L’ESJ Paris reprise par Vincent Bolloré, Bernard Arnault et d’autres figures influentes !
Vincent Bolloré, Bernard Arnault et d’autres figures influentes s’associent pour reprendre la plus ancienne école de journalisme du monde, suscitant vives réactions et préoccupations.
Publié : 18 novembre 2024 à 12h53 par La rédaction
L’École Supérieure de Journalisme de Paris (ESJ Paris), fondée en 1899 et considérée comme la plus ancienne école de journalisme au monde, a officiellement changé de mains. L’établissement a annoncé, vendredi 15 novembre, avoir été racheté par un groupe de puissants entrepreneurs, dont les milliardaires Vincent Bolloré et Bernard Arnault.
Ce rachat, déjà perçu comme un symbole d’influence accrue des grands capitaux dans les médias, a suscité des réactions variées, oscillant entre espoir de modernisation et inquiétude sur l'indépendance éditoriale des futures générations de journalistes.
Une prise de contrôle controversée
Le consortium derrière ce rachat rassemble quelques-unes des figures les plus influentes du paysage économique et médiatique français. Parmi elles figurent la Financière Agache de Bernard Arnault, propriétaire de Les Échos, Le Parisien et Paris Match, et la Compagnie de l’Odet de Vincent Bolloré, qui détient Canal+, Europe 1, et Prisma Media. D'autres acteurs comme CMA Média de Rodolphe Saadé (La Provence, BFM TV, RMC), le groupe Bayard Presse, ainsi que la famille Habert-Dassault ont également participé à l’acquisition.
Selon le magazine Challenges, le rachat aurait été négocié pour une somme comprise entre 2 et 3 millions d’euros. L’implication de figures connues pour leur proximité avec des courants conservateurs et leur contrôle accru des médias a immédiatement suscité des critiques au sein du milieu journalistique.
Une nouvelle direction à la tête de l’école
Avec ce rachat, l’ESJ Paris voit également un changement significatif dans son organigramme. La présidence de l’établissement a été confiée à Vianney d’Alançon, un entrepreneur catholique à l'origine du parc historique Rocher Mistral, souvent comparé au Puy du Fou. Ce dernier est décrit comme le principal architecte du tour de table ayant réuni les repreneurs.
À la direction générale, Elhame Medjahed, ancienne présentatrice sur Europe 1 (appartenant à Bolloré) et jusqu'ici directrice pédagogique de l'école, prend les commandes par intérim. Elle succède à Guillaume Jobin, qui dirigeait l’établissement depuis 2009.
Entre inquiétudes et espoirs
Si l’ESJ Paris a salué ce rachat comme une opportunité de « renforcer » l’établissement, la nouvelle a fait l’effet d’une bombe chez les étudiants et les journalistes, plusieurs d’entre eux ont dénoncé ce qu’ils perçoivent comme une mainmise des grands groupes industriels et financiers sur une école qui a marqué l’histoire du journalisme en France.
Edwy Plenel, cofondateur de Mediapart, s’est indigné sur X (ex-Twitter) : « Déjà maîtres des médias privés, nos oligarques prennent possession de la plus vieille école de journalisme, l’ESJ Paris ».
Un héritage à préserver
L'ESJ Paris, pionnière en son genre, a marqué les esprits dès sa création en 1899 en étant la première école à ouvrir ses portes aux femmes. Soutenue par des intellectuels tels qu’Émile Durkheim, elle s'est bâtie une réputation d'excellence académique et de diversité.
Cependant, l’identité conservatrice de certains des nouveaux propriétaires, comme Bolloré ou Dassault, inquiète ceux qui craignent un infléchissement des valeurs pluralistes de l'école.
Une acquisition qui soulève des questions
Ce rachat pose une question plus large sur l’influence croissante des géants du capitalisme dans les institutions de formation et les médias. Alors que l’ESJ Paris entame une nouvelle ère, l’avenir de ses étudiants, mais aussi de son indépendance, reste en suspens.
Si certains espèrent des investissements salvateurs, d'autres redoutent que cette acquisition ne fasse de l'école un rouage de plus dans une machine médiatique déjà largement contrôlée.