[Cinéma] « Ce qui reste » : une histoire d'amour et de radicalisation !

10 août 2021 à 9h18 par Christophe

Coup de coeur cette semaine c'est pour un film allemand : « Ce qui reste ». On n'a pas l'habitude de voir beaucoup de films allemand, mais ne vous arrêtez pas à ça et laissez-moi 2 minutes pour vous convaincre parce que ce film vaut vraiment le coup !

BEUR FM
Crédit : D.R

Le résumé

Quand Asli, brillante étudiante en médecine, rencontre le charismatique Saeed au milieu des années 90, c’est le coup de foudre. Ils se marient, et Asli promet à Saeed de lui être fidèle et de ne jamais dévoiler ses secrets. Leur avenir semble radieux, mais à l’approche du vingt-et-unième siècle, Saeed prend une décision qui va non seulement briser les rêves d’Asli, mais faire trembler le monde entier.

La bande annonce

L’avis de Christophe

J’adore les films qui sont bien filmés, quand ce qui est à l’écran est beau, que les images sont belles, que la lumière est travaillée. Dans « Ce qui reste », j’ai été servi, on voit rapidement que la réalisatrice Anne Zohra Berrached a voulu faire un beau film. Coup de chapeau aux acteurs Canan Kir et Roger Azar qui jouent Asli et Saeed, magnifiques du début à la fin.

Mais des belles images et des bons acteurs ne suffisent pas, il faut aussi une belle histoire, bien traitée, et là aussi c’est le cas. Après le début de l’histoire d’amour contrarié par des problèmes trop bien connus de différence d’origine qui posent problème surtout à la mère d’Asli qui ne veut pas que sa fille fréquente un Libanais, on arrive au moment où Saeed commence à changer de comportement. Il passe de plus en plus de temps à la mosquée, il ment à Asli, part en pleine nuit rejoindre des personnes qu’elle ne connaît pas dans la rue.

Ce qui est intéressant, c’est que l’on voit tout cela par le regard amoureux d’Asli, qui doute, qui a peur, et qui le voit partir, impuissante, sur un chemin dont elle ignore la destination (on est à la fin des années 90, à un moment où le terrorisme en Europe n’était pas encore si présent), mais un chemin dont elle redoute qu’il l’amène très loin d’elle. Et même si on a envie de la pousser à arrêter, à retenir Saeed, on ne peut que compatir à son impuissance. 

« Ce qui reste » est inspiré d’histoires (au pluriel) réelles. La réalisatrice et les producteurs se sont beaucoup documentés sur les terroristes du 11 septembre et leurs femmes. Ils se sont servis de toutes ces histoires pour écrire le scénario du film, une histoire inventée donc mais inspirée d’histoires vraies. S’en est suivi un gros travail de préparation avec une volonté de choisir des acteurs non-connus parmi un casting de plus de 500 acteurs non-professionnels.

Pour plus de réalisme Roger Azar, l’acteur qui joue Saeed, a été trouvé au Liban et ils l’ont installé 6 mois dans un appartement à Berlin avec un peu d’argent et un gros programme de cours d’Allemand pour qu’il apprenne cette langue qu’il ne connaissait pas. Durant 6 nouveaux mois de répétition, ils ont aussi laissé vivre quelques jours les acteurs dans les logements de leur personnage, avec leurs costumes, pour qu’ils soient plus naturels et plus familier avec les meubles par exemple. Le but étant d’amener un maximum d'authenticité : "Cela ne m’intéresse pas que les acteurs se regardent jouer, s’évaluent, et fassent semblant. Les acteurs ont besoin qu’on leur permette de laisser le jeu venir de l’intérieur pour arriver à quelque chose d’authentique, à un jeu qui ne semble pas théâtral et artificiel".

Un vrai coup de cœur donc pour « Ce qui reste », à voir dès aujourd’hui au cinéma...parce que le cinéma, c’est mieux au cinéma !