Hamid Khellafi, l’art comme revanche sur le racisme !
À 42 ans, ce galeriste installé à Saint-Germain-des-Prés bouscule le paysage parisien. Sa saison 2025 est intégralement consacrée aux artistes d’origine algérienne. Un choix nourri par un parcours semé d’obstacles et par une conviction forgée dès l’enfance : il fallait rendre visible une scène trop ignorée.
Publié : 12 août 2025 à 14h15 par La Rédaction
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Il s’est confié dans les colonnes de nos confrères Le Monde, livrant un récit où l’art devient aussi un acte de résistance. Depuis mai 2024, la galerie qu’il a ouverte rue Mazarine ne passe pas inaperçue. Hamid Khellafi, son fondateur, a choisi un programme audacieux : pour l’année 2025, vingt artistes algériens occuperont ses cimaises.
« Le projet, explique Khellafi, est né d’une frustration : constater qu’il existe une scène artistique algérienne extrêmement active et qu’elle n’est pas montrée ou, du moins, que seul un petit nombre d’artistes le sont. »
Le déclic remonte à l’été 2023. Ce natif de Paris, d’origine kabyle, se rend à Alger pour la première fois. Jusque-là, ses séjours se limitaient à la Kabylie. Cette fois, il visite plusieurs ateliers d’artistes. Le soir, autour d’un verre, le cercle s’élargit : de trois au départ, ils sont neuf à discuter. « Ils se connaissent tous, ils ont la même énergie. Je suis sidéré. Il y a des jeunes femmes avec des tatouages, des gars avec des looks pas possibles : une jeunesse algéroise que je ne connaissais pas. Je me suis dit qu’il fallait que je fasse quelque chose : c’était comme une évidence. »
L’art comme refuge et tremplin
Né en 1982 dans le 19ᵉ arrondissement de Paris, Hamid Khellafi grandit entre Belleville et Noisy-le-Sec. Son père, arrivé de Kabylie en 1942, tient plusieurs cafés. L’enfant se réfugie dans le dessin.
À 19 ans, sa maîtrise des langues lui ouvre un poste dans le commerce de luxe. Il rêve d’être « correspondant de guerre », mais la formation le déçoit. Un CV mentionnant son intérêt pour l’art attire l’attention d’une agence de recrutement : il décroche un « tout petit poste » chez Christie’s.
En 2006, il rejoint la galerie japonaise Taménaga. Lors de l’entretien, on lui demande de déplacer un Cézanne avec précaution et de reconnaître les œuvres accrochées. « Chagall, Van Dongen, Vlaminck, je les connaissais tous, mais là, ils étaient devant moi, vraiment. C’était incroyable. Je me dis alors que je veux absolument faire ce métier. »
Affronter le racisme dans le milieu de l’art
Mais la suite n’est pas simple. « S’appeler Hamid Khellafi et travailler dans l’art… Le racisme, je le connais depuis que je suis enfant, bien sûr. Mais là… Quand on vous demande quatre fois votre pièce d’identité avant de vous laisser entrer dans une salle des ventes, vous comprenez bien comment on vous regarde. Qu’est-ce qu’il n’a pas fallu pour qu’on reconnaisse mon travail ! Il y a eu beaucoup de colère en moi, souvent. »
Des humiliations qu’il préfère taire, mais aussi des rencontres décisives, comme celle du commissaire-priseur François Tajan, président d’Artcurial, qui « m’a accueilli chaleureusement, m’a fait confiance, m’a reçu chaque fois que je le lui demandais et m’a introduit auprès de grands collectionneurs ».
De la gestion de collections à la galerie
Pour ces collectionneurs, il crée un système de base de données innovant. Il travaille sans relâche, jusqu’à inquiéter sa mère, et poursuit ses études : master en histoire de l’art à l’École du Louvre, puis droit à Assas.
En 2020, il repère que la galerie de la rue Mazarine, fermée après le Covid, est à louer. Il se lance. D’abord des pièces de design, puis des photographes comme Yang Wang et Yann Weber, avant de trancher : 2025 sera une « saison algérienne ».
Une explosion de créativité post-Covid
Il avance une explication au foisonnement d’artistes. Après la guerre civile, certains « ne signaient pas les œuvres afin de ne pas risquer d’être identifiés ». Puis le Covid enferme les créateurs dans leurs ateliers : « Ils n’avaient qu’une chose à faire : travailler. Quand le confinement a pris fin, il y a eu des œuvres partout, sur Instagram, une explosion de couleurs. »
Il expose ainsi Adlane Samet, Mehdi Djelil, Chemsedine Herriche, mais aussi des figures déjà reconnues comme Katia Kameli ou Dalila Dalléas Bouzar.
Ni folklore ni exotisme
La galerie se veut sobre, style white cube. « Je ne veux pas de folklore, pas d’exotisme. C’est une galerie française qui fait une série sur des artistes algériens. C’est aussi simple que ça. »
Et demain ? « Je ne refuserai jamais d’autres artistes, il n’est pas question de me spécialiser. Je veux rester complètement indépendant et continuer à avancer avec les artistes qui auront bien voulu me faire confiance. J’espère que ça marchera. Et, de toute façon, j’aurai essayé. »
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