Il y a 60 ans, Mouloud Feraoun était assassiné par l’OAS !
14 mars 2022 à 19h40 par Fodil
C’était un 15 mars... l'écrivain algérien et enseignant, Mouloud Feraoun, a été assassiné par l'Organisation de l'Armée Secrète (OAS) à Alger en 1962.
Il y a soixante, le 15 mars 1962, trois jours avant la signature des accords d'Evian, les commandos de l'Organisation Armée Secrète, un groupuscule d’ultras opposé à l'indépendance de l’Algérie, ont lâchement exécuté Mouloud Feraoun et cinq autres inspecteurs des Centres Socio-Educatifs (CCE).
Parmi les victimes, il y a Ali Hammoutene, Max Marchand, Robert Eymard, Salah Ould-Aoudia et Marcel Basset. Mouloud Feraoun, qui a quitté Tizi-Hibel, quelques années avant pour s'installer à Alger, se sentait déjà menacé par l'armée coloniale.
Qui était Mouloud Feraoun ?
Né le 8 mars 1913 à Tizi Hibel en Kabylie, Mouloud Feraoun n'a été scolarisé qu'à l'âge de 7 ans. Surdoué, il a reçu une bourse au bout de 8 ans pour poursuivre ses études au sein de l’Ecole Primaire Supérieure de Tizi Ouzou.
Il y reste 4 ans puis, en 1932, il réussit à obtenir une place à l’École Normale de Bouzaréah. Sur 318 candidats, il fait partie des 20 places réservées aux indigènes, alors que les européens comptent 54 des 64 candidats. Il y rencontre Emmanuel Robles avec qui il se lie d'amitié.
Après ses 3 années passées à Bouzaréah, il revient à son village pour enseigner et aider sa famille. Ses qualités lui ont rapidement permis de gravir les échelons pour être nommé, pour la première fois, directeur du programme d'études à l'école primaire du Fort National (Haute Kabylie) en 1932.
Mais lors de la guerre d'Algérie en 1957, il quitte sa Kabylie pour Alger où il est nommé directeur de l'école Nador de Clos Salembier avant de devenir, 3 ans plus tard, inspecteur du centre social nouvellement créé à Ben Aknon en même temps que plusieurs de ses amis.
Un écrivain de renommée mondiale
Auteur de plusieurs ouvrages tels que « Le fils du pauvre », « La terre et le sang » (1953), « Jours de Kabylie », il travaillait pour subvenir aux besoins de sa famille pendant la journée et écrivait la nuit.
Mouloud Feraoun ne s'est pas contenté de poursuivre une carrière d'enseignant, il voulait raconter au monde la vie dans la région coloniale de Kabylie. Il a été impliqué dans l'enseignement, puis l'écriture, et enfin les problèmes sociaux.
Mouloud Feraoun fut sans doute le premier à porter la littérature maghrébine sur la scène internationale. Il est le plus ancien de tous les écrivains francophones d'Afrique du Nord et aura laissé de nombreux ouvrages : littérature, autobiographie, pédagogie, journaux intimes, articles et nouvelles.