"Je n’irai pas à Canossa" : Abdelmadjid Tebboune écarte l’idée d’une visite en France !
7 octobre 2024 à 17h11 par La rédaction
Abdelmadjid Tebboune écarte l’idée d’une visite en France et critique les relations franco-algériennes.
Le chef d’Etat algérien, Abdelmadjid Tebboune a annoncé, lors d’un entretien télévisé ce samedi 5 octobre, qu’il n’envisageait pas de se rendre en France dans l’immédiat.
Cette déclaration intervient alors que les relations entre Alger et Paris traversent une nouvelle période de tensions. « Je n’irai pas à Canossa », a-il-affirmé, une expression forte, signifiant qu'il refuse de s'humilier en se rendant en France dans ce contexte délicat entre Paris et Alger.
Une visite en France maintes fois repoussée
Prévue initialement pour fin septembre ou début octobre, la visite officielle du président algérien en France semble désormais compromise. Alors qu’Emmanuel Macron avait exprimé sa volonté de « poursuivre le travail ambitieux engagé avec la Déclaration d'Alger », les récentes déclarations d’Abdelmadjid Tebboune hypothèquent ce rapprochement.
Malgré une tentative de relancer le dialogue, notamment avec la visite de la conseillère Afrique du Nord et Moyen-Orient, Anne-Claire Legendre, à Alger le 11 septembre, le fossé semble se creuser entre les deux pays.
Des sujets de tensions multiples
Après la brouille à cause des visas, un autre point de crispation concerne la question mémorielle. Le président algérien a exprimé son mécontentement face aux déclarations de certains responsables français sur le passé colonial et la révision des accords de 1968, relatifs à l’immigration algérienne. Selon lui, ces prises de position émanent d’une « minorité haineuse » en France, qui cherche à ternir l’image de l'Algérie.
Une commission historique en suspens
Concernant les efforts de réconciliation mémorielle, Abdelmadjid Tebboune a évoqué la commission franco-algérienne des historiens, créée pour travailler sur les questions liées à la colonisation.
Selon lui, bien que cette commission ait joué un rôle important à ses débuts, son travail a été « impacté par les déclarations politiques d'une minorité française hostile à l'Algérie ». Malgré ces obstacles, un membre algérien de ce groupe a récemment annoncé la récupération des autorités algériennes de plus de deux millions de documents d’archives coloniales.
Les accords de 1968 au centre du débat
Les accords de 1968, qui régissent les conditions d’immigration des Algériens en France, ont également été au cœur des discussions. Abdelmadjid Tebboune a qualifié ces accords de « coquille vide », rappelant que leur contenu avait été « vidé » à travers plusieurs révisions successives depuis leur signature.
Le président algérien dénonce le fait que ces accords sont utilisés comme « étendard » par certains groupes en France pour stigmatiser la communauté algérienne. Il a également critiqué les récentes déclarations du ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, qui avait évoqué la possibilité de réviser ces accords.
La question des essais nucléaires toujours en suspens
Parmi les dossiers non résolus, Abdelmadjid Tebboune a souligné l'importance du sujet des essais nucléaires français en Algérie. Ce dossier, qui devait être discuté dans le cadre des préparatifs de sa visite en France, n’a pas avancé comme prévu.
Le président algérien a regretté que « la minorité extrémiste l'ait remporté » sur ce sujet, empêchant ainsi une discussion constructive. Il a appelé la France à « nettoyer les sites des essais nucléaires » plutôt que de focaliser le débat sur les accords de 1968.