t-elle.
Une voix, des mots, un regard
Au-delà de la télévision, il écrivait. Des romans, des pamphlets, des autobiographies, des essais. Il signait ses textes comme il construisait ses émissions : en bousculant les formes. Royaliste convaincu, il se disait favorable à une monarchie constitutionnelle à la française, citant régulièrement le modèle de Westminster.
En parallèle de ses activités d’animateur, il avait également rejoint la bande des Grosses Têtes de Laurent Ruquier sur RTL, marquant ainsi son empreinte sur les ondes.
Ses obsèques, à son image, seront « scénarisées ». Il avait laissé des consignes précises. Parmi elles : la présence des trois femmes qu’il avait épousées. Ce désir de mise en scène, il ne l’aura jamais quitté. Même face à la mort.
En 2024, il est fait chevalier de la Légion d’honneur par Emmanuel Macron, en reconnaissance de ses 57 années de carrière au service de l’audiovisuel. Une distinction qu’il accueille avec fierté, comme un ultime clin d’œil à son parcours.
Un dernier adieu
« C’est toute une partie de ma vie qui s’en va », a confié Philippe Corti, son ami et DJ de Tout le monde en parle. « Il était arrogant. Il était orgueilleux. Il avait beaucoup de défauts... mais il savait les reconnaître. Et il aimait profondément les gens. »
L’émotion est également palpable du côté du monde politique. Sur X (anciennement Twitter), Rachida Dati, ministre de la Culture, a salué « l’homme en noir » qui « savait capter l’époque, la décrypter avec irrévérence et la décrire avec intelligence ». « Avec son style inimitable, son esprit libre et son goût de la transgression, il avait façonné la télévision d’aujourd’hui. Il restera pour toujours l’une des plus grandes figures du paysage audiovisuel français. »
Thierry Ardisson, c’était un style, une voix, une signature. Un homme qui rêvait d’être écrivain et qui aura écrit l’histoire de la télé. Jusqu’au bout, il a été fidèle à sa maxime : « Il avait des idées ». Et elles continueront de résonner longtemps dans nos mémoires.
Rideau sur l’homme en noir
Il maniait les mots comme d'autres manient la lumière : pour mieux faire jaillir l’ombre. En Thierry Ardisson, il y avait le feu sacré des insolents, le goût du risque, et ce mystère rare des hommes qui préfèrent déranger plutôt que plaire. Il ne cherchait pas à durer, mais à marquer. Aujourd’hui, le silence lui va bien. Il le prolonge.
Beur FM salue sa mémoire et présente ses condoléances les plus attristées à sa famille et à tous ceux qui l’ont aimé.
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