« Le temps de la paix est venu » : la France reconnaît l’État de Palestine, un tournant historique vers la paix !

Emmanuel Macron a officiellement proclamé la reconnaissance de l’État de Palestine par la France, depuis la tribune de l’Assemblée générale des Nations unies. « La France reconnaît aujourd’hui l’État de Palestine, pour la paix entre le peuple israélien et le peuple palestinien », a-t-il déclaré solennellement, déclenchant une salve d’applaudissements dans l’hémicycle.

Publié : 22 septembre 2025 à 23h26 par La Rédaction

Emmanuel Macron
Crédit : Emmanuel Macron - Facebook

Un geste historique de la France sur la scène internationale ! Ce lundi 22 septembre, lors d’une conférence internationale sur la paix au Proche-Orient co-organisée par la France et l’Arabie saoudite à New York, Emmanuel Macron a tenu un discours très attendu officialisant cette décision. Le chef de l’État a justifié ce choix par l’urgence de sauver la « solution à deux États » et de mettre fin aux violences. « Nous devons tout faire pour préserver la possibilité même d’une solution à deux États, Israël et la Palestine, vivant côte à côte en paix et en sécurité », a martelé Emmanuel Macron. Il a souligné que reconnaître les droits légitimes du peuple palestinien n’enlève rien aux droits du peuple israélien appelant à envisager cette reconnaissance comme un pas vers une paix juste plutôt que comme une menace.

D’entrée de jeu, il a rappelé l’horreur de la guerre en cours et la nécessité d’y mettre un terme. « Le temps de la paix est venu, car nous sommes à quelques instants de ne plus pouvoir la saisir. Le temps est venu de libérer les otages détenus par le Hamas. Le temps est venu d’arrêter la guerre, les bombardements à Gaza, les massacres et les populations en fuite… Le temps de la paix est venu  », a-t-il exhorté dans un appel solennel, estimant que « rien ne justifie plus la poursuite de la guerre à Gaza ». Selon lui, « tout commande d’y mettre un terme » face à l’urgence humanitaire. Emmanuel Macron a insisté sur le fait que cette reconnaissance visait à « isoler le Hamas » – et non à le légitimer – afin de couper l’herbe sous le pied aux extrémistes. Il répondait ainsi aux critiques de certains, notamment à l’extrême droite, qui accusent cette démarche de « récompenser le terrorisme ».

Par ailleurs, le président de la République a précisé que l’établissement de relations diplomatiques complètes avec le futur État palestinien se fera de manière progressive et conditionnée. En particulier, l’ouverture d’une ambassade de France en Palestine ne sera décidée qu’une fois un cessez-le-feu établi à Gaza et tous les otages israéliens libérés.

Autrement dit, la reconnaissance est immédiate et symbolique, mais les échanges diplomatiques concrets dépendront de l’évolution de la situation sur le terrain – une façon pour Paris de garder des leviers de pression. Emmanuel Macron a ainsi esquissé un cadre pour une « nouvelle Autorité palestinienne » qu’il souhaite voir émerger : des réformes politiques et sécuritaires, une force palestinienne capable de garantir la sécurité (avec éventuellement une mission internationale de stabilisation), et des élections libres sous 18 mois dont seraient exclus les leaders du Hamas. « Jamais nous ne cesserons le combat contre l’antisémitisme », a-t-il ajouté, affirmant que soutenir le droit des Palestiniens à un État n’enlève rien à la défense de la sécurité d’Israël

Une vague de reconnaissances occidentales sans précédent

La France n’est pas seule dans ce mouvement historique. Sa décision s’inscrit dans une vague plus large de reconnaissances de l’État de Palestine par plusieurs pays occidentaux qui a eu lieu en l’espace de quelques jours. La veille, dimanche 21 septembre, le Royaume-Uni, le Canada, l’Australie et le Portugal avaient eux aussi annoncé reconnaître officiellement l’État palestinien. Dans la foulée de l’initiative française, ce lundi, Andorre, la Belgique, le Luxembourg, Malte et Saint-Marin devaient faire de même lors du sommet onusien. Malte a d’ailleurs devancé l’annonce en reconnaissant la Palestine dès lundi matin.

