Gisèle Halimi une Juste au Panthéon de l'amitié et de la réconciliation franco-algérienne !
Publié : 29 juillet 2020 à 18h09 par Nacer Kettane
Plus que tout autre, Gisèle Halimi incarne ce désir d’humanité, cette soif de justice, cette quête permanente de démocratie et au final cette volonté de faire vivre la République par-delà les frontières, par deçà les monstruosités dont l’homme sait se faire le champion lorsqu’il donne libre cours à ses pulsions de haine, de violence, de guerre.
En choisissant d’embrasser la carrière d’avocate, cette enfant de la Goulette s’emparait d’une arme redoutable pour la planter au cœur des processus de déshumanisation que l’usage de la torture pendant la guerre d’Algérie avait érigée en fonctionnement normal de l’instruction et de la justice.
Membre du collectif d’avocats du FLN, soutenir la lutte pour l’indépendance était pour elle une évidence. On ne transige pas avec la dignité bafouée d’êtres humains qui veulent en finir avec l’oppression, l’esclavage.
En défendant Djamila Boupacha, 21 ans, violée et torturée, Gisèle Halimi met en accusation « la loi qui accuse » (pour reprendre ses propres termes), en s’adressant à l’opinion publique au nom des droits de l’homme.
De la même façon, c’est une conduite identique qui l’animera dans ses combats homériques en tant que députée contre la peine de mort et pour la dépénalisation de l’avortement.
Condamnée à mort à trois reprises par l’OAS, Gisèle Halimi rejoint dans la Geste Humaine Simone Veil, Germaine Tillon, Simone de Beauvoir, toutes engagées pour faire cesser les abominations colonialistes, sexistes, esclavagistes. Ces légendes mémorielles, exemples éternelles de droiture et d’abnégation doivent contribuer à ériger ce panthéon de l’amitié et de la réconciliation franco-algérienne que j’appelle de mes vœux depuis de nombreuses années.
Aux côtés de Frantz Fanon, Pierre Bourdieu, Henri Allég, Maurice Audin, entre autres, ces égéries de la liberté montrent et enseigneront aux jeunes générations de part et d’autres de la Méditerranée, ce qu’est être libre et vouloir vivre debout.
En acceptant de parrainer - aux côtés d’Edmonde Charles Roux, Antoine Sfeir, Benjamin Stora entre autres - il y a près d’un quart de siècle le Prix Littéraire Beur FM Méditerranée, Gisèle Halimi faisait sienne cette idée de transmission des valeurs universelles qui nous rassemblent.