Haine et flammes s’attaquent à la maison Danièle Djamila Amrane-Minne à Bobigny !

Dans la nuit du 4 au 5 août, la maison départementale du parc de la Bergère à Bobigny, récemment baptisée au nom de Danièle Djamila Amrane-Minne, ancienne combattante de la guerre d’Algérie, a été partiellement incendiée. Ce nouvel acte s’inscrit dans une série de dégradations à caractère raciste et politique, qui traduit une montée inquiétante des tensions idéologiques dans la région.

Publié : 6 août 2025 à 12h17 par La rédaction

La maison départementale du parc de la Bergère à Bobigny
Crédit : D.R

La maison du parc départemental de la Bergère, à Bobigny, qui porte depuis le 5 juillet le nom de Danièle Djamila Amrane-Minne, a été la cible d’un incendie partiel durant la nuit du 4 au 5 août. Le feu, parti des lames en bois de la terrasse, a ravagé une partie du bâtiment en verre, provoquant l’explosion d’une baie vitrée. Ce sinistre s’est déclaré précisément sous le nom de la militante apposé sur la devanture, déjà recouvert de tags haineux à la peinture noire. Les pompiers sont rapidement intervenus, limitant les dégâts, mais les images témoignent d’une attaque clairement volontaire. Une plainte a été déposée auprès du procureur de la République par le conseil départemental.

Un hommage controversé à une figure de la guerre d’Algérie

La maison départementale a été renommée en l’honneur de Danièle Djamila Amrane-Minne, écrivaine, professeure d’université et ancienne membre du Front de libération nationale (FLN), en signe de reconnaissance pour son combat pendant la guerre d’Algérie. Cette initiative, portée par le président du conseil départemental de Seine-Saint-Denis, Stéphane Troussel, vise à souligner « les liens inextricables, les liens intimes, familiaux, entre le peuple algérien et le peuple français ».

Pour beaucoup, Danièle Djamila Amrane-Minne incarne ce pont entre deux histoires et cultures. Mais cet hommage n’a pas manqué de susciter la colère de l’extrême droite.

Une escalade inquiétante de violences racistes

Avant l’incendie, la maison avait déjà subi deux vagues de dégradations. Le 19 juillet, des croix celtiques – symbole utilisé par des groupes néofascistes – ainsi que des slogans injurieux tels que « assassins », « traîtres » ou encore « terroristes » avaient été tagués sur la façade. Une autre inscription appelait à « dehors les Algériens », rappelant le climat d’hostilité croissant. Une nouvelle série de tags a été constatée la semaine suivante, rapidement effacée par les services départementaux.

Ces actes, dénoncés comme une « démarche idéologique claire » par Stéphane Troussel, s’inscrivent selon lui dans une continuité héritée des actions de l’OAS, groupe terroriste d’extrême droite actif pendant la guerre d’Algérie. Le président du conseil départemental a condamné fermement ces agressions : « Après les messages haineux, ils passent à l’acte. Ces gens agissent masqués, dans la lâcheté. »

Appel au respect de la mémoire et à la sérénité

Stéphane Troussel rappelle que Danièle Djamila Amrane-Minne a été amnistiée par l’État français et a poursuivi une carrière remarquable dans l’enseignement supérieur et la poésie. Pour lui, cette attaque est aussi révélatrice de la peur de l’extrême droite face à une histoire qu’elle refuse d’assumer : « Cela prouve combien il est urgent d’aborder avec sérénité la mémoire de la guerre d’Algérie et, plus largement, de la décolonisation. »

Face à ces actes d’intimidation, la Seine-Saint-Denis affiche sa détermination à ne pas céder : « La Seine-Saint-Denis ne cédera pas face à ces intimidations », conclut le président du conseil départemental.