Avec ces nouveaux ralliements, ce sont désormais près de 145 pays sur les 193 membres de l’ONU qui reconnaissent officiellement l’État de Palestine.

Plus des trois quarts des nations du globe soutiennent le principe d’un État palestinien indépendant – un quasi-consensus international. « Cette décision historique et courageuse est conforme au droit international et aux résolutions de l’ONU, et soutient les efforts pour atteindre la paix sur la base de la solution à deux États », a salué le ministère des Affaires étrangères de l’Autorité palestinienne dans un communiqué officiel. La nouvelle a été accueillie avec émotion du côté palestinien : Mahmoud Abbas a parlé d’un « moment qui replace la France du bon côté de l’Histoire ».

La reconnaissance en cascade de la Palestine par les alliés occidentaux vise justement à traduire ces principes en actes concrets, en redonnant espoir aux Palestiniens tout en exerçant une pression maximale pour un cessez-le-feu. « Cette conférence doit être un catalyseur : elle doit entraîner des avancées irréversibles vers la fin de l’occupation illégale et la réalisation de notre aspiration commune à une solution à deux États », a plaidé le secrétaire général de l’ONU António Guterres

Appels à la paix et divisions internationales

Sur la scène internationale, cette initiative a suscité des réactions contrastées. Du côté des Nations unies, António Guterres a vigoureusement soutenu cette orientation. « Nous sommes ici pour emprunter la seule issue à ce cauchemar : la solution à deux États… avec Jérusalem comme capitale partagée », a-t-il déclaré en ouvrant la conférence. Le secrétaire général de l’ONU a remercié la France et l’Arabie saoudite pour leur rôle moteur, et a surtout dressé un tableau sombre de la situation actuelle. « Rien ne saurait justifier la punition collective infligée au peuple palestinien ni aucune forme de nettoyage ethnique. Tout cela doit cesser », a tonné Guterres en dénonçant les bombardements indiscriminés, la famine organisée et les attaques contre les humanitaires à Gaza. Il a averti qu’« sans deux États, il n’y aura pas de paix au Moyen-Orient. Et le radicalisme se répandra dans le monde entier »

Selon lui, « refuser l’État palestinien serait un cadeau fait aux extrémistes », rappelant que le droit du peuple palestinien à un État est un droit, pas une faveur.

L’Arabie saoudite a également affiché un soutien sans ambiguïté. Le prince Fayçal bin Farhan, ministre saoudien des Affaires étrangères, a appelé “tous les autres pays à prendre une mesure historique similaire” et à reconnaître à leur tour l’État de Palestine.  « Cette étape aura un impact important pour soutenir les efforts vers la mise en place de la solution à deux États, parvenir à une paix totale au Moyen-Orient et créer une nouvelle réalité où la région jouira de paix, de stabilité et de prospérité », a-t-il plaidé devant l’Assemblée générale

Toutefois, Israël et ses alliés les plus proches ont vivement dénoncé ces reconnaissances, y voyant une dangereuse concession au terrorisme. Le Premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, a fustigé un « énorme cadeau offert au Hamas » après l’attaque du 7 octobre 2023.  « Aucun État palestinien ne verra le jour à l’ouest du Jourdain », a-t-il martelé, menaçant d’accélérer encore la colonisation des territoires occupés

D’ailleurs, Israël et les États-Unis ont boycotté la réunion de New York en guise de désapprobation. L’ambassadeur d’Israël à l’ONU a dénoncé une décision unilatérale qui devrait, selon lui, être négociée directement entre parties. Washington, de son côté, a discrètement tenté de dissuader ses partenaires de franchir le pas, arguant que ces reconnaissances « créeraient plus de problèmes » et risqueraient de compliquer une résolution pacifique du conflit.

