Le raï algérien fait son entrée au patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO !

La musique algérienne continue de rayonner à travers le monde et l’histoire. Le « raï », emblème musical populaire algérien, a été inscrit au patrimoine culturel immatériel de l’humanité de l’UNESCO. Une belle reconnaissance pour un style de musique qui a connu une renommée mondiale grâce à des artistes comme Cheb Hasni ou encore Cheb Khaled.

Publié : 3 décembre 2022 à 11h40 par La rédaction

Raï

Année après année, la liste des styles musicaux inscrit au patrimoine immatériel de l’UNESCO s'allonge. L’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture a annoncé, jeudi 1er décembre, l’inscription du raï algérien sur la liste du patrimoine mondial en reconnaissance à « des traditions, des pratiques et des savoir-faire à sauvegarder ».

Le raï, chant populaire d'Algérie ?

Le raï est un moyen de communiquer les réalités sociales sans tabous ni censure, traitant de thèmes tels que l'amour, la liberté, le désespoir et la lutte contre les pressions sociales.

Il est apparu, d’après l’UNESCO, dans les années 1930 et était à l'origine pratiqué dans les zones rurales par des doyens qui chantaient des textes poétiques en arabe accompagnés d'orchestres traditionnels.

Au début du vingtième siècle, les premiers chanteurs y ajoutent des idées, en chantant l’amour, tout en glorifiant Dieu et les saints.

La jeunesse dorée du raï algérien

Au fil du temps, le raï s'est progressivement imposé, d'abord au niveau national lors des cérémonies et des mariages, puis au niveau mondial.

Mais c’est au milieu des années 188P que le raï a véritablement « explosé ». Cette musique traditionnelle de la région d'Oran, dans l’ouest algérien, s'est modernisée sous l'influence des « chebs » (jeunes) comme Cheb Hasni, Cheikha Remitti ou encore Cheb Khaled, avec un message universel autour de la liberté et l’amour.

Ce nouveau style musical est porté par des jeunes hommes et femmes qui chantent et dansent pour illuminer la jeunesse de leur pays et ailleurs dans le monde. A ce titre, la musique raï est considérée comme un genre pour les jeunes, représentant un exutoire pour exprimer leurs sentiments dans leur quête de libération des contraintes sociales.

1986, le raï algérien débarque en France !

Après le premier festival de raï à Oran en 1985, le raï algérien arrive en France en janvier 1986 lors du Festival de Bobigny, en région parisienne. Le public français découvre par cette occasion la voix de Cheb Mami aux côtés de Cheb Khaled et Cheikha Remitti.

Quelques années plus tard, le raï élargit son public et suscite l'intérêt des maisons de disques. Cheb Khaled est ainsi devenu le premier artiste nord-africain à entrer dans le Top 50 au début des années 90 avec son célèbre tube « Didi ».

Le raï face à la décennie noire

Au cours de la décennie noire, entre 1992 et 2002, plusieurs chanteurs de raï ont été assassinés. Cheb Hasni, considéré comme le roi du « raï sentimental » est ainsi tué à Oran en septembre 1994.

Pour redonner vie au raï qui était en train de disparaître à petit feu, Cheb Khaled s'associe à Faudel et Rachid Taha en 1998 pour un concert unique à Bercy le 26 septembre 1998, « 1, 2, 3 Soleil », où les trois artistes ont repris et redonné vie aux classiques de la musique algérienne.

Durant les années 2000, le raï disparaît peu à peu des grandes chaînes de télévision et retrouve son audience secrète des débuts. Il a également été victime de l'essor des musiques urbaines, le rap et le rn’b.

La résurgence du raï algérien 

Le raï a retrouvé ses couleurs l’été dernier grâce au succès retentissant, et mondial, du dernier tube de Dj Snake. A travers le titre « Disco Maghreb », le dj star franco-algérien a tenu à rendre hommage à  la maison de disques emblématique d'Oran qui a produit nombre d’artistes raï, comme Cheb Nasro, Cheb Sahraoui, Houari Benchenet, Cheb Khaled, Cheb Mami, Zahouania ou encore Cheb Hasni…