Plus de 2 100 enfants dorment dans la rue avant la rentrée 2025 !

Le dernier baromètre UNICEF/FAS révèle une situation dramatique : 2 159 enfants, dont 503 âgés de moins de trois ans, sont restés sans solution d’hébergement après un appel au 115. Malgré les promesses de l’État, le phénomène s’aggrave année après année.

Publié : 29 août 2025 à 1h08 par La Rédaction

Enfant - triste
Crédit : Alexa - Pixabay

À quelques jours de la rentrée scolaire, le baromètre annuel publié par l’UNICEF France et la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS) dresse un tableau alarmant. Dans la nuit du 18 au 19 août 2025, 2 159 enfants, dont 171 nourrissons de moins d’un an, ont passé la nuit sans toit après l’appel de leurs parents au numéro d’urgence 115.

Il s’agit d’une augmentation de 6 % par rapport à 2024 et de 30 % depuis 2022, alors même que l’État s’était engagé à atteindre le « zéro enfant à la rue ». Pour Adeline Hazan, présidente de l’UNICEF France, la situation traduit « un baromètre des renoncements. Ceux que nous ne pouvons pas admettre plus longtemps sans nous déshumaniser ».

Les familles, premières victimes

Parmi les 6 738 personnes sans solution recensées, 60 % étaient des familles, soit 4 036 personnes. La FAS souligne que 79 % d’entre elles avaient déjà dormi dehors la veille de leur appel, preuve de l’ancrage croissant des parcours de rue.

Les femmes seules avec enfants sont particulièrement touchées : 1 407 recensées cette année, soit une hausse de 58 % depuis 2022. Plus largement, le nombre de femmes sans abri explose, confirmant les constats du Sénat et des associations de terrain.

Des territoires tous concernés, des Outre-mer en alerte

La crise touche tout le pays, mais certaines régions sont en première ligne : Île-de-France, Auvergne-Rhône-Alpes, Occitanie et Hauts-de-France.

Dans les territoires ultramarins, le constat est encore plus inquiétant : près de 600 000 personnes y vivent sans logement digne. À La Réunion, plus de 1 000 enfants étaient déjà sans solution en 2024, dont 330 de moins de 3 ans. À Mayotte, un tiers de la population vit en habitat précaire, aggravé par les cyclones et des expulsions massives.

Un système à bout de souffle

Les associations dénoncent une saturation chronique du parc d’hébergement. Si environ 203 000 places existent, elles restent insuffisantes face aux besoins. Pire, la sous-budgétisation fragilise les structures : il manquerait 250 millions d’euros pour maintenir le parc à flot en 2025.

Au-delà de l’hébergement d’urgence, c’est toute la chaîne du logement qui est bloquée. La production de logements sociaux est en berne, tandis que les expulsions locatives explosent : 24 556 ménages expulsés en 2024, soit 29 % de plus que l’année précédente.

« La lutte contre le sans-abrisme est avant tout une question de volonté politique. Nous pouvons et devons agir. Ne nous résignons pas à voir des enfants naître, vivre et mourir dans la rue », a martelé Pascal Brice, président de la Fédération des acteurs de la solidarité.

Les recommandations des associations

À l’approche du débat budgétaire 2026, l’UNICEF et la FAS réclament : 10 000 places d’hébergement supplémentaires, dont 1 000 pour les femmes enceintes et sortant de maternité. Un plan national « Enfants mal-logés » financé au moins à hauteur des engagements du Pacte des solidarités. La création d’un observatoire national du sans-abrisme pour mieux suivre et coordonner les politiques publiques et une ne programmation pluriannuelle de l’hébergement et du logement, avec 200 000 logements sociaux par an, dont 60 000 très sociaux.

Une urgence humanitaire

En 2024, 31 enfants sont morts à la rue en France. Cette statistique glaçante illustre le caractère vital de la mobilisation.

« Chaque année, nous constatons avec indignation qu’un nombre croissant d’enfants dorment dans la rue, exposés à des conditions de vie indignes et à des dangers quotidiens. Ce qui fait défaut aujourd’hui, ce n’est ni l’expertise ni les solutions, mais la volonté politique de mettre fin à l’inacceptable », a insisté Adeline Hazan.

À quelques jours de la rentrée, les ONG préviennent : sans plan d’urgence, l’hiver 2025 pourrait être celui du basculement irréversible.