Nicolas Sarkozy condamné à cinq ans de prison dans l’affaire du financement libyen !

Le verdict est tombé. Le tribunal correctionnel de Paris a condamné Nicolas Sarkozy à cinq ans de prison, dont une partie ferme, pour association de malfaiteurs dans l’affaire du financement libyen de sa campagne présidentielle de 2007. L’ancien président a dénoncé une décision « d’une gravité extrême » et annoncé son intention de faire appel.

Publié : 25 septembre 2025 à 16h18 par La Rédaction

Nicolas Sarkozy
Crédit : European People's Party (EPP Summit October 2010) - Wikipedia (CC BY 2.0)

Un verdict historique ! La salle d’audience a retenu son souffle pendant de longues heures de lecture. Ce jeudi 25 septembre 2025, les juges ont tranché : Nicolas Sarkozy est reconnu coupable d’association de malfaiteurs et condamné à cinq ans de prison. La peine est assortie d’un mandat de dépôt à effet différé, ce qui signifie qu’il ne sera pas incarcéré immédiatement mais devra se présenter au parquet dans les semaines à venir.

À cette condamnation s’ajoutent 100 000 euros d’amende, une inéligibilité de cinq ans et l’interdiction d’exercer ses droits civiques, civils et familiaux pendant la même durée.

Le parquet national financier (PNF) avait requis une peine plus lourde : sept ans de prison, 300 000 euros d’amende et cinq ans d’inéligibilité. Les juges ont retenu une partie des chefs d’accusation, mais pas tous. L’ancien chef de l’État a été relaxé pour corruption passive, recel de détournement de fonds publics et financement illégal de campagne. Selon le tribunal, « une action positive de Nicolas Sarkozy en ce sens une fois élu ne ressort pas de la procédure ».

Le pacte avec Kadhafi au cœur du procès ?

L’accusation reposait sur l’hypothèse d’un « pacte de corruption » noué dès 2005 avec Mouammar Kadhafi. Le dictateur libyen aurait soutenu financièrement l’accession à l’Élysée de Nicolas Sarkozy.

Si l’existence de flux financiers massifs n’a pas pu être prouvée dans son intégralité, la justice a estimé qu’un système de corruption a bien existé autour de cette campagne.

Les juges ont également condamné plusieurs proches de l’ancien président :

  • Claude Guéant, son directeur de campagne, à six ans de prison pour corruption passive après avoir perçu 500 000 euros.
  • Alexandre Djouhri, intermédiaire dans les transactions avec la Libye, à six ans de prison.
  • Bechir Saleh, ex-directeur de cabinet de Kadhafi, à cinq ans de prison et quatre millions d’euros d’amende.
  • Wahib Nacer, banquier, à quatre ans de prison et deux millions d’euros d’amende.
  • Brice Hortefeux, ancien ministre, a été reconnu coupable d’association de malfaiteurs et condamné à deux ans de prison.

D’autres prévenus, comme l’ex-trésorier de campagne Éric Woerth, ont été relaxés.

Les réactions de Nicolas Sarkozy

À sa sortie du tribunal, Nicolas Sarkozy a dénoncé une décision injuste : « Ce qui s'est passé aujourd'hui, dans cette salle du tribunal correctionnel est d'une gravité extrême pour l'État de droit, la confiance que l'on peut avoir pour la justice », a-t-il déclaré d’un ton grave.

Quelques minutes plus tard, il a ajouté : « S'ils veulent absolument que je dorme en prison, je dormirai en prison mais la tête haute. Je suis innocent. Cette injustice est un scandale. »

L’ancien président a également annoncé son intention de faire appel : « Je déférerai aux convocations de la justice », a-t-il affirmé.

Une incarcération encore incertaine

La condamnation est assortie d’une exécution provisoire : elle s’appliquera même si l’ancien président interjette appel. Il sera convoqué par le procureur dans un délai maximum d’un mois, et pourrait être incarcéré dans les quatre mois à venir.

Une première convocation est déjà fixée au 13 octobre par le Parquet national financier afin de déterminer la date précise de son incarcération.

Cependant, son âge pourrait jouer un rôle. À 70 ans, Nicolas Sarkozy peut demander une libération conditionnelle anticipée, prévue par le code de procédure pénale pour les condamnés âgés. Cette option reste en suspens et devra être étudiée par la justice.

Une onde de choc politique et judiciaire

Le verdict marque une étape inédite dans l’histoire de la Ve République : jamais un ancien président n’avait été condamné à une peine aussi lourde dans une affaire de corruption internationale.

Pour le parquet, il s’agit d’une affaire emblématique : l’ancien président aurait scellé un « pacte de corruption faustien avec un des dictateurs les plus infréquentables de ces 30 dernières années » afin de satisfaire ses ambitions.

Les réactions en cascade

Dès l’annonce de la condamnation, les réactions politiques se sont multipliées. Marine Le Pen, condamnée elle-même à une peine d’inéligibilité quelques mois plus tôt, a dénoncé sur X « un grand danger » pour la démocratie en raison du choix de l’exécution provisoire.

Dans la majorité présidentielle, certains députés appellent au respect de la décision judiciaire, rappelant que la justice doit être indépendante.

Du côté des proches de Nicolas Sarkozy, le soutien reste entier. Son avocat, Jean-Michel Darrois, a fustigé « une justice très spéciale pour Sarkozy », parlant d’une « erreur lourde » et « incompréhensible ». Selon lui, « ce n’est pas Sarkozy qui met en danger la démocratie, mais plutôt de mauvaises décisions judiciaires ».

La colère et le soutien de Carla Bruni

À la sortie du tribunal, un incident a retenu l’attention. Carla Bruni-Sarkozy, visiblement bouleversée, a décroché la bonnette du micro de Mediapart, le site d’investigation à l’origine des révélations sur l’affaire, avant de la jeter aux pieds des journalistes.

L’ancienne Première dame a réaffirmé son soutien total à son mari, dénonçant une « chasse à l’homme » qui dure depuis plus d’une décennie.

Un procès hors norme

L’affaire dite du financement libyen est l’une des plus longues et complexes de la Ve République. Elle a mobilisé des magistrats, des enquêteurs et des témoins pendant plus de dix ans, pour tenter d’éclairer les liens entre Paris et Tripoli au début des années 2000.

La disparition de certains protagonistes, comme l’intermédiaire Ziad Takieddine, décédé en plein procès, a accentué le caractère romanesque et sulfureux de ce dossier.

Une décision qui fera date

La condamnation de Nicolas Sarkozy ouvre un nouveau chapitre judiciaire. En cas de confirmation en appel, elle marquera un précédent : celui d’un ancien président de la République envoyé en prison pour des faits liés à la corruption internationale.

Certes, Jacques Chirac avait été condamné en 2011 à deux ans de prison avec sursis dans l’affaire des emplois fictifs de la mairie de Paris. Mais jamais un président n’avait été confronté à une incarcération possible.

La possibilité pour Nicolas Sarkozy d’éviter la prison grâce à son âge reste en suspens. Néanmoins, les magistrats ont insisté : la peine est ferme et doit être exécutée.