En Europe, l’unité n’est pas totale malgré la tendance majoritaire en faveur de la Palestine : l’Allemagne et l’Italie  ont fait savoir qu’elles n’envisageaient pas de reconnaissance prochaine, restant alignées sur la position réservée du gouvernement américain.

Urgence humanitaire à Gaza : des chiffres qui choquent

Si cette vague de reconnaissances intervient maintenant, c’est en grande partie en raison de la situation humanitaire catastrophique dans la bande de Gaza, qui a bouleversé l’opinion publique mondiale. Depuis l’attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, l’armée israélienne mène une campagne militaire d’une ampleur sans précédent sur Gaza. Près de deux ans de bombardements et de combats ont plongé l’enclave palestinienne dans le désastre. Le bilan humain est effroyable : plus de 65 000 Palestiniens ont été tués depuis le début de la guerre, selon les autorités sanitaires locales. La grande majorité de ces victimes sont des civils, et une part significative sont des femmes et des enfants

Des quartiers entiers de Gaza ont été rasés, et la quasi-totalité de la population (plus de 2 millions de personnes) a dû fuir ses foyers au moins une fois sous les bombes.

La crise humanitaire a atteint un niveau jamais vu. Israël a imposé un blocus sévère de Gaza, restreignant l’entrée de l’aide vitale. En conséquence, la famine s’est installée parmi les survivants. D’après le ministère de la Santé de Gaza, au moins 440 personnes sont mortes de faim ou de malnutrition durant le siège, dont 147 enfants en bas âge. Des bébés, fragiles et privés de lait infantile, ont succombé à la sous-nutrition dans les hôpitaux en ruines. L’ONU a officiellement déclaré l’état de famine à Gaza au cours de l’été, une situation indigne du XXIᵉ siècle. Par ailleurs, 2 523 Palestiniens ont été tués en tentant de récupérer de la nourriture ou de l’eau, abattus lors de bousculades près des points de distribution d’aide ou ciblés alors qu’ils cherchaient désespérément des vivres.

Le secrétaire général de l’ONU a dénoncé la « starvation de la population » gazaouie comme une tactique de guerre inacceptable

Le conflit s’avère également d’une violence inouïe pour la presse et les secours. Au moins 235 journalistes et travailleurs des médias figurent parmi les morts en couvrant la guerre, dont 193 Palestiniens de Gaza – de loin le conflit le plus meurtrier pour les reporters depuis qu’on en tient le décompte.

Nombre d’entre eux ont été tués avec leur famille dans l’effondrement de leur immeuble ou ciblés en documentant les bombardements, au point que des ONG de défense de la presse parlent de « meurtre délibéré de journalistes ». De même, les personnels de santé et humanitaires ont payé un tribut terrible : plus de 220 travailleurs humanitaires, dont 179 employés de l’ONU (principalement de l’UNRWA), ont perdu la vie en service à Gaza.

Les hôpitaux, les ambulances, les écoles et mêmes les camps de réfugiés n’ont pas été épargnés par les frappes, suscitant une indignation mondiale. « Rien ne justifie de bombarder des lieux où se réfugient des civils », a rappelé António Guterres en exigeant la protection des sites civils, notamment les hôpitaux et écoles sous drapeau de l’ONU.

En France : élan de solidarité et débat national

Malgré l’interdiction gouvernementale, de nombreuses mairies françaises ont hissé le drapeau palestinien pour saluer la reconnaissance historique de l’État de Palestine par la France.

Dès le lundi matin, des dizaines de mairies ont symboliquement hissé le drapeau palestinien sur leur fronton pour célébrer ce moment historique. Lyon, Nantes, Saint-Denis, Gennevilliers, Malakoff… Au total, au moins 86 communes avaient arboré les couleurs palestiniennes dans la journée, malgré une directive contraire du ministère de l’Intérieur.

