Immigration tunisienne en France : une diaspora en pleine croissance, entre dynamisme et défis !
En forte progression depuis deux décennies, la communauté tunisienne s’impose comme l’une des diasporas maghrébines les plus dynamiques de France. Derrière cette évolution démographique, se cachent toutefois des défis majeurs liés à l’intégration, à la coopération bilatérale et à l’avenir de l’accord migratoire franco-tunisien.
Publié : 24 août 2025 à 15h29 par La Rédaction
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Les liens migratoires entre la France et la Tunisie trouvent leurs racines dans l’histoire coloniale. Le protectorat instauré en 1881 a favorisé les premiers flux, même limités. Mais c’est après l’indépendance de 1956 et dans le contexte des Trente Glorieuses que l’immigration tunisienne s’intensifie. Les accords bilatéraux de main-d’œuvre signés dans les années 1960 ouvrent la voie à des milliers de travailleurs.
En 1973, plus de 160 000 Tunisiens vivent déjà en France, essentiellement dans trois régions : l’Île-de-France, Rhône-Alpes et Provence-Alpes-Côte d’Azur. Puis, la suspension officielle de l’immigration de travail en 1974 oriente ces flux vers le regroupement familial, marquant un tournant décisif.
Une communauté en expansion
En 2023, l’INSEE recensait 347 000 immigrés tunisiens en France, soit une hausse de 52% depuis 2006, la progression la plus rapide des pays du Maghreb. Sur trois générations, la diaspora atteint près de 900 000 personnes.
La Tunisie se distingue également par le nombre de titres de séjour délivrés : 22 456 en 2024, soit près du double par rapport à 2012. Rapporté à la population du pays, il s’agit du plus haut ratio du Maghreb, avec 182 primo-titres pour 100 000 habitants.
Cette dynamique s’explique aussi par une forte natalité en France : 57% des femmes tunisiennes primo-arrivantes ont un enfant dans les quatre années suivant leur installation. Un chiffre qui contraste avec l’indice de fécondité tunisien, tombé à 1,8 enfant par femme.
Les limites de l’intégration
Malgré ce dynamisme, l’intégration reste difficile. Selon Observatoire de l'Immigration et de la Démographie, en 2022, 35% des Tunisiens de plus de 15 ans vivant en France n’étaient ni en emploi, ni en études, ni à la retraite – soit trois fois plus que la moyenne nationale. Le chômage touchait 14,7% des Tunisiens et Marocains en 2023, contre 6,5% pour les personnes sans ascendance migratoire.
Le niveau de qualification reste également préoccupant : 39,5% des immigrés tunisiens et marocains n’avaient aucun diplôme en 2023. Dans le logement, la situation n’est guère meilleure : 44% des ménages vivaient en HLM, contre 11% pour la population générale.
Le système pénal reflète aussi ces difficultés : en vingt ans, le nombre de Tunisiens incarcérés a plus que doublé, passant de 659 en 2004 à 1 442 en 2024.
Des accords bilatéraux fragiles
La Tunisie bénéficie d’un cadre dérogatoire depuis l’accord de 1988, complété en 2008 par un accord-cadre dit de « gestion concertée et de co-développement ». Celui-ci prévoyait une facilitation des visas pour les étudiants, les professionnels et les familles, mais aussi une coopération accrue sur les retours en cas de séjour irrégulier.
Or, la réalité montre un déséquilibre. En 2024, plus de 13 000 Tunisiens ont été interpellés en situation irrégulière en France, mais seuls 1 295 éloignements effectifs ont eu lieu, faute de délivrance de laissez-passer consulaires par Tunis. Cette faible coopération fragilise l’accord et alimente la tension entre Paris et Tunis.
Entre opportunités et crispations diplomatiques
Si l’immigration tunisienne en France est souvent perçue comme plus « choisie » que celle de ses voisins, elle reste marquée par de profondes difficultés d’intégration. L’accord de 2008, pensé comme un modèle, peine à atteindre ses objectifs.
« La singularité de l’immigration tunisienne en France ne saurait occulter les défis croissants qu’elle pose en matière d’intégration, de cohésion nationale et de souveraineté », souligne un rapport sénatorial publié début 2025.
Au-delà des statistiques, la diaspora tunisienne incarne un enjeu politique, économique et social majeur, à l’heure où la France s’interroge sur l’avenir de ses accords migratoires avec le Maghreb.
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