Il y a 61 ans… le massacre du 17 octobre 1961 à Paris !

17 octobre 2022 à 14h48 par La rédaction

Le 17 octobre 1961, une manifestation pacifique d’algériens à Paris en faveur de l’indépendance de l’Algérie, finit dans un bain de sang.

17 octobre 1961

En pleine guerre d’Algérie, les partisans de l’indépendance multiplient les attaques contre les forces de l’ordre en France métropolitaine, notamment à Paris. Dans un contexte politique et social très tendu, des dizaines de milliers d’algériens résidant en France s’organisent au sein du Front de Libération Nationale (FLN) pour manifester pacifiquement en faveur de l’indépendance.

Dans la nuit du 17 octobre 1961, les manifestants recouvrent les principales rues de Paris, ce qui provoque des affrontements avec la police, avec de nombreuses victimes.

Il n’y a pas un nombre officiel de victimes établies. Le préfet de Paris, Maurice Papon, reconnaît seulement trois victimes et accusait les manifestants algériens d’avoir été violents envers les forces de l’ordre et donc d’être responsables de la répression.

Ce n’est qu’à partir des années 1980 que les historiens se penchent de nouveau sur les événements pour arriver aux nouveaux bilans relatifs au nombre de victimes. Selon les rapports officiels, celui-ci serait de 38 à 48 alors que selon d’autres estimations, il peut se situer plutôt entre 100 et 200, sans compter des centaines de personnes disparues ou blessées. 

Une construction de la mémoire historique

La violence policière et la répression d’une manifestation pacifique de la part de l’État ont été longtemps niées par le pouvoir politique en place. 

L’historien Gilles Manceron a affirmé : « Il me semble tout d’abord qu’il y a une volonté de faire silence de la part des autorités françaises. En premier lieu, les autorités impliquées dans l’organisation de cette répression : le préfet de police de la Seine, Maurice Papon, le premier ministre, Michel Débré, ainsi que Roger Frey, Ministre de l’intérieur. Mais également le général de Gaulle, qui de toute évidence a pourtant été très irrité par cet épisode. Il a néanmoins voulu tirer le rideau sur cette affaire et fait en sorte que les Français passent à autre chose. »

Cependant, les choses ont changé à partir des années 1980 avec l’arrivée au pouvoir des socialistes et un nouvel intérêt pour l’introspection sur le caractère répressif du régime gaulliste.

De plus, les faits du 17 octobre 1961 sont remontés à la lumière du jour en 1997 avec le jugement de Maurice Papon pour sa collaboration avec le régime vichyste du Maréchal Pétain. Après sa condamnation pour la collaboration avec les nazis, la crédibilité et le bien-fondé de ses actions en tant que préfet de Paris ont également été mises en question. 

C’est ainsi que la mémoire historique a été reconstruite, pour reconnaître le caractère pacifique des manifestations algériennes et l’oppression violente et injustifiée de la part de l’appareil étatique.

Cependant, ce n’est que pendant le quinquennat du président socialiste François Hollande que l’État français a officiellement reconnu sa part de responsabilité, en réhabilitant ainsi la mémoire des centaines de manifestants pacifiques de la nuit du 17 octobre 1961.

L’ancien président de la République, François Hollande a déclaré lors du 51e anniversaire de l’événement : « Le 17 octobre 1961, des Algériens qui manifestaient  pour le droit à l’indépendance ont été tués lors d’une sanglante répression. La république reconnaît avec lucidité ces faits. Cinquante et un an après cette tragédie, je rends hommage à la mémoire des victimes ».