Dès la semaine précédente, le ministre de l’Intérieur (démissionnaire) Bruno Retailleau avait explicitement interdit ces pavoisements, invoquant le principe de neutralité du service public et la non-ingérence de collectivités locales en politique étrangère. Il avait menacé de poursuites les maires récalcitrants. Lundi, face à la fronde d’élus locaux, plusieurs préfectures sont intervenues pour faire retirer des drapeaux – la justice administrative a même été saisie dans certains cas, comme à Corbeil-Essonnes où le tribunal a ordonné le retrait du drapeau palestinien de la mairie

Les réactions politiques françaises à la décision de reconnaissance ont ainsi été contrastées. À gauche, c’est l’heure de la satisfaction – mêlée parfois de critiques sur le retard de cette décision. « C’est une victoire, tardive, mais une victoire quand même », a salué Fabien Roussel, secrétaire national du PCF. Il a appelé dans la foulée la France à « agir pour un cessez-le-feu immédiat à Gaza et mettre fin aux massacres, aux persécutions, à l’occupation… et à stopper Nétanyahou »

Même tonalité du côté de La France insoumise : Jean-Luc Mélenchon a applaudi « une victoire irréversible du combat populaire pour le droit d’un peuple à disposer de lui-même », estimant qu’elle offre « un meilleur rapport de force pour obtenir la fin des crimes et du génocide à Gaza »

À droite en revanche, les critiques fusent. Les élus Les Républicains comme Xavier Bertrand ou Marine Le Pen (RN) ont dénoncé une décision « incompréhensible » en pleine guerre. Marine Le Pen a qualifié la Palestine « d’État terroriste dont l’acte de naissance sera écrit avec le sang des victimes du plus grand pogrom depuis la Seconde Guerre mondiale », allusion au 7 octobre 2023. Le Rassemblement national accuse Emmanuel Macron « d’insulter la mémoire des Français et Israéliens victimes du terrorisme » et d’offrir une victoire symbolique au Hamas.

Vers un nouvel espoir de paix ?

En dépit des résistances, la dynamique enclenchée cette semaine redonne un véritable espoir au camp de la paix. Pour la première fois depuis l’échec des accords d’Oslo il y a plus de 20 ans, les projecteurs internationaux sont de nouveau braqués sur la solution à deux États comme seule issue au conflit. « Sans deux États, il n’y aura pas de paix durable », a répété António Guterres. La reconnaissance par la France – membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU – apporte un poids politique considérable à cette cause. Elle pourrait ouvrir la voie, à terme, à d’autres grandes puissances aujourd’hui réticentes.

Désormais, l’attention se tourne vers des pays comme l’Allemagne, l’Italie ou les États-Unis, qui restent parmi les derniers soutiens du refus israélien. L’Arabie saoudite a d’ores et déjà appelé ces nations à revoir leur position. « Si ce n’est pas maintenant, ce sera quand alors ? », a lancé la cheffe de la diplomatie palestinienne, Varsen Aghabekian,

Cependant, la France vient d’envoyer un message fort : celui que la cause palestinienne n’est pas oubliée et qu’une paix juste est encore possible. Ce choix audacieux, qualifié d’« historique et courageux » par l’Autorité palestinienne replace Paris en acteur central du dossier israélo-palestinien. Il intervient à un moment critique, alors que Gaza est à feu et à sang et que le temps presse pour sauver des vies innocentes. « Le temps de la paix est venu », a insisté Emmanuel Macron – reprenant en cela les mots mêmes d’Yitzhak Rabin lors des accords de 1993. Reste à transformer l’essai : obtenir sans tarder l’arrêt des hostilités. Le chemin sera long et ardu, mais cette reconnaissance de la Palestine par la France et ses alliés rallume une lueur d’espérance au Proche-Orient.