Kaylia Nemour brise le silence : entre rupture, résilience et renaissance !
Derrière l’or olympique, une histoire méconnue. Kaylia Nemour sort de l’ombre médiatique pour raconter ce que personne n’avait encore entendu : les coulisses d’une rupture, les blessures invisibles… et le besoin urgent de tourner la page.
Publié : 13 juillet 2025 à 14h55 par La rédaction
/t:r(unknown)/fit-in/1100x2000/filters:format(webp)/medias/AeWr17FGuu/image/Kaylia_Nemour1722943064964-format16by9.jpg)
Quelques mois après son sacre olympique, la gymnaste Kaylia Nemour prend enfin la parole. Dans une interview poignante, elle revient sur son départ du club d’Avoine-Beaumont, évoque les conditions de son entraînement et l’enquête en cours. Entre révélations personnelles et volonté d’apaisement, elle livre un témoignage fort et inédit, relayé par L’Équipe.
« J'avais besoin de rétablir ma vérité »
Elle s’était tue pendant des mois. Kaylia Nemour, 18 ans, championne olympique aux barres asymétriques sous les couleurs de l’Algérie, a choisi de s’exprimer. Loin de la pression, c’est depuis le Texas, où elle suit un stage dans le gymnase de Simone Biles, qu’elle raconte pour la première fois son départ du club d’Avoine-Beaumont, sa rupture avec ses anciens entraîneurs, et les blessures invisibles laissées par des années de pression.
« J’ai dit au revoir et merci », lance-t-elle, évoquant son départ sans éclat. Mais le ton a changé quand les attaques se sont multipliées, notamment contre sa mère. « On attaque ma maman. J’ai besoin qu’on la laisse tranquille. »
Une ascension en pleine tempête
Son parcours n’a rien d’un conte de fées. Pendant trois ans, elle s’est retrouvée au cœur d’un conflit tendu entre son ancien club et la Fédération française de gymnastique. Un bras de fer mêlant plaintes, tensions institutionnelles et enquête judiciaire. En 2022, elle prend une décision radicale : représenter l’Algérie, pays d’origine de son père. Un choix qu’elle assume pleinement : « Je ne regrette rien. Ça m’a permis de continuer à faire de la gym, loin de tout ce cirque. »
Son titre olympique, décroché à Paris en août 2024, aurait pu être l’apogée. Il a pourtant mis en lumière un mal plus profond. La championne olympique raconte des entraînements éprouvants, une pression constante, des humiliations répétées. « Il m’est arrivé de rester trois heures dans le vestiaire, sans savoir si je pourrais reprendre l’entraînement », confie-t-elle. Parfois, elle devait faire le tour de la salle pour présenter ses excuses à chaque entraîneur après une erreur.
« Il n’y avait pas une séance sans cris. J’ai fini par ne plus avoir envie d’y retourner. »
Un environnement sous emprise
Dans ses mots, revient souvent une notion glaçante : l’emprise. Elle parle d’un système où les jeunes gymnastes ne remettent rien en question, persuadées que la souffrance fait partie du chemin. « On croyait que c’était normal. Mais aujourd’hui, je sais qu’on peut réussir dans un cadre plus sain. »
Elle ajoute : « La phrase préférée de Marc et Gina, c’est : “La gym de haut niveau, c’est comme ça.” »
Elle dit avoir compris plus tard que cette logique n’était pas universelle : ailleurs, elle a vu des gymnastes « rigoler avec leurs entraîneurs, sans que ça les empêche de performer. »
Les témoignages recueillis par L’Équipe vont dans le même sens. D’autres jeunes filles évoquent, sous couvert d’anonymat, des souffrances physiques ignorées, des troubles psychologiques, et une parole étouffée. Certaines familles affirment avoir été poussées au silence, de peur de compromettre l’avenir sportif de leurs enfants.
La douleur derrière la victoire
Le sacre olympique n’a pas été un moment de fête pour l’athlète. Elle confie n’avoir jamais célébré sa médaille d’or avec ses proches. Selon elle, son entraîneur aurait refusé qu’elle quitte le village olympique, empêchant même un simple dîner familial. « Ils m’ont privée d’un moment inoubliable », dit-elle, la voix chargée d’émotion.
Quelques jours après, elle tente un geste de réconciliation en offrant un bouquet de fleurs à Gina Chirilcenco. La réponse est cinglante : « Je n’en veux pas de tes fleurs, tu peux les garder. »
Elle confie aussi que ses parents avaient proposé de fêter ensemble la médaille, mais qu’on leur a menti pour l’en empêcher : « Ils ont menti à ma famille, à mes amis, ça me fait tellement de peine pour eux. »
Un corps épuisé, une envie de fuir
Ce sacre s’est aussi accompagné de douleurs physiques. Pendant l’entraînement officiel à Paris, elle se blesse à la cheville. « Rien qu’en effleurant la malléole, je pouvais pleurer », dit-elle. Elle serre les dents pour aller au bout.
