"L'immigration n'est pas une chance" : Bruno Retailleau plaide pour une révision constitutionnelle sur l’immigration !

30 septembre 2024 à 12h26 par La rédaction

Le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a relancé le débat sur l’immigration en France en suggérant une réforme constitutionnelle.

Bruno Retailleau
Crédit : Bruno Retailleau - Facebook

Lors d’une interview donnée ce dimanche 29 septembre sur LCI, il a exprimé son souhait de permettre aux citoyens de se prononcer par référendum sur des questions liées à l’immigration, évoquant un cadre constitutionnel actuel trop restrictif. Selon lui, « il faudrait une extension du périmètre des champs sur lesquels on peut consulter par référendum ».

Dans ses propos, le locataire place Beauvau n’a pas caché sa volonté de revoir en profondeur la manière dont la France gère l’immigration, déclarant que « l'immigration n'est pas une chance » et estimant que « l'État de droit, ça n'est pas intangible ni sacré ». Une position qui a immédiatement suscité de vives réactions, notamment au sein de la classe politique.

Un besoin de « plan d'ensemble »

Le ministre a souligné l'importance d'un « plan d'ensemble » pour maîtriser les flux migratoires en France. Il regrette que la Constitution actuelle empêche un référendum sur ces questions sensibles et estime que les Français n’ont jamais eu l’opportunité de se prononcer clairement sur l’immigration. « C’est un phénomène qui a bouleversé la société française depuis un demi-siècle », a-t-il affirmé.

Lors de son intervention, le ministre de l’Intérieur a aussi évoqué la nécessité de prolonger la durée maximale de rétention pour les individus visés par une obligation de quitter le territoire français (OQTF). Selon lui, la France doit « assumer un rapport de force » pour assurer les expulsions, en utilisant des leviers comme l’octroi de visas, l’aide au développement et les accords commerciaux avec les pays concernés.

La double peine et l’expulsion

Interrogé sur la double peine, qui consiste à expulser automatiquement une personne étrangère après qu'elle a purgé sa peine en France, le ministre a répondu sans ambiguïté : « bien sûr ». Pour Bruno Retailleau, cette mesure permettrait de renforcer la lutte contre l’immigration illégale en France.

Une critique de la société multiculturelle

Bruno Retailleau a également exprimé ses réserves sur le modèle multiculturel, qu’il juge risqué. « Une société multiculturelle comporte des risques de devenir aussi une société multiraciste. Je pèse mes mots », a-t-il averti, rappelant qu’il préfère un modèle républicain basé sur « le dépassement des origines ». Selon lui, le modèle français doit se distinguer de celui anglo-saxon, où la juxtaposition des communautés peut entraîner des conflits.

Le ministre a insisté sur l’importance des racines culturelles françaises, affirmant que « notre culture est judéo-chrétienne » et critiquant ceux qui, selon lui, minimisent cet héritage en évoquant une culpabilité européenne face à l’Histoire.

Des réactions contrastées

Les propos du ministre n’ont pas laissé indifférent. Marion Maréchal, figure de l’extrême droite, a applaudi ses déclarations en les qualifiant de « réjouissantes ».

En revanche, Prisca Thévenot, ancienne porte-parole du gouvernement, a dénoncé un discours qu’elle juge trop simplificateur. Elle rappelle que « l’immigration illégale et légale » sont deux sujets distincts, et qu’amalgamer les deux « fait le lit du RN ».

Nicolas Sarkozy plaide pour une refonte des OQTF et de l'espace Schengen

L'ancien président de la République, Nicolas Sarkozy, s'est également exprimé sur la question de l'immigration. Intervenant sur CNews et Europe 1, il a affirmé que « l'immigration est un problème » et a estimé qu'il fallait « tout changer » en matière de gestion des obligations de quitter le territoire français (OQTF). 

Nicolas Sarkozy propose de conditionner l’octroi de visas à « des autorisations de retour consulaire » et souhaite également une réforme de l’espace Schengen. Il plaide pour que les ministres de l’Intérieur des pays européens aient plus de contrôle sur cet espace, suggérant même qu’ils élisent un président parmi eux pour diriger cette nouvelle gouvernance. Selon lui, « le développement économique de l’Afrique » est la seule solution durable pour maîtriser les flux migratoires.

Nicolas Sarkozy propose aussi que des guichets soient ouverts au sud de la Méditerranée pour traiter les demandes de migrants avant leur traversée. Tout dossier déposé après cette traversée devrait, selon lui, être automatiquement refusé.