La ville antique d’Hasankeyf et ses trésors architecturaux bientôt engloutis sous les eaux

6 janvier 2020 à 8h00 par Manuel Mariani

Dans le cadre de son projet « Anatolie du Sud-Est », le gouvernement Turc a construit plusieurs barrages, dont celui d'Ilisu, sur le fleuve Tigre. Constituant le plus important barrage du projet, avec un réservoir d'une capacité de 10 milliards de mètres cubes, l'usine hydroélectrique qui y est rattachée devrait fournir une capacité de 1 200 MW, pour un coût de 1,52 milliards de dollars.

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Crédit : Hansm - Wikimedia Commons

Si ce projet peut d’emblée sembler positif – voire même écologique – puisqu’il consiste à produire de l’énergie sans faire appel au nucléaire, il a pourtant déclenché de nombreuses contestations, car une fois atteint son fonctionnement optimal, ce barrage aura pour conséquence l’engloutissement total de la ville antique de Hasankeyf, qui compte de nombreux trésors archéologiques et architecturaux, ainsi que le déplacement de 60 000 personnes, Kurdes pour la plupart.

Ce projet avait été longtemps retardé, car les investisseurs allemands, autrichiens et suisses qui y participaient s’étaient finalement retirés, en raison du non-respect des normes environnementales. Mais le gouvernement Turc a malgré tout souhaité mener la construction du barrage à son terme.

Au-delà des enjeux énergétiques, il faut sans doute y voir, de la part d’Ankara, une finalité surtout géopolitique, le projet « Anatolie du Sud-Est » lui permettant de contrôler à terme le débit de fleuves de Mésopotamie se déversant ensuite en Syrie et en Irak, tout en accroissant sa pression sur les populations Kurdes.