Avant cela, elle avait déjà subi deux opérations aux genoux en 2021, et traversé le Covid en 2020. Elle résume : « Quelle période ne l’a pas été ? »
Après les Jeux, elle se sent vidée, mentalement et physiquement. Elle reprend l’entraînement en septembre, à raison d’une séance par jour, mais Marc Chirilcenco lui annonce une compétition dès novembre. C’est trop tôt. « Je pleurais, je n’avais plus la motivation », reconnaît-elle. Elle avoue même avoir envisagé d’arrêter la gym.
Un nouveau départ à Dijon
Aujourd’hui, Kaylia tourne la page. Avec sa famille, elle a quitté l’Indre-et-Loire pour s’installer à Dijon, ville où elle espère retrouver de la sérénité. Elle s’entraîne désormais avec Nadia Massé, son ancienne chorégraphe, devenue son entraîneuse. « Elle me rappelle que je fais de la gym pour moi. Elle est exigeante, mais à l’écoute. »
Ce nouvel équilibre lui permet aussi de vivre une vie plus libre : « Aller au resto, faire les magasins… Ça ne m’empêche pas de faire dix complets en poutre le lendemain. »
Elle insiste : « Elle me laisse de l’autonomie, ne me surveille pas en permanence. Qu’est-ce que ça fait du bien ! »
Ce nouveau cadre semble redonner à Kaylia le goût du sport. Elle parle d’avenir, de projets, de sa volonté d’aller jusqu’aux Jeux de Los Angeles en 2028. « Je veux retrouver la flamme. L’étincelle revient petit à petit. »
Une enquête toujours en cours
Kaylia a été convoquée par la gendarmerie le 24 mai. L’audition a duré trois heures et demie. Elle admet que l’expérience a été éprouvante : « Ça a remué des choses de fou. »
Mais elle tient à rectifier : « Contrairement à ce que certains racontent, je n’ai pas porté plainte, ni ma mère. Ça, ce sont des mensonges. »
Sa mère, Stéphanie Nemour, ancienne présidente du club, a elle aussi été entendue pendant six heures et demie. Elle a confié à L’Équipe : « Je culpabilise de ne pas avoir protégé mes filles, de ne pas avoir vu et de ne pas avoir protégé les autres enfants alors que j’étais présidente. »
À ce jour, ni Marc ni Gina Chirilcenco n’ont été auditionnés. La procureure de Tours n’a pas souhaité faire de commentaire.
Marc Chirilcenco, lui, affirme par message : « À ma connaissance, nous n'avons pas de désaccord avec Kaylia, elle est partie en bons termes avec nous et nous sommes heureux d'avoir pu lui apporter autant durant ses quatorze années passées à Avoine. »
Vers la fin d’un silence ?
Alors que les auditions se poursuivent, et que d'autres témoignages émergent, le cas Kaylia Nemour pourrait bien marquer un tournant dans la façon d’envisager l'encadrement du sport de haut niveau. Son histoire, bientôt racontée dans un livre à paraître, dépasse le simple cadre de la gymnastique. Elle interroge un système, des pratiques, et une culture du silence.
En brisant le sien, la jeune championne espère ouvrir la voie. « J’ai besoin de me reconstruire. De retrouver du calme et le plaisir. »
/t:r(unknown)/fit-in/300x2000/filters:format(webp)/filters:quality(100)/radios/beurfm/images/logo.png)
/t:r(unknown)/fit-in/400x400/filters:format(webp)/medias/AeWr17FGuu/image/Capture_d_e_cran___2025_12_04_a__21_43_051764881108749-format1by1.png)
/t:r(unknown)/fit-in/400x400/filters:format(webp)/medias/AeWr17FGuu/image/ymtzx1lm0ifqtmy1euwb1641223847767-format1by1.jpg)
/t:r(unknown)/fit-in/400x400/filters:format(webp)/medias/AeWr17FGuu/image/160941764667360653-format1by1.jpg)
/t:r(unknown)/fit-in/400x400/filters:format(webp)/medias/AeWr17FGuu/image/IMG_21641764587461150-format1by1.jpg)
/t:r(unknown)/fit-in/400x400/filters:format(webp)/medias/AeWr17FGuu/image/Xavier_Emmanuelli1764528434050-format1by1.jpg)
/t:r(unknown)/fit-in/400x400/filters:format(webp)/medias/AeWr17FGuu/image/Ka_s_Sa_ed1685974943690-format1by1.jpg)