Les violences conjugales en forte hausse, pendant cette période de confinement

Les interventions des forces de sécurité intérieure au domicile pour violences conjugales ont augmenté d'au moins 32% sur l'ensemble du territoire national depuis le début du confinement. Dans un communiqué, le HCE (Haut Conseil à l'Egalité entre les Femmes et les Hommes), a affirmé que la seule solution de protection est l'éviction des agresseurs.

Publié : 1er avril 2020 à 6h46 par Manuel Mariani

BEUR FM
Crédit : D.R.

Si le confinement au sein de nos maisons a pour but légitime d'assurer la protection sanitaire individuelle et collective, dans le contexte des violences conjugales, la maison n'est pas le lieu de la sécurité mais celui du danger. Ce danger est accru par le confinement dans des proportions alarmantes. Ainsi les interventions des forces de sécurité intérieure au domicile pour violences conjugales ont augmenté d'au moins 32% sur l'ensemble du territoire national depuis le début du confinement.

Le HCE s'est félicité des initiatives prises par le gouvernement pour mettre en place un plan d'urgence destiné à prendre en charge les femmes victimes de violences conjugales et leurs enfants. Cette situation de confinement appelle à la mise en œuvre de dispositifs et de pratiques professionnelles inédites pour assurer leur protection dans cette période de crise. Le confinement rend tout d'abord plus difficile le signalement des violences conjugales par les femmes victimes et le repérage par les tiers. Les opportunités ouvertes pour faciliter la révélation des faits dans les pharmacies et les centres commerciaux vont dans le bon sens.

Une vigilance particulière doit également être mise en œuvre dans l'accueil des femmes victimes au sein des commissariats et gendarmeries. Le HCE a soutenu le maintien de la plate forme d'écoute du 3919 et l'action des salarié(e)s et bénévoles des associations qui poursuivent leur accompagnement des femmes victimes de violences.

Le HCE a aussi salué l'action des forces de sécurité intérieure qui, malgré le confinement et les risques sanitaires, poursuivent leur mission de protection en intervenant au domicile des femmes victimes de violences conjugales. Sans leur intervention, aucune mise en sécurité ne serait possible. Leur rôle est donc absolument crucial dans cette période critique.

Le HCE s'est également réjoui de l'action de l'autorité judiciaire qui permet de mettre en œuvre des procédures pénales d'urgence ou de délivrer en urgence des ordonnances de protection pour neutraliser les violents conjugaux et assurer la sécurité des victimes, en rappelant toutefois qu'aucune mise en sécurité des victimes n'est possible sans organiser la décohabitation entre l'agresseur et la victime.

Le HCE a noté les 20 000 nuitées d'hôtel, annoncées ce jour par la secrétaire d'Etat aux droits des femmes et à lutte contre les discriminations, Marlène Schiappa, pour les femmes victimes et les agresseurs. Dans le contexte du confinement, la seule mesure garantissant une mise en sécurité des femmes victimes de violences conjugales et de leurs enfants est l'éviction de l'agresseur. Cette mesure permet d'abord que les victimes retrouvent leur sécurité au sein de leur lieu de vie. Elle permet aussi d'assurer le contrôle des déplacements des agresseurs compte tenu des règles du confinement.

Pour garantir une décohabitation rapide, il est indispensable et urgent de réserver des places d'hôtel pour les violents conjugaux. Il importe de cibler prioritairement l'éviction des conjoints violents et le HCE estime que 500 places d'hôtel sont nécessaires, en ce sens, pour le mois d'avril au niveau national. Sur la base d'un coût moyen de la nuitée de 40 euros, le financement est donc de 600 000 euros pour le seul mois d'avril.

Dans la période exceptionnelle que traverse le pays, et quelques semaines après la fin des travaux du Grenelle consacré aux violences conjugales, le HCE tient a tenu à affirmer fortement que la priorité en cette période de confinement est d'assurer la mise en sécurité des femmes victimes de violences conjugales et de leurs enfants par l'éviction du conjoint violent.

Si vous êtes victime de violences conjugales, ou que vous êtes témoin de ce type de violences, ne fermez pas les yeux : Appelez immédiatement le 3919.